Les organisations qui s’occupent des enfants maltraités se préparent à une augmentation du nombre de cas de violence alors qu’ils réduisent leurs services en raison de la COVID-19.

Tandis que les gouvernements demandent aux gens de rester à la maison, et que les écoles et certains services de soutien social ferment, beaucoup de ceux qui travaillent avec des enfants maltraités sont inquiets.

Pour certains enfants, la maison n’est pas un endroit sûr ou sain.

De nombreux parents et travailleurs soutiennent que les enfants sont plus agités face à ces changements, selon la Dre Roxanne Goldade, pédiatre à Calgary et médecin-chef du programme Pediatric Kids in Care.

« Ils sont bouleversés. Tout le monde est entassé dans leurs maisons, dit-elle. Je reçois des appels paniqués de la part des travailleurs de la protection de l’enfance. La réalité est que ces enfants courent un risque tellement grand. »

D’autres sont d’accord.

Vendredi, le Service de police d’Ottawa a publié un communiqué appelant la population à « rester vigilante quant aux risques d’abus envers les femmes et les enfants ». Ils leur ont également demandé « d’accorder une attention particulière au bien-être des enfants et de signaler tout incident suspect ».

« La vie est déjà difficile pour plusieurs familles, a noté Christina Tortorelli, professeure adjointe de travail social à l’Université Mount Royal et ancienne administratrice principale en protection de l’enfance. “Il y a un groupe qui est déjà en difficulté et qui vit à la limite de ses ressources. Le stress accru, les défis de santé mentale que cela présente pour les enfants et les parents. Tout cela est comme un baril de poudre. »

Le Boost Child and Youth Advocacy Centre de Toronto enquête chaque année sur 1200 à 1500 cas de maltraitance. Le week-end dernier, quand la distanciation sociale ne faisait que commencer, il y a eu 10 nouveaux cas — un week-end inhabituellement chargé, explique Karyn Kennedy, la PDG du centre.

« Je ne suis pas surpris que des abus se produisent, mais je suis surpris qu’ils soient signalés si rapidement », a commenté Mme Kennedy.

Elle a dit être au courant de quelques enfants qui sont placés en famille d’accueil parce que les services habituels ne sont plus disponibles, ce qui aggrave la situation.

Si la tendance se maintient, le nombre de cas du Calgary and Area Child Advocacy Centre passera de 1500 par an à 2000 cette année, même avant la COVID-19, a affirmé sa PDG Karen Orser.

« Il est juste de dire que nous sommes inquiets de ce que tout cela va signifier pour les familles, a-t-elle mentionné. Nous nous attendons à voir davantage de cas. »

Mme Kennedy ne s’attend pas à une augmentation du nombre de cas avant que les enfants aient été en congé forcé d’école ou de garderie pendant une plus longue période.

« Nous savons que le stress est un facteur contribuant à la maltraitance, en particulier la violence physique », a-t-elle déclaré.

Tara Ettinger, la directrice du Big Bear Child and Youth Advocacy Centre, à Kamloops, et conseillère en traumatologie qualifiée, affirme que l’école et les activités parascolaires sont souvent considérées comme des endroits sûrs pour les enfants.

Beaucoup ont également des liens avec des conseillers ou des travailleurs dans des endroits comme les centres communautaires.

« Parfois, les enfants et les jeunes me disent que les pauses ne sont pas une si bonne chose, dit-elle. Leur domicile est un endroit où les enfants sont exposés à de la violence domestique ou à de la maltraitance. Ces enfants n’ayant pas de lieu où entrer en contact avec des adultes qui les soutiennent, nous verrons une augmentation de la maltraitance des enfants. C’est ce que l’on prévoit. »