(Toronto) Des inspecteurs du ministère ont refusé de se rendre dans les foyers de soins de longue durée de l’Ontario au début de la pandémie parce qu’ils craignaient pour leur propre sécurité, ce qui a incité le gouvernement à faire appel à l’armée, a soutenu jeudi Doug Ford.

Certains de ces inspecteurs faisaient leur travail par téléphone, en avril, parce qu’ils avaient peur de contracter le coronavirus, a expliqué le premier ministre, qui fait face à de vives critiques sur la façon dont son gouvernement a géré les éclosions de COVID-19 dans les foyers pour personnes âgées — près de 1400 résidants y sont morts du coronavirus depuis mars.

« Ce ne sont pas des professionnels de la santé, donc, je comprends, mais je ne vais pas continuer à porter le chapeau pour quelque chose qui échappait à notre contrôle, lorsque les syndicats ont refusé d’entrer », a soutenu jeudi M. Ford.

Le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario n’a pas réagi immédiatement, jeudi. Mais dans une lettre adressée au premier ministre en avril dernier, le président du syndicat, Warren Thomas, faisait part de ses inquiétudes concernant la mauvaise qualité des soins dans certains foyers de soins de longue durée, ainsi que des risques élevés encourus par les inspecteurs.

M. Thomas déplorait alors que la province ne comptait que 164 inspecteurs pour ses 626 foyers, et il demandait au gouvernement une augmentation des effectifs et un plan pour protéger leur santé. Dans sa lettre, que le cabinet du premier ministre a rendue publique jeudi, M. Thomas évoquait aussi les préoccupations que les inspecteurs entendaient du personnel de première ligne sur le terrain depuis un certain temps.

« Les résidants ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin dans certaines de ces résidences, écrivait le dirigeant syndical. Nous savons que les propriétaires de résidences privées de soins de longue durée n’ont jamais planifié ce niveau de maladie dans leurs établissements. Et c’est là le problème inhérent à la privatisation. »

Un rapport accablant

Le gouvernement Ford avait appelé l’armée à la rescousse, le mois dernier, dans cinq foyers de soins de longue durée aux prises avec des éclosions spécifiques de COVID-19. Mardi, un rapport des Forces armées faisait état de conditions « horribles » dans les cinq foyers. On parlait notamment d’infestations d’insectes, d’insalubrité générale et de comportements agressifs envers des résidants.

Le gouvernement a annoncé mercredi qu’il prendrait en charge la gestion de quatre des cinq foyers. Il procédera aussi à des inspections « extrêmement rigoureuses » et à des contrôles aléatoires dans les autres résidences de la province.

M. Ford a critiqué jeudi les dirigeants de résidences privées qui mettent les profits au-dessus du bien-être des aînés. « S’ils veulent être cupides et faire de l’argent facilement, alors qu’ils quittent ce secteur, a lancé le premier ministre. Trouvez autre chose à faire. Ne mettez pas la vie des gens en danger. »

Hausse de 1,4 % des cas

L’Ontario signalait jeudi 383 nouveaux cas de COVID-19, ce qui constitue un bond après plusieurs jours consécutifs sous la barre des 300 nouveaux cas, et une augmentation de 1,4 % par rapport à la veille. On signalait par ailleurs jeudi 34 décès supplémentaires.

Le bilan en Ontario est maintenant de 26 866 cas, dont 2189 décès et 20 673 cas résolus. Le nombre de tests est passé à 17 615, contre 15 133 la veille.

Pendant ce temps, le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario a déclaré jeudi que seulement 13,5 milliards du plan d’aide de 17 milliards du gouvernement avaient été affectés en « nouveau soutien » lié à la COVID-19 — un écart de 3,5 milliards.

Selon l’agence, le plan d’action du gouvernement comportait notamment « de nouvelles dépenses dans le secteur de la santé de même que pour les programmes d’atténuation du prix de l’électricité n’ayant aucun rapport avec la lutte contre l’éclosion de COVID-19 ».