(Montréal) Québec et la FTQ ne sont plus très éloignés l’un de l’autre, avec la nouvelle proposition que la centrale vient de déposer pour renouveler les conventions collectives du secteur public, incluant les conditions de travail des préposés aux bénéficiaires.

La centrale syndicale, qui compte 55 000 membres dans la santé, l’éducation et les services publics, a en effet déposé une nouvelle proposition globale, mardi au Conseil du trésor, dans l’espoir de débloquer ces négociations qui ont cours en pleine crise du coronavirus.

Cette proposition globale prévoit bel et bien des augmentations de salaire plus élevées pour les préposés aux bénéficiaires que pour les autres employés de l’État — comme le souhaite le gouvernement.

Ainsi, les préposés aux bénéficiaires toucheraient 12 % d’augmentation — ce qui amènerait leur rémunération, au sommet de l’échelle, au fameux 25 $ l’heure, souvent évoqué par le premier ministre François Legault.

À l’heure actuelle, ils gagnent 20,55 $ au premier échelon et jusqu’à 22,35 $ au cinquième et dernier échelon.

Interrogé à ce sujet lors de sa conférence de presse sur la situation de la pandémie de coronavirus, le premier ministre y a vu « une bonne nouvelle » et « un pas dans la bonne direction ». « Je suis content », a-t-il lancé.

Cette proposition de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec concernerait tous les préposés aux bénéficiaires, pas seulement ceux qui travaillent dans les CHSLD. Cela inclut donc aussi les préposés aux bénéficiaires qui travaillent dans les centres de réadaptation et les centres hospitaliers.

Autres employés

Pour l’ensemble de ses membres, la FTQ demande des augmentations salariales de 2 % par année, pour un contrat de trois ans.

Dans sa dernière proposition, Québec offrait 1,75 %, puis 1,75 et 1,5 %.

Les parties ne sont donc plus très éloignées l’une de l’autre.

La FTQ demande aussi qu’une somme équivalant à 0,87 % de la masse salariale soit consacrée à verser des augmentations plus élevées aux plus bas salariés, pour la troisième année de la convention.

« Prêt à signer »

En entrevue avec La Presse canadienne mardi, le président de la FTQ, Daniel Boyer, s’est dit « prêt à signer » les conventions collectives, si le Conseil du trésor accepte cette proposition globale.

« On serait très près d’une entente avec la proposition qu’on fait actuellement. On pense que nos membres accepteraient ça. Il faut comprendre que nos membres ne sont pas tous des préposés aux bénéficiaires. On trouve que ce serait correct, dans les circonstances. Si le Trésor dit oui, on signerait une convention collective avec ça », a affirmé M. Boyer.

De son côté, le premier ministre Legault s’est dit soucieux de voir « l’impact de l’augmentation sur le rangement des autres postes ». « C’est là qu’il y a encore des discussions à y avoir, entre autres », a-t-il ajouté.

Le rangement des emplois est une sorte de classification de tous les emplois, après qu’ils eurent été évalués (formation, exigences, etc). Plus un rangement est élevé, plus il commande une rémunération élevée. Les préposés sont au rangement 7, les infirmières auxiliaires au rangement 14, par exemple.

Or, la proposition de la FTQ n’entraîne pas d’« effet domino » sur les autres titres d’emploi, appréhendé par le premier ministre, a assuré M. Boyer.

Ajouts d’effectifs

La proposition globale de la FTQ prévoit également des améliorations aux conditions d’exercice — un thème cher à M. Boyer, qui a souvent revendiqué qu’« on ajoute des bras », puisque le personnel en place est épuisé et surchargé de travail.

M. Boyer cite en exemple la « titularisation » de postes à temps complet et à temps partiel, ce qui équivaut à ajouter des effectifs, des « titulaires » de ces postes.

« Déjà, des choses ont été convenues. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on souhaiterait, mais compte tenu des contraintes de temps… Les discussions pourraient se poursuivre », fait valoir M. Boyer.

Après la sortie de crise du coronavirus, les parties pourraient donc pousser plus loin les discussions sur ces ajouts de postes, puisqu’« il y a des budgets associés à ça, déjà », fait remarquer M. Boyer.

Le premier ministre Legault a lui-même souligné plusieurs fois, et encore mardi, que des budgets avaient été dégagés pour les CHSLD et des postes affichés… sans être comblés, parce que les gens n’étaient pas intéressés par les conditions de travail.

M. Boyer lui a répliqué : « il faut développer des postes intéressants, pas de 11 h à 19 h. Les gens ne veulent pas des heures brisées. Si c’est du temps partiel, ok, mais il faut un minimum d’heures. Il faut donner de meilleurs horaires, qu’on se parle de ratios ».