Un cortège de voitures et de vélos a défilé dans un quadrilatère entourant le bureau de circonscription de Justin Trudeau pour lui demander d’accorder la résidence permanente aux demandeurs d’asile en ces temps de pandémie.

Dans le stationnement près du bureau du premier ministre, un cercueil symbolique rouge avait été déposé.

« Pour nous, c’est une question d’humanité, pour ces travailleurs migrants qu’on appelle les anges gardiens et qui se sacrifient pour le Québec », a dit le président de Debout pour la dignité, l’organisme derrière la manifestation, Wilner Cayo. Il demande au gouvernement de mettre un terme à la peur des demandeurs d’asile d’être renvoyés après la pandémie en régularisant leur statut.

Plusieurs dizaines de voitures et de vélos ont attiré l’attention en défilant en cortège avec des pancartes et un concert de klaxons, sur Crémazie Est, devant le bureau de Justin Trudeau, en passant par Papineau, Jean-Talon et Christophe-Colomb.

Ils ont marqué un arrêt devant l’hôpital Jean-Talon, en appui aux demandeurs d’asile y travaillant.

Des membres de Comité action pour les personnes sans statut et Extinction Rebellion faisaient aussi partie de la manifestation.

« Nous, de la diversité, sortons au champ de bataille au risque de notre vie », a dit Frantz André du Comité action pour les personnes sans statut.

« Présentement, il y a une crise avec la COVID-19, a-t-il ajouté. Beaucoup de gens meurent, principalement de Montréal et de Montréal-Nord. Nous demandons à M. Trudeau de prendre une décision responsable en tant que leader. »

« Il s’appelait Marcelin François », pouvait-on lire sur une pancarte tenue par une manifestante, en référence au préposé aux bénéficiaires de 40 ans mort de la COVID-19 le 14 avril. Il était en attente d’une décision, après s’être fait refuser le statut de réfugié.

> Lisez la chronique d’Yves Boisvert au sujet de Marcelin François

Leila, qui n’a pas voulu donner son nom de famille, tenait la pancarte avec la photo de l’homme. « [Les gens sans statut ou en attente de résidence permanente] ont le droit de vivre ici et d’être considérés comme canadiens, a dit la femme de 29 ans, membre d’Extinction Rebellion. Ce sont eux qui prennent soin de nos aînés et qui se mettent le plus à risque. »

Si d’autres pancartes soulignaient le travail de ces « anges gardiens » qui n’ont pas la citoyenneté ou la résidence permanente, M. André estime que la demande vise un plus grand groupe. « Il ne faut pas discriminer, il y en a qui vont vivre avec d’autres personnes et les mette à risque aussi », a-t-il précisé.

« Dans toutes les petites jobines au salaire minimum et dans les services essentiels, nous retrouvons ses gens », a pour sa part souligné M. Wilner, qui souhaiterait que ces gens soient aussi pris en compte pour régulariser leur statut.

Le député néo-démocrate de Rosemont—La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, était présent pour appuyer les manifestants. À son avis, le gouvernement libéral de Justin Trudeau ne pourra pas s’opposer bien longtemps à cette demande et le NPD a bien l’intention de maintenir la pression.

« La moindre des choses, c’est d’être reconnaissant envers le travail de ces gens-là et d’être capable d’accélérer les processus », estime l’élu fédéral qui siège au Comité spécial sur la pandémie de la COVID-19.

Déçu de Québec

Alexandre Boulerice ne cache pas qu’il trouve « assez déplorable » la réaction du gouvernement du Québec face à la situation des demandeurs d’asile qui travaillent à combattre la COVID-19.

La semaine dernière, la députée indépendante Catherine Fournier a déposé une motion visant à reconnaître la contribution de « centaines de demandeurs d’asile, majoritairement d’origine haïtienne » travaillant comme préposés aux bénéficiaires. Elle demandait précisément d’interpeller Ottawa pour « régulariser rapidement leur statut, dans un souci de reconnaissance ».

La motion a été rejetée par la Coalition avenir Québec. Le premier ministre François Legault a prétendu qu’une telle mesure exceptionnelle pourrait encourager les demandeurs d’asile à franchir la frontière.

– Avec La Presse canadienne