(Québec) Un syndicat d’enseignants met sa menace à exécution : il dépose un recours à la Cour supérieure pour obtenir du gouvernement plusieurs documents ainsi que la mise en place d’un mécanisme de dépistage accéléré de la COVID-19.

À l’approche d’une possible deuxième vague de coronavirus, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) dit s’inquiéter pour la santé de ses membres.

Elle a retenu les services de la docteure Nimâ Machouf, chercheure et épidémiologiste, qui remet en cause certaines des mesures mises en place par le gouvernement dans le cadre de la rentrée scolaire.

Dans un communiqué publié lundi, le syndicat cite la Dre Machouf qui s’étonne qu’aucune distanciation ne soit appliquée entre les élèves d’une même « bulle-classe » et que le port du masque ne soit pas obligatoire.

La pratique de sports est aussi pointée du doigt, car elle favoriserait la contamination et augmenterait les risques de transmission du virus.

Une ventilation adéquate des locaux serait nécessaire ; or, selon les données du ministère de l’Éducation, à peine 46 % des bâtiments scolaires sont dans un état jugé satisfaisant, affirme la FAE.

« La FAE doit pouvoir prendre connaissance de tous les documents qui ont permis au gouvernement d’établir le plan de la rentrée », a déclaré le président de la FAE, Sylvain Mallette.

« L’expertise de la Dre Machouf soulève des questions importantes. […] Il est hors de question que nous nous en remettions aveuglément au gouvernement. »

Par ailleurs, le syndicat déplore que le ministre de la Santé, Christian Dubé, n’ait pas répondu à sa mise en demeure l’enjoignant à fournir le plan de dépistage accéléré promis le 10 août dernier.

Les délais pour obtenir le résultat d’un test de dépistage occasionnent « beaucoup de stress auprès de nos membres », clame la FAE.

« Actuellement, le gouvernement donne l’impression qu’il improvise, alors que le virus ne donne pas de deuxième chance. »

La FAE exige aussi depuis des semaines que le gouvernement fournisse les données complètes indiquant, par catégorie de personnes touchées, le nombre de cas de COVID-19 dans les établissements scolaires.

Des cas d’infection ont été déclarés dans au moins 246 écoles en moins de trois semaines, selon le syndicat.

La semaine dernière, le gouvernement Legault a décidé de retirer d’internet sa liste d’écoles comptant des cas de COVID-19, estimant qu’elle n’était pas assez fiable.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a plaidé que les parents n’allaient pas en souffrir, puisqu’ils sont systématiquement avertis lorsque l’école de leur enfant recense un cas de COVID-19.

Le cabinet du ministre Dubé réagit

Appelé à commenter lundi, le cabinet du ministre Dubé a indiqué ne pas vouloir se prononcer sur les démarches judiciaires de la FAE.

« Il est toutefois important de souligner que notre gouvernement fait du dépistage dans les écoles l’une de ses grandes priorités », a déclaré par courriel l’attachée de presse Marjaurie Côté-Boileau.

Elle a fait valoir que chaque école était déjà attitrée à un centre de dépistage, et que le plan de la rentrée scolaire avait été élaboré par le gouvernement en fonction des recommandations de la santé publique.

« Nous ne ménageons aucun effort pour assurer la santé et la sécurité des élèves et des enseignants durant cette rentrée scolaire et pour la suite », a-t-elle insisté.

Le cabinet de M. Dubé indique également que ses équipes travaillent « sans relâche » afin de mettre à jour la liste des établissements scolaires où il y a des cas de COVID-19 recensés.

La FAE regroupe neuf syndicats qui représentent près de 49 000 enseignants au Québec.