À partir de vendredi, 150 professionnels formés en soutien psychologique appuieront les travailleurs de la santé de l’Ouest-de-l’Île. Cette décision a été prise dans la foulée de la mort de Victoria Salvan, préposée aux bénéficiaires du CHSLD Grace Dart, des suites de la COVID-19.

« La situation est évidemment difficile pour tout le monde », explique Gustavo Turecki, directeur du département de psychiatrie de l’Université McGill et chef du département de psychiatrie du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. « Il fallait trouver une solution pour soutenir les gens qui font leur travail. Nous avons créé un mécanisme de soutien, un système de soutien par les pairs. Des fois, il ne faut pas nécessairement avoir de l’écoute active, seulement quelqu’un avec qui partager, avoir le sentiment d’être compris. »

Cette équipe, qui comporte une dizaine de médecins, des travailleurs sociaux, des psychologues et d’autres professionnels, est déjà disponible pour les proches des patients des CHSLD qui ne peuvent voir leurs parents malades ou dont les parents sont morts durant la crise de la COVID-19. L’an dernier, cette brigade avait été appelée en renfort pour soutenir les sinistrés des inondations. L’idée de la rendre disponible aux travailleurs de la santé a germé la semaine dernière.

Le CHSLD Grace Dart est situé dans l’est de Montréal, mais « pour des raisons culturelles », parce qu’il s’agit d’un établissement pour la population anglophone, il relève du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Le Dr Turecki s’est rendu samedi au CHSLD Grace Dart pour rencontrer les employés secoués par la mort de Mme Salvan, qui travaillait là depuis 25 ans. Le lendemain, un collègue psychiatre s’y est rendu lui aussi, vu la détresse des employés.

PHOTO FOURNIE PAR VALÉRIE VERRET

Victoria Salvan

« Pour les travailleurs de la santé, il y a beaucoup de stress, dit le Dr Turecki. Le travail est plus dur, parce qu’il y en a plus à cause de la COVID-19 et parce qu’une partie de leurs collègues ne sont pas disponibles. Il y a le stress de devoir aider les patients sans se faire contaminer. Dans un CHSLD en plus, c’est un endroit où les gens éventuellement vont mourir. »

Soutien téléphonique ou par conférence vidéo

Est-ce plus dur à Grace Dart ? « C’est partout pareil, répond le Dr Turecki. Mais évidemment, pour les collègues de la préposée qui est décédée, c’est particulièrement difficile. On a dû intervenir rapidement pour aider les collègues. »

On soutient activement les gens là-bas dans cette situation exceptionnelle et très triste, qui les a touchés de près.

Gustavo Turecki, chef du département de psychiatrie du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Le service de soutien sera téléphonique ou par conférence vidéo, sur une plateforme sécurisée autorisée pour la télémédecine. Les 150 professionnels qui y travailleront le font bénévolement, en plus de leur travail habituel dans le réseau de ce CIUSSS. Les employés des CHSLD et de tous les établissements du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal y accéderont par téléphone et par courriel. « On va voir à ce qu’ils ne soient pas référés à quelqu’un du même établissement, pour des raisons de confidentialité », dit le Dr Turecki. Des rencontres en personne pourront être possibles si nécessaire.

Les proches aidants et les bénévoles appelés en renfort dans les CHSLD y auront-ils droit ? « C’est une bonne question, dit le Dr Turecki. J’imagine que oui. »

Les directeurs de la psychiatrie d’autres CIUSSS ont-ils demandé des informations sur cette brigade au Dr Turecki ? « Pas encore, dit le Dr Turecki. Mais il y a une bonne concertation entre les hautes directions des CIUSSS, alors ce n’est qu’une question de temps. »