Le premier ministre François Legault, qui craint un manque de main-d’œuvre dans les CHSLD cet été, accroît la pression sur un syndicat d’infirmières et le gouvernement fédéral.

C’est ce qu’il a laissé paraître vendredi, lors d’un point de presse à Joliette, alors qu’il abordait l’enjeu des vacances d’été pour le personnel de la santé.

Le premier ministre a rapporté des discussions compliquées dans Lanaudière avec la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente des infirmières et des infirmières auxiliaires, notamment.

« J’ai de la difficulté à comprendre pourquoi on n’arrive pas à s’entendre avec la FIQ », a-t-il pesté.

En revanche, il a évoqué une entente dans cette région avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) en ce qui a trait aux vacances.

Les employés représentés par ces deux syndicats auront deux semaines de vacances continues d’ici la fin septembre, a déclaré M. Legault.

L’APTS a plus tard précisé que l’entente ne limitait pas les vacances à deux semaines et que les conventions collectives allaient s’appliquer.

De son côté, la FIQ dans Lanaudière exigerait que ses membres puissent prendre trois semaines de vacances d’ici la fin septembre. « C’est mathématiquement impossible », a déclaré François Legault.

« Les deux offres sont toujours sur la table : deux semaines de vacances d’ici la fin septembre pour tout le monde ou trois semaines de vacances pour tout le monde, mais d’ici le 13 octobre. C’est une question de continuité des services », a-t-il plaidé.

Par ailleurs, le chef du gouvernement québécois est revenu, vendredi, sur sa conversation de la veille avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

Il a dit avoir senti une « plus grande ouverture » de la part de M. Trudeau quant à la demande du Québec de garder en poste les 1000 soldats de l’armée canadienne dans les CHSLD jusqu’au 15 septembre.

Les soldats travaillent actuellement sept jours sur sept, 12 heures par jour.

« J’ai été assez direct avec M. Trudeau et je lui ai demandé qu’est-ce qu’il y avait de plus urgent comme autres travaux », a relaté M. Legault.

Il a affirmé avoir suggéré au premier ministre canadien que les soldats travaillent plutôt huit heures par jour, cinq jours par semaine.

Sur les 1000 soldats à l’œuvre en ce moment au Québec, M. Legault a déploré le fait que plusieurs travaillent à produire des rapports à l’extérieur des centres pour aînés.

« Je n’ai rien contre les rapports, mais le ratio, j’aimerais en avoir plus sur les 1000 dans les CHSLD », a-t-il dit.

Trudeau maintient le flou

Quelques heures plus tôt, à Ottawa, Justin Trudeau maintenait toujours un flou sur les intentions fédérales pour pallier au manque de personnel dans les CHSLD.

« Dans le court terme, nous sommes là avec les Forces armées, mais pour le moyen et le long terme, nous allons être là avec plus d’argent, avec plus de ressources dépendamment des besoins et des demandes des provinces », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Malgré des questions répétées en français et en anglais, il a refusé de fournir plus de détails sur ces ressources offertes aux provinces.

À l’heure actuelle, le Québec compte sur l’aide de précisément 1350 membres des Forces armées, dont 1050 soldats dépêchés dans 25 CHSLD, pour aider à reprendre le contrôle de la situation. La mission doit prendre fin le 12 juin.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a dit plus tôt cette semaine à CBC qu’il n’était pas possible de demander aux militaires de rester en poste jusqu’à la mi-septembre, comme demandé par Québec.

« Notre personnel médical, pour qu’on puisse offrir un appui maximal, travaille sept jours par semaine, des quarts de travail de 12 heures, chaque jour. Il faut s’occuper d’eux aussi également », a-t-il dit.

M. Legault avait répondu jeudi que Québec était prêt à des « accommodements » en termes d’horaires de travail pour conserver les soldats le plus longtemps possible, si nécessaire. Il a ajouté qu’il voyait mal quelle mission pouvait être plus importante, présentement, que de soigner les personnes âgées vulnérables.