(Montréal) Un faible nombre de patients frappés par le coronavirus pourraient ensuite souffrir de psychoses, préviennent des chercheurs australiens.

La méta-analyse de 14 études scientifiques a examiné l’impact d’épidémies comme celles du SRAS-CoV-2, du syndrome respiratoire du Moyen-Orient ou de la grippe porcine sur les gens atteints de psychoses.

Entre 1 et 4 % des patients infectés par un virus présenteraient ensuite des symptômes psychotiques, comme des hallucinations ou des voix imaginaires.

« Ces résultats-là vont vraiment dans le sens de toutes les données que nous avions sur l’importance de la composante inflammatoire dans les psychoses, a commenté le psychiatre Marc-André Roy, qui enseigne à l’Université Laval.

« Ça me paraît tout à fait plausible et même probable qu’une augmentation des processus inflammatoires puisse entraîner une rechute de psychose. Quand on parle de la COVID, on parle d’une tempête inflammatoire, donc je pense que c’est parfaitement plausible biologiquement. »

Des données solides sur le lien psychose-inflammation et provenant d’études longitudinales démontrent que le niveau de marqueurs inflammatoires à l’adolescence, avant l’éclosion de la psychose, influence le risque du développement ultérieur d’un trouble psychotique, a-t-il ajouté.

De plus, les gens qui se présentent pour un premier incident psychotique, et qui n’ont jamais été traités pour une psychose, ont eux aussi des marqueurs inflammatoires élevés, poursuit le docteur Roy.

« Ça nous dit qu’il y a un processus inflammatoire important qui n’est pas dû au traitement de la psychose, a-t-il dit. Et lorsqu’on traite la psychose, on voit aussi une diminution des niveaux de marqueurs inflammatoires. »

Certains gènes qui augmentent le risque de maladies à composante inflammatoire sont aussi impliqués dans la psychose, indique le docteur Roy.

« Ça suggère que les troubles psychotiques ainsi que des maladies comme le diabète partagent une composante inflammatoire », a-t-il précisé.

Le stress a également été mis en cause dans la rechute psychotique et même dans le développement de la première psychose, probablement par le biais de mécanismes inflammatoires.

Dans un même ordre d’idée, la médecine sait depuis longtemps que le fait qu’une mère présente certains types d’infections pendant la grossesse augmente le risque pour ses enfants de développer une psychose ultérieurement.

Or, précise le docteur Roy, dans certains cas, on a affaire à des virus qui n’infectent pas nécessairement l’enfant, qui n’ont pas d’effet sur le système nerveux central, « donc ça suggérait que la réponse inflammatoire était en cause ».

« On se rend compte de plus en plus que les conséquences vont au-delà de l’effet direct du virus sur un tissu donné pour toucher plusieurs autres organes, a-t-il conclu. Ce n’est pas propre à la COVID, mais avec la COVID on découvre ça de façon massive parce qu’il y a tellement de gens infectés en même temps que ça le montre bien. »