Il n’y a pas d’éclosion de COVID-19 dans les prisons fédérales à l’heure actuelle, mais le personnel et les visiteurs doivent se préparer à vivre « une nouvelle normalité » qui pourrait persister pendant plusieurs années.

En mars, le Service correctionnel du Canada a mis en œuvre plusieurs mesures pour tenter de combattre ce fléau qui a aussi frappé les pénitenciers. On a fourni au personnel des équipements de protection individuelle comme des gants, des masques, des blouses et des écrans faciaux.

Les prisons ont également interdit les visites du public.

Malgré ces précautions, le nouveau coronavirus s’est propagé derrière les barreaux.

« Sur nos 43 établissements, nous avons eu cinq éclosions depuis le début de la pandémie, qui sont maintenant toutes terminées, dit une porte-parole de Service correctionnel Canada Marie Pier Lécuyer. Cependant, nous continuons à surveiller la situation et à appliquer avec diligence nos mesures de sécurité et nos protocoles sanitaires. »

Au total, 360 détenus au Canada ont été déclarés positifs à la COVID-19, et deux d’entre eux sont décédés. Le Centre fédéral de formation à sécurité multiple de Laval a été l’endroit le plus durement touché. On y a recensé 161 cas et déploré un décès. Un détenu demeure hospitalisé.

À l’Établissement Medium de sécurité moyenne, en Colombie-Britannique, 120 détenus ont été déclarés positifs. L’un d’entre eux est également décédé.

Vendredi, le site internet du Service correctionnel du Canada ne répertoriait aucun cas actif parmi les détenus, mais les résultats de cinq tests étaient en attente.

Selon Mme Lécuyer, 139 des 142 employés atteints par le virus étaient rétablis à la date du 5 août.

Environ un tiers des détenus au Canada sont logés dans des établissements fédéraux et le reste dans des prisons provinciales.

Un dirigeant du Syndicat des agents correctionnels du Canada a déclaré que les choses revenaient lentement à la normale dans les prisons, mais ce sera un long processus.

« Les agents portent des masques chaque fois qu’ils ne peuvent pas s’éloigner. Les détenus reçoivent des masques à porter chaque fois qu’ils ne peuvent pas se distancer. Nous devons encore commencer à ouvrir les portes d’une certaine manière, n’est-ce pas ? On ne peut pas laisser tout fermé pour toujours », a dit le président régional des Prairies James Bloomfield à La Presse Canadienne.

Le Service correctionnel du Canada a commencé il y a un mois à autoriser graduellement les visites aux détenus dans tout le pays. Ce processus s’accompagne de mesures sanitaires strictes.

Avant d’être admis dans un établissement, les visiteurs doivent être contrôlés et faire vérifier leur température. Ils doivent également se laver les mains avant d’entrer, porter un masque et pratiquer la distanciation physique. Les espaces visiteurs sont nettoyés et désinfectés avant et après chaque visite.

« C’est vraiment notre nouvelle normalité, souligne M. Bloomfield. Ça va être restreint et très différent. Auparavant, nous n’avions jamais demandé à quiconque s’il habitait à l’extérieur de la province lorsqu’il venait visiter un détenu. Nous n’avons jamais pris la température de personne à la porte. »

Si l’arrêt des visites était une mesure nécessaire, mais cette décision a été impopulaire auprès de la population carcérale, reconnaît M. Bloomfield.

Les visites sont importantes, car elles permettent aux détenus de maintenir des contacts communautaires et familiaux, dit-il.

« Devoir restreindre des choses comme ça n’est pas du tout pris à la légère, avance M. Bloomfield. Ce n’est pas sans rappeler les personnes âgées dans les maisons pour personnes âgées. Elles sont enfermées à l’écart des gens et personne ne peut les visiter. »