La mairesse de Montréal a défendu sa décision de ne pas rendre le masque obligatoire dans les lieux publics fermés de la métropole, lundi après-midi, malgré les critiques de l’opposition.

En ouverture du conseil municipal, Valérie Plante a affirmé qu’obliger les Montréalais à se couvrir le visage pour entrer dans un commerce ou prendre le transport en commun pouvait entraîner une glissade vers l’autoritarisme.

« Le concept derrière cette non-obligation à ce moment-ci, c’est d’éviter de créer un état policier », a-t-elle affirmé en réponse à une question de Lionel Perez, chef d’Ensemble Montréal. « On mise sur la responsabilisation. »

Pour la mairesse, la bonne stratégie consiste à encourager les Montréalais à se couvrir le visage et à distribuer « massivement » des masques dans les transports en commun. Elle a soumis l’exemple d’un professionnel de la santé que la police empêcherait de prendre le métro pour aller soigner des malades parce qu’il a oublié son masque à la maison.

L’opposition fait plutôt valoir que son port devrait être rendu obligatoire afin qu’une « vaste majorité de personnes » l’enfile.

Mme Plante a souligné que le gouvernement provincial et fédéral, ainsi que leurs services respectifs de santé publique, avaient choisi de recommander fortement le port du masque sans toutefois le rendre obligatoire. Montréal a adopté la même position.

« Nous sommes ouverts à le rendre obligatoire, mais il faudrait pour ça qu’il y ait une concertation, que l’ensemble des instances […] disent que c’est le chemin à prendre, a-t-elle dit. Mais pour l’instant, l’opposition est la seule à choisir cette option. »

Une certaine ouverture

Alors que le déconfinement commercial débutait lundi matin dans la région métropolitaine, la mairesse de Montréal Valérie Plante s'était dite prête à rendre obligatoire le port du masque ou du couvre-visage en tissu si les autorités sanitaires décidaient d’aller au-delà de la recommandation actuelle. Mais selon elle, une telle situation soulève une question importante de ressources financières pour suivre à la trace les personnes qui résisteraient à une telle exigence.

« De mettre un policier à chaque coin de rue, devant chaque magasin, dans chaque wagon, ça ne tient pas la route. Je ne veux pas que Montréal devienne un État policier. Ça n’a aucun sens. […] La population doit se responsabiliser. Elle le fait déjà beaucoup », a dit Mme Plante derrière son couvre-visage rose vif. La mairesse participait à une distribution de couvre-visage en tissu à la station de métro Langelier, dans l'est de l'île.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La propagation de la COVID-19 a des impacts financiers importants pour Montréal qui est l’épicentre de la pandémie au Québec, mais aussi dans tout le Canada. Devant un manque à gagner anticipé de plus d’un demi-milliard de dollars, Montréal a annoncé, le mois dernier, un plan de redressement de ses finances. À lui seul, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui devrait s’assurer du respect du port du masque si celui-ci devenait obligatoire, doit réaliser des compressions de 4,4 millions, dont plus de la moitié du côté de la rémunération de son personnel.

Nouveau mode de vie

La ministre responsable de la Métropole et ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, était également à la station Langelier pour faire la promotion du port du masque auprès des usagers du métro. Pour elle, « c’est un nouveau mode de vie auquel nous devrons tous nous habituer ».

On demande aux citoyens, aux usagers du transport, de mettre leur masque lorsqu’ils vont dans le métro, dans l’autobus, dans un commerce, aussitôt qu’il y a un regroupement en public. C’est une question de respect.

Chantal Rouleau, ministre responsable de la Métropole

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Les couvre-visages en tissu distribués lundi matin sont payés par le gouvernement du Québec, qui verse une aide de 6 millions aux différentes sociétés de transport de la région métropolitaine, dont la Société de transport de Montréal (STM) pour l’achat de 1,5 million de masques.

Les couvre-visages en tissu distribués lundi matin sont payés par le gouvernement du Québec, qui verse une aide de 6 millions aux différentes sociétés de transport de la région métropolitaine, dont la Société de transport de Montréal (STM) pour l’achat de 1,5 million de masques.

Le président de la STM, Philippe Schnobb, a expliqué que le choix de la station Langelier n’est pas anodin. Plusieurs circuits d’autobus partent de cette station et se dirigent vers Montréal-Nord, où l’infection au coronavirus bat des records avec 2227 cas confirmés. L’opération de distribution de masques se poursuit demain à la station Henri-Bourassa.