(Vancouver) Des professionnels de la santé du gouvernement fédéral affirment que les prisons du Canada ne respectent pas les lignes directrices sur la distanciation sociale pour lutter contre la COVID-19 et ils veulent que le plus grand nombre possible de détenus soient libérés.

Dans une lettre ouverte aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, plus de 100 médecins, infirmières et autres professionnels de la santé affirment que les détenus sont déjà vulnérables et susceptibles de souffrir de maladies infectieuses, telles que l’hépatite C et le VIH.

La lettre appelle les gouvernements « à cesser d’admettre des personnes dans les prisons, sauf en cas “d’absolue nécessité ». Ces professionnels de la santé qui travaillent pour les gouvernements veulent également avoir l’assurance que les détenus libérés ont accès à un logement, à de la nourriture et aux soins de santé dont ils ont besoin.

L’Ontario, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest ont libéré des détenus en raison de la pandémie.

Kristy Denette, une porte-parole du ministère du Solliciteur général de l’Ontario, a déclaré que le gouvernement travaillait avec les tribunaux et la police pour réduire le nombre de personnes en détention tout en veillant à ce que la sécurité publique ne soit pas compromise.

Depuis le 16 mars, la population de toutes les installations carcérales de l’Ontario est passée de 8344 à 6148, a-t-elle mentionné. Neuf délinquants à faible risque proches de la fin de leur peine ont également été libérés, a-t-elle ajouté.

En Colombie-Britannique, 95 détenus ont bénéficié d’une libération anticipée, qui peut être annulée si nécessaire, a précisé le ministère de la Sécurité publique.

Les Territoires du Nord-Ouest ont libéré quelques prisonniers en raison de préoccupations concernant la propagation possible de la COVID-19 dans les prisons territoriales.

Le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a demandé au commissaire des services correctionnels et au président de la Commission des libérations conditionnelles de déterminer si certains délinquants pourraient être libérés plus tôt, selon un communiqué de son bureau publié mardi.

« Notre plus grande responsabilité est d’assurer la sécurité des Canadiens. Cela comprend tout le personnel correctionnel, les détenus et le public canadien. Nous connaissons les risques inhérents aux prisons », est-il écrit.

Les services correctionnels prennent des mesures pour limiter la propagation de la COVID-19, note le communiqué.

Iulia Pescarus Popa, de la Commission des libérations conditionnelles, a déclaré qu’elle simplifiait les processus en réaction à la pandémie.

La commission traite les cas exceptionnels dans les plus brefs délais pour les délinquants en phase terminale ou dont la santé physique ou mentale est susceptible d’être affectée en prison, a déclaré Iulia Pescarus Popa dans un communiqué.

Elle a indiqué que la commission tient compte de tous les renseignements pertinents concernant un prisonnier, y compris la gravité de l’infraction qu’il a commise et sa santé.

Selon les services correctionnels, 21 détenus ont été déclarés positifs à la COVID-19 en date de lundi : 12 au Québec, sept en Ontario et deux en Colombie-Britannique.

La lettre des professionnels de la santé prétend que si des prisonniers sont infectés, il serait essentiellement impossible d’arrêter la propagation de la COVID-19 dans un établissement correctionnel.

La lettre des professionnels de la santé indique que si des personnes se trouvant dans une prison sont infectées, il serait essentiellement impossible d’arrêter la propagation de la COVID-19 dans un établissement correctionnel.

Les prisons sont surpeuplées, les prisonniers partagent des cellules, ils doivent être fouillés et menottés par les agents, faire la queue tous les jours pour des médicaments, partager des espaces communs et des salles à manger, et utiliser les mêmes téléphones et toilettes, peut-on lire dans la lettre.

« Ils n’ont pas non plus accès à certains matériels essentiels que la population générale utilise pour se protéger, comme du désinfectant pour les mains, des produits nettoyants et parfois du savon. »

Le Syndicat des agents correctionnels du Canada, qui représente les gardiens des prisons fédérales, a indiqué la semaine dernière qu’il avait mis en place des mesures pour protéger ses membres et limiter la propagation du virus.

« La libération de quelques détenus ne résoudrait pas la propagation potentielle de la COVID-19 dans nos établissements ; cela ne ferait qu’augmenter le risque pour les Canadiens », a soutenu le syndicat dans un communiqué.

— Avec Bob Weber à Edmonton