(OTTAWA) Estimant que le pire de la crise est passé, une coalition représentant une centaine d’entreprises dans le secteur du tourisme, du voyage et de l’hôtellerie presse les gouvernements à « rouvrir les portes de nos provinces et de notre pays » aux Canadiens et à certains visiteurs étrangers.

Dans une lettre qu’ils ont fait parvenir au premier ministre Justin Trudeau et à ses homologues des provinces, les membres de cette coalition affirment que le secteur canadien du voyage, du tourisme et de l’hôtellerie, qui emploie 1,8 million de personnes, doit reprendre ses activités dès maintenant s’il veut survivre.

La Presse a obtenu une copie de cette lettre qui sera rendue publique ce jeudi par Les amis et partenaires de la table ronde canadienne du voyage et du tourisme. La coalition, dont font aussi partie la Chambre de commerce du Canada, le Conseil canadien des affaires et des syndicats comme Unifor, entend par la suite mener une campagne publicitaire soutenue pour convaincre les autorités canadiennes et les provinces de jeter davantage de lest.

D’autant plus, argue-t-on, que plusieurs pays comme l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Australie, par exemple, ont déjà amorcé la réouverture de leurs frontières aux pays jugés sécuritaires.

« Tout comme vous, nous croyons que la sécurité de tous est primordiale. Cependant, plusieurs des restrictions actuellement mises en place ont une portée trop large ou encore ne sont pas nécessaires. Les restrictions sur les déplacements interprovinciaux, qui empêchent les Canadiens d’explorer librement notre pays, devraient être levées. Les Canadiens devraient pouvoir voyager librement partout au pays », affirment les signataires de la lettre, qui représentent le Who’s Who de ce secteur.

Parmi les signataires du Québec, on compte notamment Christiane Germain, coprésidente des Hôtels Germain, Jean-Marc Eustache, PDG de Transat, Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal, Stéphane Poirier, PDG de l’aéroport international Jean-Lesage de Québec, Yan Hamel, PDG de Croisières AML, Philippe Rainville, PDG d’Aéroports de Montréal, et Andrew Torriani, PDG du Ritz-Carlton.

« Nous avons également besoin d’une approche mieux ciblée en matière de voyages internationaux. La quarantaine obligatoire de 14 jours et la fermeture complète du pays à tous les visiteurs de l’étranger ne sont plus nécessaires et ne correspondent pas aux mesures prises par les autres pays », ajoutent-ils.

102 milliards

Rappelant que le secteur contribue à hauteur de 102 milliards de dollars à l’économie canadienne chaque année, la coalition souligne à gros traits que des mesures accrues d’hygiène et de biosécurité ont déjà été instaurées dans l’ensemble du secteur au cours des dernières semaines. Bref, tout a été mis en œuvre pour que les Canadiens et les visiteurs étrangers puissent de nouveau sillonner le pays en toute sécurité, soutiennent-ils.

« Alors que les activités reprennent, nous apprenons à vivre avec le virus, plutôt que de se cacher de celui-ci ou les uns des autres. Alors que nous rouvrons les portes de nos maisons et de nos entreprises, nous devons rouvrir les portes de nos provinces – et de notre pays », affirme-t-on dans la lettre.

Il est temps d’encourager les Canadiens et certains visiteurs étrangers à explorer notre pays cet été, de recommencer à réunir amis et familles, de permettre d’importants voyages d’affaires et de ramener nos employés au travail en toute sécurité.

Extrait de la lettre de la coalition

« Il est temps que nos gouvernements autorisent les Canadiens à voyager librement.

« Il est temps », ajoute-t-on encore.

Cette lettre sera rendue publique alors que certaines provinces tiennent à garder leurs frontières fermées. En effet, le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador interdisent l’entrée aux non-résidants jusqu’à nouvel ordre durant la pandémie.

En outre, l’entrée au Canada est refusée aux ressortissants étrangers depuis plusieurs semaines. Depuis lundi soir, toutefois, les ressortissants étrangers qui sont des membres de la famille immédiate de citoyens canadiens et de résidents permanents peuvent entrer au pays, à condition de ne pas avoir la COVID-19 ou de ne présenter aucun signe ou symptôme lié au coronavirus.

La frontière canado-américaine est aussi fermée aux voyageurs non essentiels depuis le 21 mars, et ce, jusqu’au 21 juin – elle pourrait être fermée pour une autre période de 30 jours, soit jusqu’au 21 juillet. Le gouvernement Trudeau et l’administration Trump devraient faire une annonce à ce sujet sous peu.