(Montréal) Les finissants en médecine pourraient être appelés en renfort dans le réseau de la santé du Québec, même s’ils n’ont pas passé tous les examens requis par leur spécialité.

Le Collège des médecins du Québec a annoncé mardi que son conseil d’administration a adopté des mesures qui permettront exceptionnellement aux résidents ayant complété leur formation d’exercer à titre de médecin, avec un permis restrictif.

Cette mesure spéciale a été mise en place dans le contexte d’urgence sanitaire actuelle, indique le Collège des médecins.

C’est aussi parce que la crise de la COVID-19, qui sévit actuellement, a mené le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, le Collège des médecins de famille du Canada et le Conseil médical du Canada à reporter leurs examens menant à la certification dans leur spécialité.

Les résidents finissants qui obtiendront un permis restrictif seront autorisés à exercer dans leurs domaines respectifs. À noter que leur formation médicale dure déjà depuis sept à 10 ans, et qu’ils ont déjà en poche leur diplôme de médecine. Il ne leur manque que leur diplôme de spécialité ou de médecine familiale, qu’ils obtiennent après un examen réussi au terme de deux à cinq ans de résidence.

« La situation exceptionnelle liée à la pandémie de la COVID-19 exige que nous prenions des mesures qui contribuent à augmenter la présence des effectifs médicaux sur le terrain », a affirmé par communiqué le président du Collège des médecins, le Dr Mauril Gaudreault.

Le permis restrictif sera valide jusqu’au 30 juin 2021.

Il ne sera renouvelé qu’en cas d’autre report ou d’annulation des examens, est-il précisé.

Pas l’unanimité

Cette façon de procéder ne fait pas l’unanimité chez les médecins résidents.

S’ils ont hâte d’aller aider sur le terrain, surtout en ces temps de pandémie où les besoins sont nombreux, la mesure est source d’inquiétude pour plusieurs.

Puisque les examens post-résidence seront reportés de plusieurs mois — et peut-être plus — les résidents devront les passer pendant qu’ils seront en exercice à temps plein (bien qu’avec un permis restrictif) en tant que médecins.

Or, la première année de pratique est la plus ardue et des résidents s’inquiètent de ne pas avoir le temps d’étudier, alors que la préparation pour ces examens peut durer des mois. Ils craignent donc d’échouer leurs examens de certification, ce qui retarderait énormément le moment où ils peuvent avoir leur permis professionnel, a confié une médecin résidente de Montréal, qui n’a pas voulu révéler son identité, et qui s’apprêtait à passer ses examens ce printemps.

Elle rapporte que d’autres songent à reporter le début de leur pratique plutôt que de risquer une mention échec. La situation du report des examens serait encore plus complexe pour ceux qui devaient aller pratiquer en région et ceux qui s’apprêtaient à poursuivre un fellowship en médecine (surspécialisation).

Bref, même si des résidents applaudissent le permis restrictif, elle estime — comme plusieurs de ses collègues, dit-elle — que d’autres solutions devraient être examinées.

Des membres du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada ont manifesté des inquiétudes similaires : ils demandent au Collège de trouver une alternative pour la certification, plutôt que de simplement reporter les examens des résidents, « ce qui causerait du tort au système de santé », écrivent-ils. Il pourrait s’agir, par exemple, d’une évaluation sur la base du dossier académique (avec un résumé du responsable du résident), en plus d’un examen qui se pourrait être fait en ligne — donc sans risque de contamination. Quelque 1750 médecins ont signé la demande.