(Québec) L’opposition officielle dénonce un protocole qui refuse les soins intensifs aux personnes avec une déficience cognitive sévère dans le contexte de la pandémie.

Advenant un manque de lits, un médecin pourrait donc refuser l’accès à un respirateur à une personne souffrant de trisomie 21 ou aux prises avec un trouble de l’autisme sévère, a déploré mercredi la députée libérale Jennifer Maccarone.

Le protocole a été mis en ligne sommairement dans le site Triage Québec, qui demande aux citoyens de signer une pétition afin de le faire changer.

« Vous avez une déficience cognitive sévère, comme la trisomie 21 ou un trouble de l’autisme sévère, vous risquez de devoir laisser votre place à une autre personne, a soulevé Mme Maccarone à la période de questions. Je suis scandalisée, je suis mère de deux enfants autistes et je leur donnerais ma vie. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jennifer Maccarone est mère de deux enfants autistes

Son collègue, le porte-parole libéral en matière de santé, André Fortin, est revenu à la charge en interpellant la ministre de la Santé, Danielle McCann.

« Une personne handicapée, une personne autiste, une personne atteinte de trisomie 21 a les mêmes droits que tous les autres Québécois. C’est un fondement de la société québécoise. S’il y a une deuxième vague qui s’en vient, […] il est temps que la ministre de la Santé condamne ce protocole-là et change le protocole. »

La ministre McCann a reconnu l’existence de ce protocole et a précisé qu’il a été élaboré par un groupe d’experts.

Elle a dit comprendre l’inquiétude des familles des personnes handicapées, mais a ajouté qu’elles n’avaient pas l’ensemble des informations.

Selon elle, « il ne faut pas sortir du contexte » : le Québec ne vit « absolument pas » une pénurie de lits aux soins intensifs ou de respirateurs, a-t-elle assuré.

« Ce protocole n’est pas en application actuellement au Québec, parce qu’effectivement la crise a été bien gérée, […] on n’a pas eu à faire ce genre de triage. »

Mme McCann n’a toutefois pas condamné le protocole, comme l’avait demandé le PLQ, et elle n’a pas pris l’engagement de le changer.