(Québec) Le chef intérimaire du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, veut que chaque jour, les victimes québécoises de la COVID-19 soient nommées publiquement.

Il a fait cette demande mardi, au moment où les députés convergeaient vers Québec pour assister à la période des questions. « Je ne veux jamais qu’on s’habitue à ces décès chaque jour », a-t-il déclaré en point de presse.

Le député de Matane-Matapédia affirme se sentir davantage « inquiet » que « fier » actuellement. Il a conseillé d’adopter une attitude « sobre » vu les 4139 décès survenus au Québec et qui sont « lourds à porter », selon lui.

« Je me dis qu’il faudrait bien mettre des visages et des noms derrière ces décès, toutes les familles endeuillées aussi. C’est ça la donnée qui est la plus importante », a-t-il insisté.

Pour lui, il n’y a pas lieu de se réjouir d’avoir enfin atteint la cible de 14 000 tests de dépistage par jour. « C’est juste normal, ce n’est pas une célébration, là. »

« Toutes ces personnes ont une histoire, a-t-il poursuivi en anglais. Ils étaient des pères, des grands-pères, des amis, des voisins, des Québécois d’abord. Ils sont les nôtres. »

Pascal Bérubé a applaudi le travail du New York Times, qui a récemment publié les noms de 1000 des quelque 100 000 victimes de la COVID-19 aux États-Unis.

Pareillement, il veut que le gouvernement Legault rende hommage à chacune des 4139 victimes québécoises, la plupart des personnes âgées qui sont décédées dans des conditions atroces, a-t-il dit.

Cela prendrait évidemment l’accord des familles, a-t-il précisé.

« Je souhaite qu’à tous les jours, on nomme ces personnes. […] Au lieu de faire des remerciements, nommez ces personnes ! Ces hommes et ces femmes qui sont morts dans nos hôpitaux. C’est la meilleure façon de leur rendre hommage […] et de ne pas les oublier. »

Motion sur les lanceurs d’alerte refusée

Les partis d’opposition y sont allés mardi d’une série de propositions pour tenter d’améliorer la situation au Québec, qui a le statut peu enviable de province canadienne comptant le plus de décès liés au coronavirus.

Entre autres, le PQ a présenté une motion visant à interdire toute forme de représailles contre un lanceur d’alerte dans le réseau de la santé qui divulguerait un acte répréhensible commis ou sur le point d’être commis.

Le gouvernement a justifié son refus de débattre de cette motion en rappelant avoir déjà créé une boîte courriel pour permettre aux travailleurs de la santé de s’exprimer. Deux mille courriels ont été reçus et sont sous analyse, a signalé mardi la ministre de la Santé, Danielle McCann.

De son côté, le Parti libéral du Québec (PLQ) a présenté un projet de loi sur les ratios dans le but de garantir un certain nombre d’infirmières et de préposées pour un groupe de patients.

En vertu du projet de loi, un comité consultatif serait chargé de recommander des ratios soignant-patients appropriés dans les hôpitaux et les CHSLD.

En pleine crise de la COVID-19, « il y a eu un préposé […] pour 174 patients, a dénoncé le député libéral André Fortin. C’est des situations comme celles-là qu’il faut à tout prix éviter. »

Québec solidaire (QS) a pour sa part exigé du gouvernement qu’il dépose un « plan détaillé » en vue de la deuxième vague de la COVID-19 attendue cet automne.

« Le virus, […] c’est un boxeur, et on n’a pas vu venir le premier coup. On a tous été sonnés. […] Là, pour le deuxième coup, on ne pourra pas dire qu’on ne l’a pas vu venir », a illustré le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.

La chef parlementaire de QS, Manon Massé, a déploré que le Québec se retrouve aujourd’hui « dans le top cinq mondial du nombre de décès par million d’habitants ».

Selon elle, les Québécois ont le droit de savoir si le Québec a assez d’équipement et de personnel aux bons endroits pour faire face à une deuxième vague de la COVID-19.

Devant QS qui lui demandait « d’apprendre de ses erreurs », le premier ministre François Legault a préféré relever des éléments positifs. « Quand on regarde le tableau de tous les États, le Québec est un des endroits qui a le plus testé », a-t-il dit.

Il a paru démentir l’information selon laquelle le Québec serait parmi les endroits les plus éprouvés de la planète par la COVID-19, proportionnellement à leurs populations.

« Si on regarde une ville comme Boston, il y a deux fois plus de décès, toutes proportions gardées, qu’ici, a-t-il argué. À New York, il y en a trois fois plus. »