(Montréal) Les proches aidants voulant se rendre dans un CHSLD pour s’occuper d’un être cher devront prendre leur mal en patience, au moins pendant quelques jours, sur l’île de Montréal.

La directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, l’a indiqué jeudi au cours d’une conférence de presse.

Mardi, le premier ministre du Québec, François Legault, avait annoncé que certains proches aidants déjà connus du réseau pourraient aller dès jeudi dans les CHSLD uniquement pour soigner leur être cher.

C’était également le souhait de la Dre Drouin, mais ses directeurs régionaux et elle ont convenu qu’il faudra attendre quelques jours avant d’ouvrir les portes des établissements aux proches aidants.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La directrice régionale de la santé publique de Montréal, Dre Mylène Drouin

La Direction régionale de la santé compte profiter de ce délai pour accueillir correctement les professionnels de la santé qui iront à la rescousse des CHSLD. Leur intégration demande une logistique très importante, a expliqué la Dre Drouin.

Selon la Dre Drouin, 75 % des CHSLD du territoire couvert par la santé publique de Montréal sont touchés par la COVID-19.

Elle a toutefois mis en garde les proches aidants que les conditions pour entrer dans un établissement seront « assez exigeantes ». Ces proches devront notamment savoir utiliser les équipements de protection et donner un consentement éclairé.

Les proches aidants ne pourront se rendre que dans les CHSLD où la situation est contrôlée, là où il existe des « zones froides ».

De plus, les autorités mettront en place un horaire coordonné afin d’empêcher l’arrivée soudaine « de 80 proches aidants » en même temps dans un lieu donné.

Appels automatisés

Les autorités montréalaises ont aussi annoncé que les personnes âgées de 70 et plus recevront un appel automatisé les enjoignant à appeler le 211 en cas de besoins alimentaires, pharmaceutiques ou de santé.

L’expérience avait été tentée auprès de 5000 personnes aînées. Les autorités ont été assez satisfaites de l’opération pour la lancer à l’échelle de l’île de Montréal. Selon le communiqué publié par la Ville, ce sont près de 225 000 personnes qui seront contractées au cours des prochaines semaines.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a voulu se montrer rassurante en disant que l’appel signalera d’emblée qu’il vient de la Ville et de la Santé publique et qu’il ne s’agit pas d’une tentative d’hameçonnage. On invite les personnes à écouter le message jusqu’au bout afin de connaître les diverses ressources qui leur sont disponibles.

Mme Plante a aussi fait savoir qu’une aide de 260 000 $ sera octroyée au secteur du taxi pour l’aider à « s’adapter à la nouvelle conjoncture ». Ce montant permettra notamment l’installation d’une cloison de sécurité entre le chauffeur et son client.

Prudence

Même si elle croit que le sommet de la courbe a été atteint à Montréal, la Dre Drouin a fait preuve de prudence quant à la grande question de mesures de déconfinement à venir.

La Dre Drouin a rappelé que sur l’île de Montréal, en raison de la densité de la population, des services de transport et de l’importance de la pandémie, il faudra regarder les « mesures spécifiques qui devront être prises pour la sécurité » des Montréalais.

« C’est une chose qui doit être bien planifiée, car on veut un déconfinement sécuritaire et surtout prévenir une deuxième vague qui surpasserait les capacités du système de soins de santé déjà fort éprouvé », a-t-elle souligné.

Selon la Dre Drouin, il est difficile de donner une date précise pour un retour à la normale. « C’est tout un exercice qui est en cours pour identifier les secteurs qui vont ouvrir en premier. »

De son côté, Mme Plante a dit qu’elle s’en remettait aux décisions qui seront prises par le gouvernement du Québec et les autorités de la Santé publique.

La Dre Drouin croit aussi que le port d’un « couvre-visage », déjà recommandé pour les lieux publics où il est impossible de respecter la distanciation physique des deux mètres, est « quelque chose qu’il faudra intégrer dans les façons de faire ».

La Santé publique de Montréal recense 7281 cas de COVID-19. Pas moins de 451 se sont ajoutés à la liste, jeudi. Sur ce nombre, plus de 200 étaient des gens déjà isolés qui ont été contaminés par un membre de la cellule familiale. Pour ces cas, « la chaîne de transmission a déjà été arrêtée », a fait valoir la Dre Drouin.