Pour dépister le virus SRAS-CoV-2, il faut prélever un échantillon à l’aide d’un écouvillon, généralement du mucus dans le nez.

Ensuite, on analyse cet échantillon en laboratoire, après quelques étapes on y ajoute un marqueur fluorescent, une substance chimique qui va révéler – ou pas – ce qu’on cherche : la présence du virus.

Positif : COVID.

Négatif : pas de COVID.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Pour dépister le virus SRAS-CoV-2, il faut prélever un échantillon à l’aide d’un écouvillon, généralement du mucus dans le nez.

C’est un peu la même chose pour la société. Vous prenez une population, vous la jetez dans une crise sanitaire et, fatalement, les cons vont se révéler en fluo.

Bref, il y a beaucoup de gens déclarés positifs à la connerie ces jours-ci…

Comme ces snowbirds qui reviennent du Sud dans leur VR et qui font fi de toutes les consignes sanitaires en allant faire leur épicerie dès qu’ils mettent le pied sur le sol canadien (1) plutôt que de s’enfermer chez eux pendant 14 jours (2).

La connerie est comme le coronavirus, je veux dire qu’elle frappe tout le monde, sans discrimination. Tenez, même le prince Charles (3) en est atteint (du coronavirus). Et au Québec, la reine de la business des faux remèdes (4), Mme Jacynthe René, est elle aussi gravement atteinte (de la connerie).

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Mais la crise révèle aussi autre chose, plus discrètement : la bienveillance.

Parce que le beau monde se révèle dans tout ça, y a du beau, je vous le jure. Allez, je vous montre un peu de la beauté occultée par la connerie fluo, en ce lundi matin…

Mélissa Desjardins a perdu son emploi à cause de la COVID-19. Les temps vont être durs. Il y a deux jours, elle ouvre et que voit-elle sur le pas de sa porte ?

PHOTO FOURNIE

Mélissa Desjardins a perdu son emploi à cause de la COVID-19. Les temps vont être durs. Il y a deux jours, elle ouvre et que voit-elle sur le pas de sa porte ? Un sac d’épicerie ! Sur le sac, un Post-it avec ces mots : « C’est pas grand-chose, mais bon… xox », écrit notre chroniqueur.

Un sac d’épicerie ! Sur le sac, un Post-it avec ces mots : « C’est pas grand-chose, mais bon… xox »

Pas de nom, rien. Elle a mis deux jours à trouver le bon Samaritain. Ce qui a réchauffé le cœur de Mélissa, c’est bien sûr ce qu’il y avait dans le sac, mais aussi ce qui n’entre dans aucun sac : le bonheur à la pensée que quelqu’un ait pensé à faire ça, pour elle…

« Pis, Mélissa, c’était qui ?

– Benoît Chartrand, un ami de longue date que je ne vois plus assez souvent. »

On salue les Benoît de partout au Québec…

Alain Gaudet a une maladie dégénérative et vit dans un appartement adapté (5). Il est prisonnier de son corps, mais son esprit, son verbe et son humour sont libres comme l’air. Une armée de « p’tits anges » s’occupe de nourrir, de laver et de faire bouger Alain. Il les paie avec ce qu’on appelle un « chèque emploi-service » et grâce à l’argent d’une fondation créée (6) par ses (nombreux) amis qui font des collectes de fonds pour Alain, comme Mike Ward. Le but : ne jamais aller vivre en CHSLD.

PHOTO FOURNIE

Alain Gaudet avec une de ses p’tits anges

Plusieurs p’tits anges sont des étudiants. Avec l’école suspendue, avec les proches dont ils doivent s’occuper, plusieurs sont repartis dans leur région. Mais des p’tits anges qui sont encore en Mauricie restent à mes côtés…

Alain Gaudet

Je nomme les p’tits anges d’Alain Gaudet : Janik Ferland-Riendeau, Léa Bisaillon, Mégane Gravel, Érika Abbott-Guité et Sylvie Ferland. Les p’tits anges aident et aiment Alain, au mépris de la pandémie, en prenant des précautions extrêmes et en mettant des gants.

La devise d’Alain, depuis toujours : #NePasLâcher.

Lâche pas, Alain. Lâchez pas, les p’tits anges.

