L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) propose au gouvernement du Québec un plan d’investissement dans les transports collectifs de 9,2 milliards sur trois ans afin de contribuer rapidement à la relance de l’économie ébranlée par la pandémie de COVID-19.

Après un mois de discussions et d’arbitrages parfois difficiles entre les partenaires, le conseil d’administration de l’ARTM a approuvé vendredi dernier le Plan d’actions priorisées en transport collectif. Il a été transmis à Québec dans une perspective de réalisation à court terme de projets – certains déjà prévus dans le budget provincial, alors que d’autres sont nouveaux.

C’est notamment le cas du prolongement de la ligne orange du métro, de Côte-Vertu jusqu’à Bois-Franc, ce qui permettrait un raccordement avec la station du futur Réseau express métropolitain (REM). La mairesse Valérie Plante en avait fait la promotion, mais l’idée avait été écartée lors du dernier budget du gouvernement Legault. De plus, une nouvelle version du projet de tramway dans l’est de Montréal, dans l’axe de la rue Notre-Dame, est proposée. Le tramway pourrait se rendre jusqu’à Repentigny, recommande-t-on.

Impulsion économique 

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a collaboré étroitement à ce plan qui comporte 16 projets ou interventions et qui s’articule autour de cinq axes d’intervention, dont la construction d’infrastructures et l’électrification des transports. Il est proposé que la facture totale de 9,2 milliards incombe à 100 % aux gouvernements du Québec et du Canada.

Le plan est présenté comme une solution pour donner une impulsion à l’économie dans les secteurs des services professionnels, de la construction, de la fabrication manufacturière ainsi qu’auprès des fournisseurs de technologies de l’information. L’ARTM cite d’ailleurs une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui conclut que l’impact des transports collectifs sur l’économie du Québec « se répercuterait en retombées près de trois fois supérieures à celles du transport privé par automobiles ».

« On a regardé quels sont les projets qui pourraient être débloqués rapidement. L’idée, c’est de voir des ‟pépines” et du monde au travail. On veut créer de l’engouement », a indiqué la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante, lors d’un entretien avec La Presse. Comme elle le fait depuis des mois, la mairesse a rappelé que les transports collectifs doivent être pensés en fonction de la région et non pas dans une vision de compétition entre municipalités.

Trois phases d’investissement

Le plan de l’ARTM propose trois phases de réalisations, dont une série d’interventions rapides de près de 2 milliards dès 2020-2021. Parmi celles-ci, il est notamment question d’accélérer l’aménagement de voies réservées aux autobus et au covoiturage. Une enveloppe de 120 millions est estimée pour ces projets (pour un total de 240 millions d’ici 2023).

Certains de ces projets sont déjà inscrits au Plan québécois des infrastructures (PQI) et concernent les couronnes nord et sud : autoroutes 13, 15, 20, 25, 30, 40 440 et 640. Montréal n’est toutefois pas en reste, puisqu’on recommande la création de voies réservées sur les boulevards René-Lévesque, Henri-Bourassa et Saint-Laurent/Saint-Urbain ainsi que sur les chemins de la Côte-des-Neiges et Côte-Vertu/Sauvé. Un plan détaillé en préparation à la Ville devait être présenté ce printemps, mais la pandémie de COVID-19 a tout bousculé.

La deuxième phase du plan de l’ARTM prévoit des investissements de 2,3 milliards en 2022. La dernière phase de réalisation s’effectuerait à partir de 2023 et nécessiterait 4,9 milliards. C’est durant cette période que serait réalisé, par exemple, le tramway dans le corridor des boulevards Taschereau et Roland-Therrien, sur la Rive-Sud. Il s’agit d’un projet de 2,5 milliards, selon les premières évaluations.

Agir rapidement 

Pour agir plus rapidement, l’ARTM propose de combiner les différentes phases préparatoires et d’approbation des projets (dossiers d’opportunité et dossiers d’affaires), établissant un nouvel échéancier de travail de 18 à 24 mois plutôt que le processus actuel qui s’étire jusqu’à 36 mois, parfois davantage. Ce processus de préparation des projets majeurs est encadré par la Loi sur les infrastructures publiques.

Le directeur général de l’ARTM, Benoît Gendron, souligne toutefois que cette façon de faire ne modifierait en rien l’obligation de lancer des appels d’offres publics. « Nous sommes toujours assujettis à l’ensemble des règles habituelles d’approvisionnement », a-t-il affirmé.

Dans le contexte d’accélération des projets, l’ARTM plaide en faveur de l’adoption d’une loi spéciale permettant de simplifier l’expropriation des terrains nécessaires aux projets majeurs. Les propriétaires dont l’immeuble est visé ne pourraient plus contester l’expropriation devant les tribunaux, mais seulement l’ampleur de l’indemnité proposée. « Dans le cas du prolongement de la ligne bleue du métro, l’adoption d’un tel projet de loi serait un atout afin de respecter le calendrier de réalisation », plaide l’ARTM.