Confrontés à une congestion importante de ses lits, des hôpitaux de la grande région de Montréal ont transféré ces derniers jours des patients atteints de la COVID-19 en Mauricie.

Depuis mardi, trois patients ont été envoyés par ambulance au Centre hospitalier affilié universitaire régional de Trois-Rivières (CHAUR), qui possède une capacité de 16 lits pour la COVID-19. Kellie Forand, porte-parole du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, explique que deux de ces patients sont hospitalisés aux soins intensifs et proviennent de Joliette et de l’hôpital Santa Cabrini. Un transfert d’un patient de l’hôpital Anna-Laberge de Châteauguay, qui doit être hospitalisé, mais pas aux soins intensifs, était aussi attendu mercredi après-midi.

« Ces transferts traduisent le fait que le système hospitalier est relativement saturé aux étages dans le Grand Montréal. On a de la misère à sortir les patients des hôpitaux », résume le président de la Société des intensivistes du Québec, le Dr Germain Poirier.

Questionnée à ce sujet, la ministre de la Santé, Danielle McCann, a dit en conférence de presse que les transferts de patients à l’extérieur de Montréal ont pour objectif de « diminuer la pression sur l’île de Montréal ». Selon la ministre, cette pression augmente entre autres « parce que les autres activités reprennent aussi à Montréal. […] Les chirurgies aussi reprennent. On veut augmenter le volume de chirurgies à 50 % du potentiel. C’est ce qui est fait graduellement aussi à Montréal.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Danielle McCann, ministre de la Santé

On veut enlever un peu de pression, et c’est pour ça qu’on transfère quelques patients, notamment.

 Danielle McCann

La grande région de Montréal est toujours en phase “3B” de son plan de contingence préparé en prévision de la pandémie, affirme le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Ce plan détermine quels hôpitaux doivent recevoir des patients atteints de la COVID-19. Ce plan comporte quatre niveaux d’alerte. Selon ce plan, il est prévu que Trois-Rivières puisse accueillir des patients atteints de la COVID-19.

C’est le COOLSI (Coordination des lits de soins intensifs) qui a le mandat de gérer les lits de soins intensifs et d’hospitalisation au Québec depuis le début de la pandémie. C’est cette entité qui décide de transférer ou non des patients à l’extérieur de la métropole.

Manque de personnel

Depuis la semaine dernière, la région de Montréal fait face à une congestion de ses lits d’hospitalisation, selon le Dr Poirier. Notamment parce que pendant des semaines, les transferts de patients vers les CHSLD ont été stoppés, car ces milieux étaient aux prises avec d’importantes éclosions. Ces transferts ont lentement repris depuis la fin de semaine dernière, a annoncé La Presse mardi. Des lits pourront ainsi être libérés.

Le gouvernement mise aussi sur l’installation de “zones tampons”. “On a à peu près 700 places, actuellement, dans les zones tampons à Montréal, a dit la ministre McCann. Ça, c’est des endroits comme des hôtels, l’Hôtel-Dieu. Et on a les endroits physiques, mais on manque de personnel pour transférer davantage de personnes qui sont à l’hôpital actuellement et qui pourraient aller dans des zones tampons.”

Mme McCann a dit que l’on continuait de tenter d’attirer des travailleurs dans le réseau, notamment par le site Je contribue : “Parce qu’on a besoin de ce personnel-là pour voir à des personnes qui iraient dans des zones tampons, ouvrir davantage de zones tampons.”

Le Dr Poirier souligne qu’alors que Québec demande aux hôpitaux d’augmenter le nombre d’interventions chirurgicales réalisées chaque jour, plusieurs médecins “ont de la misère à concevoir comment y arriver avec un système passablement engorgé”.

“Oui, les zones tampons peuvent être une solution, indique le Dr Poirier. Mais il faudrait cloner du monde pour y travailler. […] Même si tu ouvres le Stade olympique et que tu y mets 1000 lits, qui va les gérer, ces lits ?”