(Genève) Le premier ministre britannique Boris Johnson compte dévoiler mardi un plan « rooseveltien » pour relancer l’économie de son pays, l’un des plus affectés par la pandémie de coronavirus qui « s’accélère » selon l’Organisation mondiale de la santé.

« Nous allons construire, construire, construire. Reconstruire en mieux, reconstruire en plus vert, reconstruire plus rapidement », doit dire le dirigeant conservateur dans un discours à Dudley (centre), selon des extraits diffusés par ses services.

Il compte en effet infuser cinq milliards de livres (5,4 milliards d’euros) dans des projets d’infrastructures.

« Cela semble positivement “rooseveltien”. Cela ressemble à un “New Deal” », doit-il souligner en référence à l’auteur de la politique dite de la « Nouvelle donne » qui avait permis de relancer l’économie américaine par la demande et l’intervention de l’État après la Grande Dépression des années 1930.

Le coronavirus a fait 43 575 morts au Royaume-Uni, dont le PIB devrait fondre de plus de 10 % cette année d’après les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).

Le gouvernement a annoncé lundi soir le durcissement du confinement à Leicester en raison d’une flambée de cas dans cette ville du centre de l’Angleterre, la première à se voir imposer des restrictions locales.

Et, d’après le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, la pandémie « est loin d’être finie ». Elle « s’accélère » même, a-t-il prévenu, appelant le monde à se mobiliser sans attendre un vaccin.

La pandémie de COVID-19 vient de franchir deux seuils symboliques : plus d’un demi-million de morts et dix millions de cas.

Le virus continue de faire des ravages aux États-Unis et semble redémarrer en Chine, et dans un « monde divisé » et face à « un manque d’unité nationale et de solidarité mondiale […] le pire est à venir ».

L’OMS va envoyer « la semaine prochaine » une équipe en Chine, où ce coronavirus est apparu en décembre, pour déterminer son origine et mieux le comprendre.

Le patron de l’organisation a appelé gouvernements et citoyens à mettre en place des « solutions simples » afin de « sauver des vies maintenant » : « tester, tracer, isoler, et mettre en quarantaine les cas ».

Déconfinement en pause

Selon un comptage effectué par l’AFP à partir de sources officielles, mais que les experts pensent largement sous-estimé, 502 599 décès et 10 208 540 cas étaient officiellement recensés lundi à 19 h GMT.

Le nombre des décès répertoriés dans le monde a doublé en un peu moins de deux mois (250 000 le 5 mai) et 50 000 décès supplémentaires ont été enregistrés ces dix derniers jours.

L’Europe est le continent ayant le plus de décès (196 428 pour 2 660 794 cas), suivie par la zone États-Unis/Canada (134 538, 2 667 981), l’Amérique latine et les Caraïbes (112 321, 2 491 030), l’Asie (33 689, 1 251 153), le Moyen-Orient (15 819, 743 172), l’Afrique (9671, 385 166) et l’Océanie (133, 9244).

Les États-Unis sont le pays le plus touché, tant en nombre de décès (126 123) que de cas (2 587 154). Bien que le nombre de décès quotidiens ait légèrement diminué en juin par rapport au mois précédent, la contagion progresse dans 30 des 50 États notamment dans les plus grands et les plus peuplés (Californie, Texas, Floride).

Le nombre de cas nouvellement détectés est plus élevé qu’à aucun moment depuis l’apparition du coronavirus Sars-Cov-2 et les hospitalisations augmentent dans plusieurs foyers comme Houston (Texas) et Phoenix (Arizona).

Certains États ont dû faire une pause dans le processus de déconfinement. Le gouverneur de Californie a ordonné dimanche la fermeture des bars de Los Angeles et de six autres comtés après un rebond des cas.

Le comté de Los Angeles, principal foyer de COVID-19 en Californie, a annoncé lundi la fermeture temporaire des plages pour le week-end prolongé du 4 juillet, afin d’endiguer la propagation.

De plus en plus de voix, notamment parmi les républicains et en particulier le puissant chef du Sénat Mitch McConnell, s’élèvent pour que le président Donald Trump, qui n’est jamais apparu masqué en public, le fasse afin de donner l’exemple.

L’incertitude pèse sur l’économie, à quelques mois de l’élection présidentielle : le patron de la Banque centrale américaine Jerome Powell a jugé le rythme de la reprise actuelle « extrêmement incertain » en raison du virus.

Appel franco-allemand

PHOTO GREG BAKER, AGENCE FRANCE-PRESSE

La population de Pékin s’est habituée à porter le masque.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont pressé lundi lors de leur rencontre les pays européens, en particulier les « frugaux », à parvenir dès le sommet européen de juillet à un accord sur la relance de l’Union européenne.

« Nous sommes confrontés à des défis économiques que nous n’avons jamais connus depuis des décennies, et sans doute dans toute l’histoire », a lancé la chancelière, à l’aube d’une présidence allemande de l’UE qui s’annonce décisive.

« Nous espérons que nous allons trouver une solution » dès le conseil européen des 17 et 18 juillet, qui portera sur l’adoption du plan de relance de 750 milliards d’euros proposé par la Commission européenne, « même si le chemin est encore long », a-t-elle fait valoir.

Les gouvernements européens ont jusqu’à mardi midi pour décider d’ouvrir ou non les frontières de l’UE dès le 1er juillet aux voyageurs d’une quinzaine de pays tiers dont la situation épidémiologique est jugée satisfaisante, ce qui exclut par conséquent notamment les États-Unis.

Les pays de l’UE doivent voter à la majorité qualifiée sur cette liste, a-t-on appris lundi de sources diplomatiques.

Berceau de la pandémie à Wuhan, dans le centre du pays, la Chine croyait en avoir fini avec le virus mais il a refait son apparition mi-juin à Pékin, au point que les autorités ont fermé des écoles et placé en confinement plusieurs milliers de personnes.

Selon le premier ministre canadien Justin Trudeau, son pays se prépare pour une seconde vague « qui pourrait frapper très fort ». Le Québec compte plus de la moitié des 103 000 cas de coronavirus et des 8600 décès au pays.

En revanche, la Corée du Sud poursuit son retour à la normale. Elle a réussi à maîtriser la situation grâce à une stratégie très poussée de tests et de traçage des contacts des personnes infectées, sans même imposer de confinement.

Ailleurs dans le monde, la situation est contrastée.

Masque obligatoire dans certains lieux publics et feu vert au rétablissement de restrictions : le gouvernement iranien a décrété la remobilisation. Il a annoncé lundi 162 morts supplémentaires en 24 heures, bilan quotidien le plus élevé depuis le début de l’épidémie en février.

En Amérique Latine, le pays le plus lourdement touché est le Brésil, qui comptait lundi 58 314 morts sur 1 368 195 cas confirmés, selon les autorités.