Quand la première vague de COVID-19 a frappé le Québec au printemps, seuls 10 des 25 postes en prévention et contrôle des infections étaient pourvus au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, révèle un bilan syndical qui sera rendu public jeudi matin. Et aujourd’hui, à peine deux postes de plus ont trouvé preneur.

Dans son Livre noir sur la COVID-19, le Syndicat des professionnelles en soins de santé (FIQ-SPSS) du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal revient sur la crise du printemps et émet des recommandations en prévision d’une deuxième vague de contaminations.

« Plusieurs bonnes choses sont faites actuellement. Le CIUSSS installe, par exemple, des chambres [pour une personne] dans les CHSLD. Ils sont à l’écoute. Mais on a voulu revenir sur la crise pour éviter de répéter certaines erreurs », explique la présidente par intérim du syndicat, Françoise Ramel.

Le document syndical révèle que le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, l’un des plus gros organismes de santé au Québec avec, entre autres, 17 CHSLD et 2 hôpitaux, présentait un ratio de 1 professionnel en contrôle et prévention des infections pour 911 lits de CHSLD en avril 2020. Dans un rapport publié en 2003, l’Institut national de santé publique du Québec recommandait pourtant que ce ratio soit de 1 pour 250 lits.

Les postes en prévention et contrôle des infections sont principalement occupés par des infirmières cliniciennes ayant reçu une formation avancée dans le domaine. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal dit s’être « mobilisé pendant la crise à intensifier le recrutement de personnel, [y compris] le secteur spécifique de la PCI (prévention et contrôle des infections) ». « Nous voulons dire que ces efforts se maintiennent, en prévision d’une 2e vague », a écrit le porte-parole, Danny Raymond.

Ce dernier ajoute que le plan d’action global de Québec en vue de la deuxième vague « prévoit des actions précises en matière de prévention et de contrôle des infections », dont la « création ou le rehaussement d’équipes » et l’« instauration de champions en prévention et contrôle des infections ».

Mme Ramel reconnaît que des « escouades de prévention et contrôle des infections » interviennent maintenant dans différents milieux, dont des CHSLD, pour notamment former le personnel sur les mesures de protection. Plus de 150 personnes, employés, cadres et volontaires, y participent.

Mais pour le syndicat, en plus de ces escouades, « les postes vacants doivent être [pourvus] sans tarder et un [soutien] additionnel doit être offert aux professionnels en soins en PCI ».

Mettre fin aux mouvements de personnel

Dans son rapport, le syndicat rapporte qu’avant la pandémie, « à l’instar de nombreux établissements de soins au Québec, la gestion de la main-d’œuvre du CIUSSS dépendait de la grande flexibilité et la mobilité de la main-d’œuvre ».

La fusion des établissements de santé en 2015 qui a regroupé dans de grands CISSS et CIUSSS les hôpitaux, les CHSLD et les services sociaux de mêmes territoires a accéléré les mouvements de personnels, selon le syndicat.

Mme Ramel explique qu’auparavant, une infirmière pouvait obtenir un poste pour travailler sur un ou deux étages d’un même CHSLD. Mais aujourd’hui, la même infirmière doit travailler sur un grand nombre d’étages, voire dans différents CHSLD.

On dénonce cette mobilité depuis des années […] Pour les résidants, ça implique de se faire faire sa toilette par quelqu’un de différent chaque jour. C’est inhumain.

Françoise Ramel, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de santé (FIQ-SPSS)

La présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de santé (FIQ-SPSS) milite désormais pour qu’une « politique du lieu de travail unique » soit adoptée.

Quand la COVID-19 a frappé, le CIUSSS Centre-Sud est devenu « un centre de référence aussi bien pour le dépistage que pour le traitement des personnes atteintes par la COVID-19 dans un contexte où le déplacement du personnel était la solution unique pour l’employeur et où les deux tiers des postes en prévention et contrôle des infections étaient vacants », selon Mme Ramel, qui croit que « tout était là pour que le CIUSSS perde le contrôle ».

Au CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, on note que plusieurs des conclusions du rapport syndical étaient déjà connues. « Devant cette crise sans précédent dans l’histoire », l’organisme dit vouloir « resserrer encore plus [ses] liens avec les instances syndicales, en convenant de continuer à travailler ensemble, étroitement et en toute transparence ».

142 nouveaux cas, mais une possible contamination d’échantillons

Par ailleurs, en plus d’un nouveau décès, Québec a rapporté mercredi 142 nouveaux cas confirmés de COVID-19, ce qui est nettement plus que la moyenne de 80 cas par jour observée depuis une semaine. Québec prévient que ce bilan pourrait être revu à la baisse à la suite d’une révision de certains tests.

« Les résultats positifs de 40 cas supplémentaires de la région de Montréal sont en réévaluation en raison d’une contamination des échantillons dans un laboratoire », rapporte le ministère de la Santé et des Services sociaux dans une mise à jour du bilan de la COVID-19.

Rappelons que le ministre Christian Dubé avait dit mardi ne pas vouloir voir le nombre de cas confirmés franchir la barre des 20 cas par million d’habitants, soit 170 cas par jour.

Depuis le début de la pandémie, le bilan s’élève donc maintenant à 61 945 cas pour la province.

Aucun décès n’est survenu dans les 24 dernières heures, mais on en ajoute un au bilan, qui s’est produit entre le 19 et le 24 août, pour un total de 5747 décès.

— Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse