Au milieu du confinement général, ils continuent de se rendre sur leur lieu de travail pour assurer le bon fonctionnement de la société. Aujourd’hui, un technicien en pharmacie qui ne passe pas inaperçu lorsqu’il se rend au travail.

Deux autobus et le métro : pour se rendre au boulot, Jean To doit habituellement emprunter les transports en commun. Mais le technicien en pharmacie a abandonné l’idée quand la COVID-19 est apparue dans le portrait montréalais. Il ne voulait pas prendre le risque de contaminer ses patients, bien souvent des gens âgés.

C’est comme ça qu’il le dit : « mes patients ».

Le vélo ? Jean To est un cycliste aguerri, mais quand le mercure descend en deçà de zéro, ce n’est pas pour lui.

Entre en scène la gyroroue. « J’en avais acheté une, mais je n’avais pas fait de déplacements sérieux. Il y a une courbe d’apprentissage », dit-il. Le coronavirus ne lui a pas donné le choix. Il a vite appris et se rend au travail – 13 kilomètres bien comptés – sur roue.

« Ça me permet de prendre des pistes cyclables et des rues résidentielles et je ne croise presque personne le matin », dit l’homme de 42 ans, qui étudie au collège de Rosemont en inhalothérapie.

Matin et soir, beau temps, mauvais temps, dans la pluie, la neige ou, comme tout récemment, « dans la sloche », il roule. L’appareil suscite la curiosité. Quand il croise des enfants, ceux-ci tentent parfois de le rattraper avec leur trottinette. Les gens l’encouragent quand il passe, lèvent le pouce. S’ils savaient en plus ce qu’il fait comme métier.

« Il y a énormément d’inquiétude »

Et à la pharmacie, ça se passe comment ? « C’est rough. On reçoit de nombreux appels, il y a énormément d’inquiétude, d’anxiété. La plupart de nos patients sont des gens âgés, notre travail est beaucoup de les rassurer », dit Jean To, qui travaille parfois dix heures par jour, environ six jours par semaine. « La pharmacienne fait beaucoup d’heures, aussi », nuance-t-il.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

« La plupart de nos patients sont des gens âgés, notre travail est beaucoup de les rassurer », dit Jean To, technicien en pharmacie.

La pharmacie pour laquelle il travaille multiplie les livraisons, mais des patients viennent sur place pour prendre une marche, jaser un peu. Il faut alors leur rappeler les consignes de distanciation sociale, l’importance du lavage des mains.

Le coin de la ville où Jean To travaille est l’un des secteurs de Montréal les plus touchés par la COVID-19. A-t-il peur, parfois ?

« Je n’ai pas peur pour moi. Je pense plus aux autres. Moi, je veux aider le monde. En tant qu’étudiants en inhalothérapie, on a tous hâte d’aller mettre la main à la pâte. J’aime ça », dit-il.