Des dirigeants de centres d’hébergement privés pour aînés et leur association demandent à Québec de mettre sur pied « une instance publique et transparente pour comprendre comment le Québec a pu connaître un tel niveau de décès dans les CHSLD », avant l’arrivée d’une deuxième vague de COVID-19.

Dans une lettre envoyée lundi au premier ministre Legault et que La Presse a obtenue, le Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être (CEPSEM) et quatre propriétaires de réseaux de résidences pour personnes âgées de la province déplorent un discours « accusateur à l’endroit des acteurs du réseau pour aînés ».

Plusieurs voix se sont élevées au cours des dernières semaines pour réclamer une commission d’enquête ou d’autres formes d’examen de conscience sur la situation dans les CHSLD depuis le début de la pandémie.

Il y a 10 jours, lors d’une visite à Montréal, François Legault a rencontré les dirigeants des CIUSSS et des CISSS de la région métropolitaine, notamment pour discuter de la situation dans les lieux d’hébergement pour aînés.

Publiquement, il a ouvert la porte à une nationalisation des CHSLD, dont le quart sont privés au Québec.

Or, déplore Luc Lepage, président-directeur général du CEPSEM, les responsables de ces établissements n’ont eu aucun contact officiel avec le cabinet du premier ministre.

« C’est comme si on était tous des Herron de ce monde, ce qui n’est pas le cas », a dit M. Lepage, en référence au CHSLD de Dorval devenu un symbole de la crise vu le piètre traitement réservé aux aînés qui y résidaient.

« Herron, c’est sûr qu’on va dénoncer ça, a poursuivi M. Lepage. Pourquoi, tout d’un coup, on est la cause de tous les problèmes dans les CHSLD ? Soixante-quatre pour cent des décès [liés à la COVID] ont eu lieu dans des CHSLD. On a 25 % des lits. On n’est ni mieux ni pire [que le public]. Assumons nos réalités. On veut être entendus et écoutés. On ne veut pas être des spectateurs et ceux qu’on montre du doigt.  »

Consultation

Les signataires de la lettre craignent que Québec prenne des mesures sans les consulter. Ils craignent aussi l’arrivée d’une deuxième vague de la maladie avant que des solutions aient été mises en place dans les établissements pour aînés.

« Nos membres sont au cœur de l’action. Ils se démènent pour faire face à la pandémie. Ils sont convaincus qu’ils peuvent apporter quelque chose au système de santé, dit Luc Lepage. Il est urgent de se parler maintenant pour trouver des solutions. »

Dans leur lettre, les auteurs proposent plusieurs sujets de discussion, dont la valorisation de la formation et des métiers de soins aux aînés, l’accès aux services selon les régions, la rémunération variable des préposés et des autres employés entre les établissements, ainsi que la possibilité d’uniformiser des indicateurs de qualité de service et de performance pour les établissements publics ou privés et de les rendre publics annuellement.

« Nous ne gagnerons rien, comme société, si nous encourageons le discours réducteur et accusateur à l’endroit des acteurs du réseau pour aînés. Cette attitude rend le travail encore plus difficile dans des circonstances où la collaboration, la valorisation et la reconnaissance du travail de tous devraient être l’apanage des autorités », dit la lettre.