(Ottawa) Le gouvernement Trudeau fait volte-face et prévoit maintenant sévir contre les fraudeurs de la Prestation canadienne d’urgence (PCU).

Il devrait déposer un projet de loi qui prévoit des amendes allant jusqu’à 5000 $ et jusqu’à six mois d’emprisonnement pour les individus qui auraient profité du programme gouvernemental pendant la pandémie.

Ces détails ont d’abord été dévoilés par le « Globe and Mail », qui a obtenu une version préliminaire de ce projet de loi, et ont été confirmés à La Presse canadienne par une source proche du dossier.

Les critères d’admissibilité à la PCU pourraient être resserrés dans le projet de loi, alors que le Canada tente de relancer son économie.

Il s’agirait d’un changement d’attitude de la part du gouvernement Trudeau, qui affirmait jusqu’à maintenant vouloir se fier à la bonne foi des Canadiens pour attester qu’ils sont admissibles à la PCU.

Or, il faut qu’il rallie les autres partis d’opposition pour adopter le projet de loi avant le congé estival, ce qui ne sera pas une mince tâche.

Bloquistes, conservateurs et néodémocrates ont indiqué lundi qu’ils n’avaient pas l’intention d’accélérer le processus.

« Notre position est très simple : si le gouvernement veut passer des projets de loi, il doit rappeler le Parlement », a déclaré le chef conservateur Andrew Scheer, qui déplore que les travaux actuels aient pris la forme d’un comité sur la COVID-19.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, exige une mise à jour économique avant juillet, une conférence des premiers ministres pour discuter de transferts de santé avant septembre et l’exclusion des partis politiques à la subvention salariale.

Ce sont là les conditions pour s’assurer de la collaboration de son parti. « Sinon, on suivra le processus législatif normal et on essaiera d’améliorer ce projet de loi-là parce qu’après tout, le gouvernement est minoritaire », a-t-il affirmé.

Le Nouveau Parti démocratique juge que l’approche préconisée dans le projet de loi va à l’encontre des déclarations passées du gouvernement, qui préconisait la sécurité plutôt que le retour au travail à tout prix.

« C’est ridicule. Au lieu de faciliter le retour au travail et de le rendre plus sécuritaire, il veut effrayer les gens en les menaçant de les mettre en prison. […] Ce type de sanctions va faire du mal aux personnes les plus désespérées », a critiqué Jagmeet Singh dans une déclaration écrite.

La PCU, qui offre 500 $ par semaine aux travailleurs, a déjà coûté cher à l’État. En date du 7 juin, le programme avait aidé pas moins de 8,45 millions de Canadiens et avait coûté 44,64 milliards aux contribuables.