Depuis la fermeture de la frontière canadienne en raison de la pandémie de COVID-19, le 21 mars, à peine 14 demandeurs d’asile irréguliers ont été interceptés par voie terrestre au Québec entre les points d’entrée au pays – dont le chemin Roxham – et ont été retournés aux États-Unis.

C’est ce que démontrent des statistiques fournies à La Presse par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

Au total au Canada, ce sont 26 demandeurs d’asile qui se sont présentés à la frontière terrestre entre le 21 mars et le 12 mai – en 53 jours – et qui ont été retournés aux États-Unis. Outre les 14 qui se sont présentés au Québec, neuf ont traversé la frontière en Colombie-Britannique et trois en Ontario.

Seulement deux demandeurs d’asile ont été autorisés à demeurer au Canada parce qu’ils correspondaient aux critères d’exception : soit qu’ils étaient membres d’une famille déjà au Canada, des mineurs non accompagnés, des citoyens américains souhaitant faire une demande ou des résidents apatrides des États-Unis.

Il s’agit d’une baisse draconienne du nombre de demandeurs d’asile qui entrent au Canada comparativement à la situation qui prévalait avant l’arrivée du coronavirus au pays.

En comparaison, au cours des trois premiers mois de l’année, donc juste avant la pandémie ou au tout début de celle-ci, 3035 demandeurs d’asile ont été interceptés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) entre les points d’entrée au Canada, dont 2992 au Québec.

« Les entrées illégales ont considérablement diminué depuis la fermeture de la frontière, tant au Québec que partout au Canada. La fermeture des frontières occasionne un renvoi direct aux États-Unis de tous les immigrants illégaux qui sont interceptés. Depuis la fermeture de la frontière, si quelqu’un entre illégalement à la frontière, on va l’intercepter », explique la caporale Geneviève Byrne, porte-parole de la Division C (Québec) de la GRC.

On suit les mesures sanitaires recommandées par l’Agence de la santé publique du Canada. Nos membres portent l’équipement de protection individuelle. On limite le contact et on respecte la distanciation avec les personnes interceptées.

Geneviève Byrne

« Si on intercepte une personne qui pénètre au pays entre les points d’entrée, on effectue les vérifications habituelles pour s’assurer qu’il n’y a pas de menaces à la sécurité nationale. Une fois celles-ci faites, on remet les individus aux agents de l’ASFC », décrit la caporale Byrne.

« À leur entrée au Canada, les demandeurs d’asile, qu’ils soient symptomatiques ou asymptomatiques, sont tenus d’entreprendre les procédures de quarantaine ou d’auto-isolement selon les directives d’un agent de contrôle ou de quarantaine. »

« Tous les demandeurs d’asile qui arrivent de façon irrégulière entre les points d’entrée, par exemple par le chemin Roxham, ou par voie aérienne ou maritime, seront renvoyés aux États-Unis, à moins qu’ils soient visés par une exception. Les personnes renvoyées aux États-Unis pourront faire une demande d’asile lorsque les restrictions frontalières seront levées », précise Judith Gadbois-St-Cyr, porte-parole de l’ASFC.

La frontière à l’œil

Malgré la pandémie et la fermeture des frontières, la GRC continue d’appliquer son programme de l’intégrité frontalière et ses patrouilleurs maintiennent leur surveillance à la frontière, que ce soit sur terre ou sur l’eau.

PHOTO FOURNIE PAR LA GRC

En collaboration avec la Garde côtière canadienne, les policiers de la GRC patrouillent dans les eaux pour veiller à ce que l’intégrité de la frontière soit respectée. Photo : courtoisie GRC.

Les patrouilleurs terrestres sont à l’œuvre sur toute la frontière avec les États-Unis, entre Salaberry-de-Valleyfield et le Nouveau-Brunswick, et dans les points d’entrée officiels de l’Agence des services frontaliers du Canada, au sud de Montréal, où les douaniers ont réduit leurs heures d’ouverture.

« Le U.S. Border maintient ses patrouilles de son côté, et ils peuvent aussi arrêter des gens, qui ne traverseront pas. Il n’y a pas seulement le chemin Roxham. Les gens peuvent traverser n’importe où. Nos ressources et la technologie sont là. On a du renseignement aussi. Tout ça mis ensemble, on est en mesure de rencontrer les objectifs », dit Geneviève Byrne.

Les équipes intégrées de la police des frontières en poste à Salaberry-de-Valleyfield, Saint-Jean-sur-Richelieu, Sherbrooke et Saint-Georges en Beauce, ainsi que les détachements de Québec, Rimouski, Gaspé et Sept-Îles, sont aussi mis à contribution pour effectuer des patrouilles nautiques sur le fleuve Saint-Laurent et les lacs Champlain, Saint-François et Memphrémagog. 

Des policiers de la GRC, membres de l’équipe d’enquête de la sécurité maritime, accompagnent des garde-côtes sur un navire de la Garde côtière qui patrouille sur le Saint-Laurent. 

« Même si la frontière est fermée, notre équipe intégrée de l’intégrité de la frontière est là, sur la frontière terrestre, les lacs et le fleuve Saint-Laurent. Malgré le contexte de la COVID-19, cela demeure notre priorité que nos citoyens soient en sécurité », assure la caporale Byrne.

Celle-ci demande à toute personne qui habite le long de la frontière et qui serait témoin de choses inhabituelles d’appeler la GRC au numéro de téléphone 1 800 771-5401. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4019, ou écrivez à drenaud@lapresse.ca

En chiffres 

88 % : baisse des passages à la frontière terrestre pendant la semaine du 4 au 10 mai 2020, par rapport à la même période l’an dernier. Les arrivées aux aéroports ont chuté de plus de 97 %.
99 % : baisse du nombre de voyageurs sur les vols en provenance des États-Unis, le 10 mai 2020, par rapport à l’an dernier. Le nombre de voyageurs aériens internationaux a chuté de plus de 96 %. 
33 % : baisse du nombre de camionneurs entrant au Canada par rapport à la même semaine l’an dernier
Source : Agence des services frontaliers du Canada