(Montréal) Habituée d’accueillir des réunions d’affaires, des congrès internationaux et autres rendez-vous sportifs, Montréal a vu au moins 70 de ces évènements être annulés depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Des quelque 140 conférences d’affaires prévues dans la métropole d’ici la fin juin, près de 50 ont aussi été reportées alors que l’on ignore toujours ce qu’il adviendra de 21 autres évènements, selon des données fournies par Tourisme Montréal à La Presse canadienne.

Le tourisme d’affaires ratisse large, puisqu’il englobe par exemple les congrès réunissant des professionnels ainsi que des rendez-vous comme le repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH) — qui devait avoir lieu dans la métropole en juin mais qui a été reporté.

« On sous-estime parfois l’impact d’accueillir 2000 délégués à la fois pour une conférence », a expliqué en entrevue téléphonique le président-directeur général de Tourisme Montréal, Yves Lalumière.

« Par exemple, l’annulation des mondiaux de patinage artistique, ça nous a fait mal, parce que c’était en mars, dans un moment où les restaurants et les hôtels sont un peu moins fréquentés par rapport à la saison estivale, a-t-il souligné. On devait accueillir l’International Society for Heart and Lung Transplantation en avril, ce qui représentait 10 000 nuitées. C’est reporté en 2024. »

Selon Tourisme Montréal, les évènements reportés jusqu’à présent représentent des dépenses directes estimées à 55 millions — dont 70 000 nuitées réservées à l’hôtel — qui vont s’évaporer. Le repêchage du circuit Bettman représentait jusqu’à 8000 nuitées dans la métropole.

La plupart des évènements ont été déplacés en 2023 ou même en 2024, a précisé M. Lalumière, en soulignant que le calendrier du Palais des congrès de Montréal était déjà bien rempli pour les deux prochaines années. Toutefois, un rendez-vous d’envergure comme la Conférence de Montréal, qui devait se tenir en juin, aura quand même lieu cette année, mais en décembre.

En 2019, 14 % des touristes, soit environ 1,5 million de personnes, sont venus à Montréal par affaires. Ils ont dépensé près de 930 millions, ce qui représente 21 % du total des dépenses touristiques de 4,5 milliards.

Si la chaîne Germain Hôtels n’accueille pas de rendez-vous internationaux dans ses établissements, les gens d’affaires représentent néanmoins entre 60 % et 65 % de sa clientèle, selon sa cofondatrice et coprésidente Christiane Germain.

« L’avantage, c’est sa fidélité, a-t-elle expliqué au cours d’une entrevue téléphonique. C’est important parce qu’ils ont tendance à vouloir retourner dans les hôtels où ils se sentent confortables. Ce n’est pas toujours facile de voyager, alors quand on trouve un endroit où l’on se sent un peu comme chez soi, c’est agréable. »

Alors que les autorités gouvernementales parlent de plus en plus de déconfinement, Mme Germain ne s’attend pas à une reprise immédiate des déplacements au sein de la communauté d’affaires. À son avis, cette clientèle devrait continuer à faire l’objet de restrictions en ce qui a trait aux déplacements, contrairement à la clientèle de loisir.

Encore de l’espoir ?

En dépit d’une vague d’annulations et de reports, M. Lalumière a indiqué que le portrait est encore intéressant pour septembre et octobre, deux mois où le nombre de nuitées est demeuré stable, du moins pour l’instant.

« Ce qui est très important pour nous, c’est d’avoir un protocole sanitaire, a dit le président-directeur général de Tourisme Montréal. La ville peut être encore relativement pleine (en septembre et octobre). Il faut cependant que les autorités gouvernementales nous donnent les règles du jeu. »

Selon lui, il sera possible, dans des hôtels et des endroits comme le Palais des congrès, de s’assurer que l’on respecte la règle de distanciation de deux mètres. On peut par exemple également distribuer des masques sur place et s’assurer qu’il y ait suffisamment de stations de lavage des mains.

À l’échelle nationale, c’est au Québec que l’on retrouve la majorité des cas de COVID-19 et des décès liés au nouveau coronavirus, alors que Montréal est particulièrement touchée.

Est-ce que cela pourrait nuire à Tourisme Montréal ?

« Ça ne me tracasse pas, mais c’est sûr que cela m’agace un peu de voir que nous sommes en train de se forger (cette réputation), a dit M. Lalumière. Du côté corporatif, je ne crois pas que cela aura d’impact. Au niveau individuel, peut-être. »