(Montréal) Les gens souffrant d’hypertension pourraient être plus à risque d’être infectés par le coronavirus, de ressentir des symptômes graves et même d’en mourir, laissent croire certaines recherches préliminaires.

Il n’est toutefois pas clair si ce risque accru découle de la maladie elle-même ou des médicaments utilisés pour la traiter.

« On sait que les gens qui ont des maladies concomitantes sont un peu plus fragiles à l’infection au coronavirus, comme à toutes les infections virales », a rappelé Marie-Annick Clavel, qui est chercheure à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

En termes généraux, le risque de décès des hypertendus infectés par le SRAS-CoV-2 serait supérieur de 6 % à celui de la population générale.

Les patients dont la pression artérielle est plus élevée sont généralement plus âgés, ajoute Mme Clavel, et il semblerait que l’âge soit d’emblée un facteur de risque pour une infection plus grave à la COVID-19.

De plus, des problèmes de santé chroniques — comme l’hypertension — et le vieillissement affaiblissent tous les deux le système immunitaire, ce qui réduit la capacité de l’organisme à se défendre.

La pneumonie est la complication la plus grave associée à la COVID-19, mais le virus peut aussi attaquer et endommager le système cardiovasculaire.

Des études antérieures ont démontré que les gens souffrant d’un problème cardiorespiratoire et qui sont frappés par une maladie respiratoire (comme l’influenza ou d’autres coronavirus) sont plus à risque de crise cardiaque, possiblement parce que le virus fragilise les plaques qui se forment dans les artères.

Médication en cause ?

Il n’est pas non plus impossible que la médication utilisée pour soigner l’hypertension soit en cause.

« Il y a quand même une plausibilité biologique, a dit Mme Clavel. Effectivement les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine pourraient avoir un impact sur l’infection à la COVID-19, mais ce n’est qu’une théorie pour le moment. »

Ces deux catégories de médicaments augmentent ainsi les niveaux dans l’organisme d’une enzyme appelée ACE2 — à laquelle le virus doit se lier pour être en mesure d’infecter les cellules.

Cela étant dit, poursuit Mme Clavel, le coronavirus n’existait même pas il y a six mois et les études dont il fait maintenant l’objet n’ont pas nécessairement toute la rigueur qu’on souhaiterait. Il faut donc attendre un peu avant de sauter aux conclusions.

« Il ne faut absolument pas que les gens qui ont une pression haute et qui sont traités par ces médicaments-là […] arrêtent leurs médicaments […] parce qu’ils risquent d’être hospitalisés, et là c’est un gros problème, a-t-elle lancé.

“Le meilleur moyen pour protéger ces gens-là (est d’adopter) des mesures sanitaires encore plus efficaces et de faire encore plus attention. Il faut absolument se laver les mains, il faut absolument faire de la distanciation sociale, parce que ça, on le sait, ça fonctionne et c’est comme ça qu’on peut se protéger de la COVID-19. »