Une autre travailleuse du milieu de la santé et des services sociaux aurait succombé à la COVID-19, selon son syndicat. Cette fois, il s’agit d’une technicienne en travail social du Centre-du-Québec qui aurait été contaminée dans le cadre de ses fonctions.

Dans un communiqué publié mardi par l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), le syndicat confirme le décès de Laurence Ménard, une employée du CLSC Drummond âgée de 33 ans, « à la suite de complications dues à la COVID-19, contractée dans le cadre de son emploi ».

La jeune femme d’Acton Vale était mère soloparentale d’un jeune garçon.

En entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, la présidente de l’exécutif local de l’APTS au CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Véronique Neth, explique qu’une enquête épidémiologique doit d’abord être menée par les autorités de santé publique avant de pouvoir confirmer la source de la contamination ainsi que la cause du décès.

Sa famille a cependant obtenu confirmation, mardi après-midi, que le test de dépistage au coronavirus s’est avéré positif. Virginie Ménard raconte que sa sœur a commencé à ressentir des symptômes de la maladie vendredi soir dernier, le jour de son anniversaire.

« Elle est allée se coucher. Elle se sentait fatiguée, mais pour elle c’était sûrement dû au fait qu’elle travaillait beaucoup dernièrement », décrit sa cadette.

Puis, samedi la fièvre a grimpé et dimanche Laurence Ménard aurait commencé à souffrir de douleurs à la poitrine. En communiquant avec le 811, on lui a conseillé de se rendre à l’hôpital, elle a donc appelé une ambulance.

« C’est elle-même qui parlait au téléphone, elle a marché jusqu’à l’ambulance », précise sa sœur qui ne s’attendait absolument pas à un dénouement aussi funeste que fulgurant.

Sur le coup de minuit, dans la nuit de dimanche à lundi, ses parents ont reçu un appel leur demandant de se rendre d’urgence à Montréal, où Laurence Ménard avait été transférée parce son état se dégradait.

À leur arrivée, leur fille était déjà décédée.

Selon Virginie Ménard, sa sœur ne souffrait d’aucune maladie chronique ou autre condition grave. Celle-ci avait récemment dû se soumettre à un rigoureux examen de santé qui n’avait rien détecté.

Dans le cadre de ses fonctions, elle veillait au soutien à domicile principalement en coordonnant les services disponibles avec les besoins de ses patients, dont des personnes âgées en perte d’autonomie.

« Sa clientèle était surtout dans des résidences de personnes âgées, dont une où l’on sait qu’il y avait des cas », soutient Virginie Ménard.

Véronique Neth, de l’APTS, révèle que les techniciennes en travail social ne disposaient pas d’équipement de protection individuel au début de l’épidémie. Des consignes plus strictes ont été imposées depuis, dont le port du masque de procédure ainsi que l’utilisation de désinfectant pour les mains.

Elle précise tout de même que malgré toute la bonne volonté du personnel, la nature de leur travail complique souvent le respect de la distance physique de deux mètres lorsqu’on doit rencontrer les gens chez eux et s’asseoir à la même table.

« Un million d’amis »

Virginie Ménard parle de sa grande sœur comme une jeune femme appréciée de tout le monde. « Elle avait un million d’amies et je le constate avec tous les messages que je reçois », confie-t-elle.

« Laurence avait beaucoup de caractère, elle avait du “guts”. Elle était franche et ne passait pas par quatre chemins pour dire ce qu’elle pensait, mais elle était aussi à l’écoute et présente pour tout le monde », témoigne sa frangine.

Selon les informations partagées par son syndicat, Laurence Ménard était connue de ses collègues comme une passionnée de théâtre et de musique.

La présidente de l’APTS, Andrée Poirier, soutient qu’elle était une « amie dévouée », appréciée de ses collègues.

« Elle avait un cœur immense et s’impliquait depuis des années pour améliorer les conditions de travail de ses pairs, aider les autres et être sur le terrain », renchérit Véronique Neth.

En ces circonstances difficiles, Andrée Poirier tient à souligner que les travailleurs de la santé et des services sociaux « malgré les risques, travaillent à prendre soin de la population ».

Les décès de trois préposées aux bénéficiaires ont déjà été rapportés depuis le début de la pandémie, soit Victoria Salvan, Stéphanie Tessier et Marina Thenor Louis.