Selon un coup de sonde mené par les trois commissions scolaires de l’île de Montréal auprès des parents, moins de la moitié des élèves seraient de retour en classe si le gouvernement Legault rouvrait les écoles de la métropole d’ici à la fin de mai.

Quand Québec a annoncé que les écoles de Montréal rouvriraient le 19 mai, les parents ont reçu un sondage pour leur demander s’ils avaient l’intention d’envoyer leurs enfants en classe. Ces sondages doivent être refaits en raison du report de l’ouverture des écoles dans la métropole, mais les premiers résultats donnent une idée de ce que pourrait être la fréquentation scolaire.

Les parents ne se montrent pas rassurés.

À la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île, dans l’est de Montréal, 66 % des parents n’avaient pas l’intention d’envoyer les enfants à l’école. Seuls 19 % des répondants avaient confirmé la présence de leurs enfants, tandis que 15 % n’étaient toujours pas fixés.

À la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, dans l’ouest de la métropole, c’est « près du tiers » des élèves qui sont attendus le 25 mai prochain.

À la Commission scolaire de Montréal (CSDM), la plus importante au Québec, les prévisions en vue d’un retour le 19 mai « tournaient autour de 50 % », nous écrit le porte-parole Alain Perron.

La réponse donnée par les parents varie énormément d’un quartier à l’autre, fait remarquer Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal.

Les milieux les plus multiethniques semblent moins vouloir envoyer leurs enfants à l’école, tandis que les milieux nantis semblent en envoyer plus.

Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal

Par exemple, seule une quarantaine d’élèves retourneraient à l’école du Petit-Chapiteau, dans Côte-des-Neiges, « tandis que des écoles de La Petite-Patrie vont avoir 70 % des élèves ».

Or, rappelle Catherine Beauvais-St-Pierre, l’objectif était d’abord de ramener en classe les élèves qui en ont le plus besoin, ce qui ne semble pas se dessiner.

Le commerce de détail avant les écoles

Selon un sondage web Léger publié cette semaine, 29 % des 1526 répondants canadiens — mais 45 % des 421 répondants québécois (tous sondés du 8 au 10 mai) — jugent qu’on devrait autoriser les écoles et garderies à rouvrir très bientôt, si tant est que les précautions de mise sont prises.

Bien que la réouverture des classes et de l’économie soit plus interreliée que semblent le réaliser les répondants, les Canadiens dans leur ensemble, comme les Québécois spécifiquement, sont beaucoup plus favorables à la réouverture des petits magasins de détail, des marchés des agriculteurs, des terrains de golf et des bureaux.

La date du 25 mai maintenue… pour l’instant

En entrevue avec La Presse plus tôt cette semaine, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a demandé aux commissions scolaires de la région métropolitaine de « garder le cap » sur la date du 25 mai pour une réouverture des écoles.

Les commissions scolaires se préparent donc en conséquence. La Commission scolaire de Montréal a conclu un contrat de gré à gré avec une entreprise pour l’achat de 291 674 $ de gel désinfectant pour les mains.

On apprend dans le contrat que les « fournisseurs homologués n’ont pas la capacité de répondre à l’ensemble des besoins de la CSDM pour le matériel requis ».

« Si aucune solution d’achat n’est identifiée, les écoles ne recevront pas le matériel et la CSDM ne pourra pas s’assurer que les mesures de prévention générales recommandées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) soient respectées », lit-on également dans les motifs évoqués pour conclure ce contrat.

— Avec la collaboration de Louise Leduc, La Presse

« Absolument absurde »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr Michel de Marchie, intensiviste à l’Hôpital général juif de Montréal

Selon le Dr Michel de Marchie, intensiviste à l’Hôpital général juif de Montréal (premier centre désigné pour recevoir les personnes atteintes de la COVID-19), la réouverture des écoles ce printemps dans la région de Montréal serait « absolument absurde ». Pour les écoles en périphérie, va pour le retour en classe, « mais je ne suis pas d’accord avec l’idée d’ouvrir les écoles montréalaises avant la prochaine rentrée », dans la mesure où le nombre de cas et de morts est beaucoup plus élevé qu’en Ontario, par exemple. Ici, on doit aller plus lentement, selon lui, parce qu’« on ne contrôle pas encore la situation ». L’extrême prudence est donc de mise, aussi bien pour le retour en classe que pour le port du masque, le Dr de Marchie se désolant que le gouvernement ne l’ait pas fortement recommandé (dans sa version artisanale) lors de déplacements.

— Louise Leduc, La Presse