(Ottawa) Les travaux du Parlement sont des services essentiels, a fortiori en temps de crise, estime le chef intérimaire du Parti conservateur Andrew Scheer, qui tient mordicus à ce que le gouvernement Trudeau rende des comptes devant les élus des mesures qu’il a déjà prises et détaille celles qu’il veut prendre pour limiter les conséquences néfastes de la pandémie de COVID-19.

Répondant aux critiques du premier ministre Justin Trudeau, qui a affirmé dimanche matin qu’il serait « irresponsable » de reprendre les travaux parlementaires comme prévu lundi en raison de la pandémie, M. Scheer a affirmé qu’il est faux de prétendre que tous les 338 députés doivent se rendre dans la capitale fédérale alors que les autorités pressent depuis des semaines les Canadiens à rester à la maison pour freiner la propagation du virus.

M. Scheer a soutenu que le Parti conservateur dépêchera un nombre restreint de députés à Ottawa, comme il l’avait lors des deux séances précédentes où un groupe réduit de 32 députés représentant le poids politique des partis aux Communes depuis les dernières élections ont adopté des projets de loi pour mettre en œuvre des plans d’urgence pour venir en aide aux familles, aux travailleurs et aux entreprises durement touchés par la crise.

« Le premier ministre induit la population en erreur en disant que les 338 députés doivent être à Ottawa lundi. C’est faux. On peut continuer à suivre le même modèle que nous avons élaboré dans le cas des deux séances précédentes », a fait valoir le chef conservateur, qui tient à ce que la Chambre des communes siège trois fois par semaine et en personne.

À moins de revirement de taille, donc, des députés de toutes les formations politiques devront se rendre à Ottawa lundi afin de reprendre les travaux parlementaires, suspendus depuis le 13 mars à cause de la pandémie.

Selon M. Scheer, il importe que le Parlement reprenne ses travaux afin de forcer le gouvernement Trudeau à rendre des comptes. Dans plusieurs autres pays comme le Japon et la France, entre autres, les Parlements continuent de siéger. Il a aussi affirmé qu’un gouvernement qui rend des comptes le mène à adopter de meilleurs programmes pour les Canadiens. « Les Canadiens sont mieux servis quand leur Parlement fonctionne », a offert M. Scheer.

Il a ajouté que l’idée de tenir un Parlement virtuel, comme le proposent les libéraux, est inadéquate en ce qu’il existe des problèmes de connectivité pour les députés qui représentent des circonscriptions rurales ou des régions éloignées.

De toute manière, cette proposition qui fait l’objet d’une étude par un comité parlementaire ne pourrait pas être mise en œuvre avant trois semaines encore alors que la crise continue de sévir à travers le pays.

Dimanche matin, M. Trudeau a confirmé qu’il n’y a toujours pas d’accord entre son gouvernement et les partis de l’opposition pour éviter un rappel du Parlement lundi.

« Ce serait irresponsable pour la Chambre des communes de réunir comme prévu lundi avec tous les députés et les employés de soutien », a affirmé le premier ministre, s’indignant de l’insistance du Parti conservateur à tenir trois jours de session parlementaire.

Après plusieurs jours de négociations, il a été impossible de conclure
une entente les partis fédéraux sur un possible retour aux Communes. Les conservateurs continuent de réclamer trois séances en groupe réduit mais en personne par semaine.

Le gouvernement libéral minoritaire proposait plutôt une seule séance hebdomadaire en groupe réduit en personne, en plus d’une séance plus élargie mais virtuelle. Les néo-démocrates l’ont convaincu d’ajouter une seconde séance virtuelle par semaine. Les séances virtuelles ne seraient complètement en place qu’à partir de la semaine du 4  mai.  

Les travaux à la Chambre des communes ont été suspendus le 13  mars, d’un commun accord, jusqu’au 20  avril, en raison de la pandémie. Tous les partis doivent s’entendre pour prolonger cette suspension.  

Le Bloc québécois, de son côté, a dit que dans tous les scénarios, il n’enverrait que trois députés en personne aux Communes la semaine prochaine. Selon les néo-démocrates, la semaine prochaine il ne serait possible que de tenir une séance en personne. La semaine suivante, on pourrait avoir une première rencontre virtuelle en plus de la séance en personne. La semaine du 4  mai, on passerait à deux rencontres virtuelles et à une rencontre en personne en groupe réduit à Ottawa.

De leur côté, les sénateurs se sont entendus pour repousser leur retour aux travaux parlementaires au 2  juin.

– Avec La Presse canadienne