Il n’y aura pas de validation des titres de transport ni de reprise de paiement des tarifs dans les autobus de la Société de transport de Montréal (STM) tant qu’on n’aura pas trouvé une solution pour « sécuriser davantage le poste des chauffeurs », et que cette solution n’aura pas été mise en place dans les 1700 bus de la société.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a rendu public un « Guide des normes sanitaires en milieu de travail pour le secteur du transport collectif » qui recommande l’utilisation d’un écran de plexiglas pour isoler le chauffeur des passagers, afin de préserver celui-ci des risques de transmission de la COVID-19.

De nouvelles conditions sanitaires imposées par la pandémie vont aussi entraîner des changements majeurs dans les conditions d’exploitation des réseaux de transport, notamment en ce qui concerne le nettoyage quotidien des autobus. Cette mesure, mise en place d’abord en urgence, et considérée comme temporaire, va durer encore « des mois ».

Dans son guide, conçu en collaboration avec les organismes de santé publique, les syndicats et les transporteurs, la CNESST recommande que « des barrières physiques (cloisons pleines transparentes conformes aux normes en vigueur) [soient] installées entre le conducteur et la clientèle, sauf dans les autobus utilisés pour le transport adapté », où d’autres normes s’appliquent.

Le guide recommande de plus que les deux mètres de distance entre les usagers et l’habitacle du conducteur soient conservés, même après l’ajout d’une cloison ou d’un écran protecteur.

Dans un courriel à La Presse, la STM n’a pas confirmé que ces écrans portatifs, faciles à installer et à retirer lors des changements de chauffeur, seraient implantés dans l’ensemble de son parc d’autobus. La STM affirme travailler en collaboration avec la partie syndicale pour déterminer la meilleure façon de protéger ses chauffeurs.

Par contre, la STM a assuré mercredi que « différentes options sont envisagées, dont l’installation d’une barrière physique. D’ici à ce qu’une orientation soit entérinée, et que le déploiement soit complété sur l’ensemble des véhicules, l’embarquement par la porte arrière restera en vigueur », comme le recommande d’ailleurs le guide de la CNESST.

45 chauffeurs touchés

Le président du syndicat des 4500 chauffeurs de la STM, Renato Carlone, s’est dit ravi d’entendre ces mots de la STM, « qui vont contribuer à rassurer nos chauffeurs », parce que, dit-il, « il commence à y avoir un manque de confiance envers l’employeur ».

« Nos membres sont des soldats, a dit M. Carlone à La Presse mercredi. Depuis le début de la pandémie, ce sont des hommes et des femmes qui répondent présent, même s’ils sont préoccupés, très inquiets des risques. »

Je pense qu’une fois que ce sera confirmé, que les chauffeurs vont voir les panneaux de leurs propres yeux, je suis sûr que ça va les encourager à faire ce qu’ils et elles font depuis le début. Ça prend une protection. Et toutes les autres options ne marchent pas.

Renato Carlone

« On peut en déduire ce qu’on veut, poursuit-il, mais ce ne sera pas un rideau de douche, ni un masque, ce sera une paroi rigide facile à enlever. Ça fait 30 ans qu’on est dû pour quelque chose comme ça, de toute façon », affirme le représentant syndical.

Depuis le début de la pandémie, la STM, qui compte plus de 10 000 employés, fait état de 83 cas confirmés de COVID-19 parmi son personnel, en date du 4 mai. De ce nombre, 40 employés ont été déclarés rétablis.

Les chauffeurs d’autobus sont de loin le groupe d’employés le plus touché par le virus, avec 45 des 83 cas confirmés.

Nettoyage des bus

Le guide sanitaire de la CNESST impose aussi des obligations de nettoyage des voitures de métro et des autobus et la désinfection quotidienne de toutes les « surfaces fréquemment touchées dans les véhicules, tels les ceintures de sécurité, les sangles, les barres de maintien, les boutons d’appel des arrêts, les portes, les sièges », etc.

Depuis la fin d’avril, la STM peut compter sur des renforts de plusieurs centaines de ses employés de bureau pour prêter main-forte aux employés d’entretien, débordés par ces activités additionnelles de nettoyage quotidien — qu’on ne faisait qu’une fois par semaine avant la pandémie de COVID-19.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Depuis la fin d’avril, la STM peut compter sur des renforts de plusieurs centaines de ses employés de bureau pour prêter main-forte aux employés d’entretien.

Ces arrangements temporaires, a fait savoir la STM par courriel, pourraient être maintenus durant des mois.

« Actuellement, écrit la société, toute la STM est en mode pandémie et tous nos secteurs ont adapté leurs services et leurs façons de faire. Dans un contexte opérationnel fort différent où un grand nombre d’employés de la STM sont en télétravail, le déplacement des employés de bureau vers d’autres tâches a été planifié pour avoir un impact minimisé sur les services habituellement offerts et pourra être maintenu au courant des prochains mois. »

La STM indique de plus que « des discussions avec d’autres groupes d’employés ont également été amorcées pour prêter main-forte aux opérations d’entretien », qui vont aussi rester en vigueur jusqu’à nouvel ordre.

Les masques

Le nouveau guide impose des obligations de contrôle à l’employeur et de bonne foi aux employés des services de transports collectifs, mais il n’impose pas le port d’un masque couvrant le bas du visage aux usagers du métro et des bus. Le port du masque est toutefois « fortement recommandé » par la STM. La CNESST recommande aux sociétés de transport, sur ce point, d’« installer des pancartes ou des affiches qui recommandent aux clients le port du couvre-visage, et rappellent les règles d’hygiène des mains et d’étiquette respiratoire ».

Mercredi, le parti municipal Ensemble Montréal, opposition officielle au conseil municipal de la métropole, a de nouveau réclamé que le port du masque soit rendu obligatoire dans les transports collectifs. Le parti affirme qu’une motion sera déposée à la prochaine séance du conseil, le 25 mai, afin d’assurer la sécurité dans les autobus.

« La recommandation de porter un couvre-visage ou un masque ne suffit pas, selon le conseiller Lionel Perez, chef de l’opposition officielle. Cela laisse la place à une interprétation individuelle. Il faut que cela devienne une règle comme celle de la distanciation sociale. »

Selon M. Perez, le respect du règlement serait confié aux agents de sécurité de la STM, mais il n’est pas question de donner des constats d’infraction pour ce motif.