Près d’un Québécois sur quatre croit que la COVID-19 a été créée en laboratoire, révèle une série de coups de sonde de l’Institut national de la santé publique.

Dès le début de la pandémie, les autorités sanitaires ont tenu à l’œil les croyances et perceptions des citoyens, car celles-ci affectent directement le respect des consignes. Et les résultats dévoilés lundi n’ont rien de rassurant.

Pas moins de 23 % de la population adhérerait à la théorie du complot selon laquelle le nouveau coronavirus a vu le jour dans un laboratoire. Sans compter que la même proportion de répondants ne s’étaient pas encore fait une tête lorsqu’ils ont été questionnés à ce sujet en juin.

Fait à noter : l’emprise du conspirationnisme semble encore plus forte parmi les travailleurs de la santé. Jusqu’à 28 % d’entre eux souscrivaient à cette théorie du complot. Un autre 13 % croyaient en un lien entre le virus et la technologie 5G, comparativement à un taux de 6 % au sein de la population générale.

Plusieurs tours de télécommunications ont été la cible d’incendies criminels dans les dernières semaines pour cette raison. Comme son nom l’indique, la 5G est la norme de cinquième génération que les entreprises de téléphonie cellulaire déploient progressivement à travers le monde. Certaines des tours endommagées n’étaient même pas équipées de cette technologie.

Les Québécois durement frappés par la pandémie se laisseraient plus facilement séduire par de telles croyances erronées, soit ceux qui étaient déjà défavorisés et ceux dont les revenus ont dégringolé, qui ont perdu leur emploi ou qui se sont retrouvés en arrêt de travail depuis l’avènement de la crise de la COVID-19.

Les sondages ont été menés en ligne auprès de 1000 Québécois adultes, avec des questions qui évoluaient selon le contexte, du 21 mars au 31 mai dernier. L’échantillon est brièvement passé à 2000 répondants au cours du mois de juin. Selon les normes généralement reconnues de l’industrie du sondage, les sondages en ligne ne peuvent se voir attribuer une marge d’erreur, car ils ne s’appuient pas sur un échantillon probabiliste de la population.

Le masque de plus en plus adopté

Même si le tiers des personnes sondées étaient d’avis que les médias font de l’enflure et que le gouvernement leur cache des informations importantes en lien avec la crise sanitaire, elles se sont montrées de plus en plus nombreuses à porter le masque.

Seulement 6 % des gens disaient se couvrir le visage lorsqu’ils quittaient leur domicile vers la fin mars, quand le port du masque n’était pas encore recommandé par les responsables de la santé publique. Deux mois plus tard, 68 % des Québécois disaient porter un masque ou un couvre-visage dans les lieux publics où la distanciation physique n’était pas possible.

Parmi ceux qui ne le faisaient toujours pas, 26 % ont dit ne pas avoir en confiance en cette mesure ou la croire inutile.

Les résidants du Grand Montréal, l’épicentre de la pandémie au Québec, étaient généralement plus enclins à porter le masque que les répondants établis ailleurs dans la province.

Ces données ne rendent toutefois pas compte de l’évolution des attitudes depuis que le gouvernement a rendu le port du masque obligatoire dans tous les lieux publics fermés à partir de la mi-juillet.

L’Institut national de la santé publique du Québec (INPSQ) continue de prendre le pouls de la population, notamment par le biais des commentaires sur les réseaux sociaux, dont une analyse est en préparation.