Des élus et des résidants des Îles-de-la-Madeleine réclament que leur territoire soit inclus dans la « bulle atlantique ». Pour l’heure, ils ne sont toujours pas autorisés à circuler – sans être obligés de s’isoler ensuite – dans les autres provinces atlantiques, ce qui porterait « préjudice » à la communauté de diverses manières.

« Les gens ici ressentent une certaine injustice, explique le député péquiste de la région, Joël Arseneau. Certains ont de la parenté qu’ils ne peuvent pas voir, ou des activités commerciales qu’ils ne peuvent pas réaliser. Après des mois, ça commence à être lourd pour plusieurs d’entre eux. »

Formée en juillet, la « bulle atlantique » permet aux résidants de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve-et-Labrador et du Nouveau-Brunswick de voyager d’une province à l’autre sans s’isoler. Si les Madelinots peuvent aussi s’y rendre, ils ne peuvent y séjourner, les conditions de quarantaine causant des délais importants avant de pouvoir briser l’isolement.

« C’est illogique quand on sait que notre espace socioéconomique, aux Îles, ce sont les Maritimes. Les liens entre nous et les autres provinces sont forts. C’est ce confinement-là qu’on veut casser », dit M. Arseneau. Pour lui, le gouvernement Legault pourrait « rapidement arriver à une entente » avec ses partenaires provinciaux. Une pétition a été déposée à l’Assemblée nationale par l’élu, vendredi.

On ne veut pas changer les règles de la bulle, on veut en faire partie, car on ne représente aucun risque. Il n’y a eu aucun cas depuis avril, et les huit déjà déclarés venaient de l’extérieur.

Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

Le maire réclame un retour à la normale

Joint par La Presse, le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, abonde dans le même sens. À l’instar de M. Arseneau, l’élu municipal a d’ailleurs écrit au premier ministre François Legault. « Il est plus que temps que la situation revienne à la normale. Nous vivons au Québec et devons avoir droit à la libre circulation des biens et des personnes », insiste-t-il.

Amanda Goodwin, une résidante des Îles-de-la-Madeleine, demande aussi que les règles soient assouplies, afin de retrouver ses proches. « Les travailleurs permanents à temps plein, y compris moi-même, ne peuvent pas prendre autant de temps […]. J’ai tellement envie de rendre visite à ma famille à l’Île-du-Prince-Édouard, en particulier pour voir mon nouveau petit-fils de seulement 3 mois », écrit-elle dans un témoignage.

Mme Goodwin ajoute qu’elle espère avoir « une chance avant la prochaine vague et peut-être un autre confinement ». « Même si nous appartenons à la province de Québec, nous sommes dans le Golfe et pour plusieurs, nous avons l’impression de faire partie des provinces de l’Atlantique », relate Mme Goodwin.

Québec suivra « l’évolution du dossier »

Appelé à réagir, le cabinet du premier ministre du Québec affirme que le gouvernement est « en lien constant avec les provinces de l’Atlantique pour suivre l’évolution du dossier » au quotidien.

Nous avons fait de nombreuses [démarches], à différents niveaux. Maintenant, nous faisons tous face à une situation exceptionnelle. Chaque province, chaque gouvernement, réagit différemment, selon les données qu’elle ou il détient.

Ewan Sauves, attaché de presse de François Legault

Celui-ci réitère toutefois que le corridor « n’est pas bloqué ». « Au contraire, l’entente que nous avons réussi à obtenir avec le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard permet le passage des voyageurs québécois sur leur sol », rappelle-t-il.