Geste inusité de la part d’une entreprise, le géant français Biomérieux a accepté de faire don de sa recette de produit réactif au Laboratoire national de microbiologie, afin que le Canada soit en mesure de produire rapidement davantage de tests pour la COVID-19.

« C’était un geste incontournable et exceptionnel, pour répondre à une situation exceptionnelle. C’est la première fois que l’entreprise transfère ainsi son savoir-faire en presque 60 ans d’existence. Notre PDG n’a pas hésité une seule seconde, explique Xavier Nouvelot, qui dirige la filiale canadienne de Biomérieux. Pour nous, l’industrie fait partie de la solution à cette crise. »

L’entreprise française, qui a des filiales dans 44 pays, produit les réactifs qui sont utiles à la première étape d’analyse des tests, celle où on sépare la matière biologique provenant du patient – son ADN – du matériel génétique propre au virus.

Même si l’entreprise a pratiquement quintuplé sa production de produits réactifs depuis le début de la pandémie, il est impossible de suffire à la demande, assure M. Nouvelot. 

« La demande, c’est monstrueux. Le volume de la demande correspond à 10 ou 15 fois ce qu’on produit en temps normal. La demande est exponentielle, on n’y arrive pas.

Xavier Nouvelot, dirigeant de la filiale canadienne de Biomérieux

C’est dans ce contexte qu’on a accepté de céder la recette de formule du réactif au Laboratoire national de microbiologie, situé à Winnipeg.

« On leur a transféré la recette, depuis une semaine, ils sont en train de voir comment ils peuvent produire. De notre côté, nous poursuivons évidemment nos opérations. Ce que le laboratoire national va produire va s’ajouter sur le marché », explique M. Nouvelot.

En conférence de presse, mardi, le premier ministre Legault a fait allusion à cette situation, mentionnant que le Québec allait bientôt être à court de produits réactifs pour réaliser les milliers de tests effectués chaque jour sur son territoire. Le premier ministre a précisé que les laboratoires québécois avaient un stock de réactifs pour environ une semaine.

Dès le début de la crise de la COVID-19, le directeur du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) s’inquiétait de la disponibilité des produits réactifs. « Pour les réactifs, la demande est mondiale. Tout le monde en veut, avait déclaré le Dr Michel Roger, directeur du LSPQ. Oui, on a des inquiétudes. Tous les jours, je me demande si on va avoir le réactif pour nos analyses. Et en temps de pandémie, le nerf de la guerre, c’est de faire des tests. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Laboratoire national de microbiologie du Canada à Winnipeg, au Manitoba

Les étapes du test de la COVID-19

– Faire un prélèvement dans les narines et la gorge du patient à l’aide d’un écouvillon.

 – Récupérer la matière biologique sur l’écouvillon et séparer l’ADN des cellules du patient de l’ARN du virus par un traitement chimique. C’est là qu’interviennent les réactifs produits par Biomérieux.

– Amplifier les molécules d’ARN afin d’être en mesure de les détecter, à l’aide d’un appareil PCR.

– Détecter la présence de l’ARN du coronavirus dans l’échantillon à l’aide d’autres produits réactifs.