Un centre de formation pour les agents correctionnels situé à Laval héberge actuellement des ex-détenus fédéraux en isolement médical, a confirmé Service correctionnel Canada (SCC) à La Presse. Au moins cinq ex-détenus fédéraux de la région de Montréal ont reçu un test positif depuis deux semaines.

Le Centre d’apprentissage et de perfectionnement correctionnel, situé sur le boulevard Lévesque Est, à Laval, héberge une clientèle bien différente ces jours-ci. D’ex-détenus fédéraux assignés en maison de transition ont été relogés temporairement dans les résidences de cet établissement du SCC chargé de la formation des agents correctionnels, appelé familièrement collège.

« Dans une maison de transition où j’ai des chambres doubles, triples ou quadruples, ce n’est pas un environnement favorable pour faire un isolement médical adéquat », explique la directrice du district Montréal métropolitain, Anne-Marie Labalette.

Sur environ 1200 ex-détenus qui résident en maison de transition ou sont en surveillance à domicile dans la région de Montréal, cinq ont reçu un résultat positif entre le 10 avril et le 23 avril, indique Mme Labalette.

SCC avait précédemment répondu, le 14 avril, ne pas pouvoir confirmer le nombre de cas positifs « parce qu’ils reçoivent leurs soins de santé dans des établissements de santé publique locaux et que les tests sont administrés dans la collectivité ».

Selon les informations recueillies par La Presse, au moins un cas aurait été confirmé parmi les ex-détenus hébergés au Centre correctionnel communautaire (CCC) Ogilvy, à Montréal, une maison de transition qui appartient au SCC. La personne infectée, ainsi qu’une partie des résidants, auraient été transférés au centre d’apprentissage de Laval, afin que tous puissent être placés en isolement dans une chambre simple.

« Je ne peux pas vous confirmer que ce soit à l’intérieur d’ Ogilvy ou ailleurs », dit Mme Labalette en évoquant des raisons de confidentialité. « Mais oui, j’en ai en maison de transition et en CCC. »

Des ex-détenus ont cependant exprimé de l’inquiétude devant le retour à la cohabitation en chambre double dans leur maison de transition. À Laval, les cas infectés sont logés dans une section distincte, mais selon un ex-détenu qui a demandé de ne pas être nommé, au moins un cas d’abord asymptomatique s’est déclaré durant le séjour, et l’isolement de ceux qui l’ont côtoyé n’a pas été prolongé.

Si le compteur de l’isolement médical n’a pas été reparti à zéro pour 14 jours, c’est que la santé publique, qui travaille avec le SCC, a jugé que « l’isolement médical a été maintenu un niveau adéquat », dit Mme Labalette.

Masque aléatoire

Le SCC a imposé plusieurs mesures aux ex-détenus hébergés dans ses établissements, dont « le port de masques dans toutes les aires communes pour tout le monde ». La présence des commissionnaires a aussi été augmentée pour assurer le respect des mesures.

Les consignes sont appliquées avec sévérité en CCC, mais pas au Centre de Laval, affirme un ex-détenu qui y a séjourné. « Plusieurs ne portent pas leur masque », témoigne-t-il. Comme beaucoup, il préférerait être confiné à son domicile plutôt qu’en maison de transition.

Des groupes d’avocats et de défense des droits de la personne ont aussi demandé que les détenus et ex-détenus ne présentant pas de risques soient libérés plus rapidement à domicile, afin de réduire les risques de contagion.

Des cas ont déjà été déjà acceptés dans la région de Montréal, et le SCC continue « d’explorer toutes les avenues possibles pour maintenir la sécurité du public et favoriser la santé publique au sens large », note Mme Labalette.

Au moins 120 cas ont été confirmés parmi les détenus fédéraux incarcérés au Québec, indiquent les chiffres du SCC datés du 22 avril.

– Avec la collaboration de Mathieu Perreault.