Alexis Rousseau-Saine est devenu vendredi le premier donneur de plasma québécois d’un essai clinique pour tenter de transférer les anticorps de personnes guéries de la COVID-19 à des patients atteints du virus.

« Il y a un gros potentiel d’aider des gens très malades », s’est réjoui le résident en orthopédie de 30 ans.

Le plasma – la partie liquide du sang dans laquelle se trouvent les anticorps – devrait être transfusé à un patient d’ici une semaine.

« Préparer un essai clinique, d’habitude, ça prend environ deux ans. Là, ça s’est fait en quelques semaines », a souligné Philippe Bégin, coresponsable de l’étude.

Le chercheur, immunologue au CHUM et au CHU Sainte-Justine, espère que les résultats seront connus rapidement, mais il est important de ne pas tourner les coins ronds, a-t-il averti. Les premières conclusions de l’essai clinique, mené par l’Université de Montréal, l’Université de Toronto et l’Université McMaster, à Hamilton, pourraient être publiées d’ici trois à dix mois.

Un ex-footballeur renversé par la COVID-19

Alexis Rousseau-Saine a commencé à ressentir des symptômes de la COVID-19 à la mi-mars. Impossible de savoir s’il a attrapé le virus à l’hôpital pendant sa résidence ou ailleurs.

Le coronavirus a frappé fort l’ancien capitaine des Carabins de l’Université de Montréal – un colosse de 6 pi 6 po, pourtant en bonne santé. « Ç’a été vraiment rough, c’était comme la pire grippe de ma vie », a-t-il raconté samedi, prenant une pause de son travail à l’hôpital pour raconter son expérience.

Ça a duré un bon 12 jours, j’étais au lit, je faisais de la fièvre, j’avais mal partout.

Alexis Rousseau-Saine, premier donneur québécois de plasma convalescent

Aujourd’hui, il est complètement remis. Dès qu’il a entendu parler de l’étude, le médecin en dernière année de résidence a voulu y participer, pour aider des malades moins chanceux que lui. « Dans n’importe quel domaine, on sait que c’est la recherche qui fait avancer les choses », a-t-il noté.

PHOTO FOURNIE PAR ALEXIS ROUSSEAU-SAINE

Alexis Rousseau-Saine lors de son don de plasma

Il a de nouveau rendez-vous vendredi pour son prochain don, puisqu’il est possible d’en faire un chaque semaine.

Dons

Au Québec, c’est Héma-Québec qui prélève le plasma convalescent, dans les régions de Montréal et de Québec. Le donneur doit déjà avoir reçu un diagnostic positif à la COVID-19 et ne plus avoir de symptômes depuis au moins 14 jours. Les femmes participant à l’étude ne doivent pas avoir d’antécédents de grossesse, en raison d’une réponse immunitaire indésirable de certains anticorps.

La transfusion se fera chez des patients hospitalisés, mais avant qu’ils ne soient aux soins intensifs, a précisé Philippe Bégin. Quelque 400 patients québécois pourraient recevoir un don de plasma convalescent dans le cadre de l’étude.

Des essais sont en cours dans plusieurs pays, dont la France et les États-Unis. Deux études ont été publiées dans les revues JAMA et PNAS, après des tests auprès de patients chinois. Les résultats se sont révélés généralement positifs.

Si la médecine suit avec intérêt cette piste, il ne faut pas se réjouir trop vite. « C’est encore très hypothétique, a dit Philippe Bégin. On va voir si l’étude fonctionne. »

Chose certaine, a-t-il ajouté, l’approche doit passer par la recherche, puisqu’on en sait encore très peu sur le virus.

L’Organisation mondiale de la santé a rappelé samedi qu’il n’existe pas de preuve que les personnes infectées soient par la suite immunisées et protégées contre une réinfection.

Alexis Rousseau-Saine en est bien conscient et revêt tout l’équipement nécessaire avant de s’approcher des patients qu’il traite. Il se préparait samedi à passer la nuit à donner un coup de main aux préposés aux bénéficiaires et aux infirmières. « On essaie d’aider », a résumé le médecin.

– Avec Mathieu Perreault, La Presse

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