André Provencher est l’aîné d’une famille de 10 enfants. Comme il me l’écrit : « On vit vieux, nombreux et unis, dans ma famille. » Le clan Provencher est originaire de Nicolet, dans le Centre-du-Québec. La mère du clan, Madeleine Houle, 90 ans, y habitait jusqu’à tout récemment…

Jusqu’à ce que l’alzheimer, « la plus maudite des maladies », dixit André, ne commence à faire son œuvre. Le clan Provencher a décidé de rapatrier Maman Madeleine à Montréal : « Le choix s’est imposé naturellement, la résidence offrait un environnement stimulant. La plupart de mes frères et sœurs habitant la région de Montréal, nous allions pouvoir la visiter plus souvent, pour son plus grand bonheur. »

Madeleine, une sainte qui a élevé 10 enfants et qui a traversé plusieurs épreuves, a donc été placée à la résidence Notre-Dame-de-la-Paix, à Verdun… Le 4 mars. À l’aube de la pandémie. « À peine 10 jours plus tard, dit André Provencher, le gouvernement fermait les portes aux visiteurs de toutes les résidences pour personnes âgées… »

Tout le monde comprenait le bien-fondé de cette décision. Mais quand même, sur le coup, choc et inquiétude ont fait frissonner le clan Provencher : comment allait-on s’occuper de Maman Madeleine, en ces temps de confinement ?

Dix jours plus tard, tout va bien : « Nous sommes ébahis par l’incroyable agilité de la direction et du personnel, dit André Provencher. Maman est entourée de gens dévoués, attentionnés, compétents et remplis de compassion… »

Une page Instagram créée par l’équipe de la résidence Notre-Dame-de-la-Paix est alimentée quotidiennement, sur laquelle on peut voir Maman Madeleine.

« Les sourires de maman sont devant nos yeux presque tous les jours. Et sous la supervision d’une travailleuse sociale, on peut s’entretenir de temps à autre avec maman par vidéoconférence… »

À tous les artisans du réseau qui, comme ceux de cette résidence, s’occupent de nos vieux comme s’il s’agissait de leurs propres grands-pères et grands-mères, je vais dire comme André Provencher : merci, merci de tout cœur.

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Hier, je suis allé marcher.

Je n’ai jamais fait autant de marches de toute ma vie. Mais en bon junkie numérique, je me suis arrêté sur un coin de rue pour prendre mes courriels. Le soleil me faisait plisser les yeux. Le titre d’un message sortait du lot : « Catégorie belle histoire »…

Guy Ménard est un sportif. Il m’a raconté sa sortie de mardi, sur le bord du Richelieu, un petit jogging. Quelque chose avait changé dans le décor : « Accroché à la clôture qui longe la rivière, un panneau de bois, un 4 x 8… »

Guy Ménard s’est approché, le panneau était solidement attaché : « Pas de l’improvisation ou le travail d’un tata voulant se débarrasser d’un surplus de construction. Côté rue, ça avait l’air d’un panneau de bois brut… »

De l’autre côté du panneau ?

Il faut se coller sur la clôture, se pencher et regarder en diagonale, côté rivière, pour avoir une réponse…

PHOTO FOURNIE

De l’autre bord du Richelieu, il y a une résidence pour personnes âgées. ce panneau a été confectionné dans l’espoir d’être vu par certains des résidants.

Sur le panneau, face à la rivière, on peut lire ces mots : « Papa, maman, xxx ».

De l’autre bord du Richelieu, il y a une résidence pour personnes âgées : la Villa Belle-Rivière…

Guy Ménard : « Vous devinez l’histoire. Une famille, les deux parents sont à la résidence. Peut-être que Monsieur a des jumelles pour admirer les oiseaux qui se posent sur la rivière. Peut-être que Madame a choisi l’endroit parce qu’elle aime regarder couler l’eau. En tout cas, les enfants savaient que leurs parents verraient un message géant placé là, sauraient qu’ils sont toujours dans leurs pensées… »

C’est ce que je voulais vous dire en ces jours périlleux où les cons semblent affirmer leur connerie partout, en fluo : la majorité, c’est pas eux.

> 1. Lisez l’article sur le retour des Snowbirds (en anglais)

> 2. Lisez l’article « Des snowbirds récalcitrants au Lac-Saint-Jean » 

> 3. Lisez l’article « Le prince Charles atteint de la COVID-19 »

> 4. Lisez l’article de L’actualité sur la Maison Jacynthe

> 5. Lisez la chronique « Un homme et son bras »

> 6. Consultez le site des P’tits anges