Le gouvernement Legault tente toujours de trouver un terrain d’entente avec le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard pour que le transit de touristes vers les îles de la Madeleine soit autorisé au cours de l’été à venir.

Ces deux provinces ont cependant accepté que les Madelinots qui avaient quitté les Îles pour un déplacement essentiel, par exemple, puissent emprunter, à certaines conditions, une voie de passage pour se rendre à Souris, ville de départ du traversier vers Cap-aux-Meules.

Les Madelinots doivent remplir un formulaire d’autodéclaration pour avoir l’autorisation de traverser le territoire des deux provinces. Ils doivent avoir en main ce formulaire, la confirmation de leur réservation à bord du C.T.M.A. ainsi que tous les documents « confirmant le motif valable de leur voyage ».

Pour les touristes, par contre, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard demeurent sur leur position : elles refusent qu’ils pénètrent le territoire de leur province respective en raison des risques liés à la COVID-19.

Cela soulève l’ire des autorités des Îles-de-la-Madeleine, qui font valoir l’importance des retombées économiques liées au tourisme, l’un des secteurs économiques les plus importants de l’archipel. Bon an, mal an, ces retombées tournent autour de 90 millions de dollars et sont engrangées entre le 15 juin et le 15 septembre.

« C’est inacceptable de les laisser bloquer la Transcanadienne aux touristes, parce qu’eux n’en veulent pas », s’insurge le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre. Sa colère est d’autant plus grande que la Direction de santé publique a autorisé l’archipel à recevoir la moitié des visiteurs accueillis au cours de l’été 2019, soit environ 35 000 personnes.

D’après lui, le temps d’agir est arrivé, puisque « des centaines de personnes ont déjà annulé leurs vacances à cause de cette situation ». « Le premier ministre du Québec doit discuter avec ses homologues des provinces des Maritimes. Parce que pour le moment, il ne les contredit pas. C’est inacceptable que ces deux provinces décident pour nous », lance le maire.

« On est à la recherche d’une solution », a fait savoir Nicky Cayer, attachée de presse de la ministre de la Justice et ministre responsable des Relations canadiennes, Sonia LeBel.

« Nous sommes encore en discussion, et il est difficile de garantir un résultat à ce stade », a-t-elle ajouté.

La position des deux provinces de l’Atlantique serait par ailleurs assez ferme et elles démontreraient peu d’ouverture, nous dit-on. 

Signe que la situation au Nouveau-Brunswick n’est pas près de changer : la province a dû retarder jeudi une partie de son déconfinement en raison d’une éclosion de COVID-19 à Campbellton, où au moins 150 personnes ont été exposées à un médecin infecté, dont bien des travailleurs de la santé.

« Il faut des touristes »

Rita Castonguay, propriétaire du Centre nautique l’Istorlet, offre un camp de vacances, de nombreuses activités nautiques – comme des visites de grottes et de falaises en kayak de mer – et de l’hébergement. Sa clientèle est composée à 90 % de touristes, dit-elle.

Nous avons déjà beaucoup, beaucoup d’annulations. Et si les touristes ne peuvent pas venir aux Îles, ça n’ira pas du tout pour nous !

Rita Castonguay, propriétaire du Centre nautique l’Istorlet

Chantale Cormier, copropriétaire du resto-bar-spectacle-auberge Les Pas Perdus, a bon espoir que le dénouement sera positif et que des touristes arriveront par traversier à Cap-aux-Meules : « Ça fait 20 ans que nous avons des étés extrêmement occupés. Déjà qu’avec 50 % de moins de touristes, on s’entend que ça n’aura rien à voir cette année… Mais il faut des touristes ! »

Touristes ou pas, le propriétaire du restaurant Vent du Large, François Guay, ne sait pas encore s’il va ouvrir pendant l’été : « Nous avons un des plus gros restaurants, donc on croit qu’il y aurait trop de roulement de personnes pour que ça respecte les mesures. » Malgré tout, il est favorable à l’arrivée des dizaines de milliers de touristes.

Il a même suggéré aux autorités que des « haltes sanitaires » soient installées tout au long du chemin qui mènerait les automobilistes du Québec à Souris pour éviter tout contact avec les Néo-Brunswickois et les Prince-Édouardiens. « On pourrait inviter les gens à s’arrêter à ces endroits-là où il y aurait un hôtel réquisitionné, une station d’essence, un dépanneur, un restaurant… »

Ce ne sont quand même pas tous les Madelinots qui ont envie d’accueillir des touristes. Alors que l’archipel compte seulement quelques cas de COVID-19 et aucune mort liée à la maladie, des pétitions ont circulé dans la région pour demander que les touristes ne soient pas autorisés à venir profiter du vent et des plages de ce coin du Québec. Mais selon le maire des Îles-de-la-Madeleine, « c’est 1000 personnes sur les 13 000 habitants. C’est donc loin d’être une majorité ».