(Ottawa) Le fédéral veut faire en sorte que 30 000 respirateurs soient fabriqués ici au Canada pour fournir suffisamment de munitions au réseau de la santé dans sa lutte contre la COVID-19.

«On espère que ce sera beaucoup plus que suffisant», a offert le premier ministre Justin Trudeau en annonçant que le fédéral avait conclu des ententes avec des entreprises canadiennes comme Thornhill Medical et CAE, entre autres, afin d’atteindre cette cible.

Si celle-ci était atteinte, ce serait une «excellente nouvelle». Si, au contraire, on en venait à manquer de matériel, il s'agirait évidemment d'une mauvaise nouvelle. Et si d'aventure on se retrouvait avec du matériel excédentaire, le Canada pourrait en fournir à d'autres pays, a-t-il dit.

« Je sais que plusieurs personnes s’inquiètent d’une pénurie de matériel. Vous regardez ce qui se passe dans d’autres pays, et je comprends vos préoccupations. […] Je veux vous assurer qu’on fait tout ce qu’on peut pour éviter que ça se produise », a déclaré le premier ministre.

Lors de sa conférence de presse quotidienne à Rideau Cottage, Justin Trudeau a aussi souligné que 5000 entreprises d’ici avaient levé la main pour contribuer à la fabrication de produits essentiels destiné aux professionnels de la santé.

Le Canada s’attend par ailleurs à l’arrivée d’une cargaison de 500 000 masques de la compagnie 3M, a-t-il ajouté. «C'est des bonnes nouvelles», a laissé tomber le premier ministre avant de prévenir qu'Ottawa n'était pas nécessairement au bout de ses peines avec les États-Unis.

«Nous devons continuer de travailler pour s’assurer que l’administration américaine comprenne à quel point c’est dans notre intérêt à nous deux de continuer le libre-échange de biens et matériaux essentiels pendant ce moment difficile », a-t-il déclaré.

L’entreprise américaine 3M, qui fabrique des masques N95, annonçait lundi qu’elle reprendrait ses exportations au Canada et en Amérique du Sud, après que la Maison-Blanche lui a ordonné de le faire, la semaine dernière.

« La saga 3M se termine très heureusement », s’est réjoui le président Donald Trump en conférence de presse, lundi soir.

Huawei fait don de masques

Autre livraison de masques attendue: celle du géant des communications Huawei, qui est au coeur d'une querelle diplomatique entre Ottawa et Pékin depuis l'arrestation de la numéro deux, Meng Wanzhou, en sol canadien.

Invité à dire si ce don venait possiblement avec des conditions, Justin Trudeau a soutenu que «cela n'affectera pas nos décisions» et que le Canada acceptait tous les dons d'équipement médical, à condition qu'il soit conforme aux normes de santé et de sécurité en vigueur ici.

Le régime chinois a plusieurs fois réclamé qu'Ottawa libère Meng Wanzhou, qui a été arrêtée à la demande des États-Unis, et qui conteste son extradition devant les tribunaux en Colombie-Britannique.

Selon ce que rapportait le quotidien The Globe and Mail, l'entreprise proche de Pékin a déjà fait parvenir plus d'un million de masques, 30 000 lunettes de protection et 50 000 paires de gants, et elle prévoit faire don de 6 millions de masques (dont un peu moins de 200 000 de N95).

Masques: attention aux bambins

Au lendemain de l'annonce de la volte-face de l'Agence de la santé publique du Canada en ce qui a trait au port du masque – on recommande maintenant aux citoyens d'en mettre un dans certains lieux, même s'ils ne sont pas atteints de la COVID-19 –, la Dre Theresa Tam a tenu à lancer une mise en garde à certains usagers.

Ainsi les masques peuvent-ils poser un risque de suffocation pour des enfants âgés de deux ans ou moins, par exemple, a souligné en conférence de presse l'administratrice en chef de la santé publique. Elle a aussi insisté sur le fait que les masques chirurgicaux et N95 doivent aller aux professionnels de la santé, qui sont sur la ligne de front.

Comme à son habitude, elle a fait état du bilan de la crise au Canada: on recensait, en date du 7 avril, 17 063 cas de la COVID-19 et 345 décès. Environ 346 000 personnes ont subi des tests, et 5 % d'entre eux ont été positifs, a détaillé la Dre Tam.

PCU : près d’un million de demandes

Plus de 966 000 milliers de Canadiens ont réclamé dès le jour un, lundi, la prestation canadienne d’urgence (PCU) mensuelle de 2000 $ mise sur pied par le gouvernement fédéral pour juguler les impacts économiques de la pandémie de la COVID-19.

«C'est l'équivalent en un jour de six mois» de demandes en matière de prestations d'emploi, a illustré le le président du Conseil du trésor, Jean-Yves Duclos, réitérant que si le site n’a pas flanché, c’est parce que les citoyens ont été disciplinés et qu’ils ont respecté les règles du jeu.

Pour éviter les surchauffes, Ottawa a déterminé que les requêtes s’effectueraient en fonction de la date de naissance. Mardi, ce sont les personnes nées en avril, mai, et juin qui peuvent faire la demande. Les personnes nées en juillet, août et septembre pourront faire la leur mercredi, et en dernier lieu, jeudi, ce sera au tour de ceux qui sont nés en octobre, novembre et décembre.

Il y aura vraisemblablement de nouvelles rondes, puisque le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi que la PCU – qui sera imposée non pas à la source, mais bien plus tard – serait élargie à d’autres travailleurs dont le gagne-pain a été affecté par la pandémie mondiale de la COVID-19.

L’élargissement de ce nouveau filet social permettra de donner un coup de pouce financier aux travailleurs qui ont vu leurs heures de travail réduites à 10 heures par semaine ou moins, a-t-il illustré lors de sa conférence de presse quotidienne devant sa résidence de Rideau Cottage à Ottawa.