La COVID-19 avait fait 631 morts en Italie en date de mardi soir, dont un triste record de 168 en 24 heures. La Slovénie et l’Autriche ont fermé mardi leur frontière avec l’Italie, tandis qu’Air Canada cesse ses vols en provenance et à destination de ce pays jusqu’au 1er mai. Coup de fil à des Québécois qui se trouvent là-bas.
« Dans la ville, depuis quelques jours, les gens s’éloignent quand ils ont à se croiser. »
Nathalie Jean, une Québécoise qui vit à Milan depuis 35 ans, va normalement au travail à vélo. Mais là, elle a décidé de marcher. « Ce n’est vraiment pas le temps de tomber à vélo et de devoir aller à l’hôpital. »
À son avis, l’Italie est exemplaire jusqu’ici dans sa gestion de la crise et elle applaudit à la fermeture des écoles, des restaurants et des bars à partir de 18 h ainsi qu’à l’obligation de ne se déplacer que par stricte nécessité. « Si tu dois aller travailler ou aller à l’hôpital, ça va. Si tu veux aller au yoga, non, ça ne va pas. J’ai des amis qui se sont fait demander où ils allaient par les policiers. »
Mme Jean dénonce la mollesse des autres pays européens, « qui connaîtront sûrement la même courbe exponentielle que l’Italie ».
« Dès qu’on a eu 100 cas, le gouvernement a réagi. La France en est à 1600 et elle ne fait rien. Il faudrait une loi à l’échelle européenne en cette matière. »
Elle-même fera « son devoir de citoyenne » et travaillera de la maison à partir de maintenant. Et elle fera, peut-être, des provisions.
Mes amis, surtout ceux qui ont des enfants, se sont constitué de grosses réserves, et ils me sermonnent parce que je ne l’ai pas fait.
Nathalie Jean, Québécoise vivant à Milan
Solidarité
Ginette Caron, une Québécoise installée à Milan depuis 1980 et qui travaille en design graphique, voit le bon côté des choses.
« La ville est propre, sans pollution, sans touristes. On sent une solidarité particulière entre les gens, aussi. Ce n’est pas mauvais d’apprendre une nouvelle façon de vivre, de travailler de chez soi. Il y a du positif dans tout cela. »
Dans son quartier, où se trouvent un lycée et une université, les cafés et restos sont habituellement bondés d’étudiants. Là, c’est tout tranquille.
Ellie Barbe, qui habite à Arezzo (en Toscane, à 40 minutes de Florence), dit avoir fait quelques provisions supplémentaires, « des légumes congelés, de la viande, des fruits… »
Non parce qu’elle craint les pénuries, mais parce que comme tant d’autres, elle juge plus sage de limiter ses déplacements à l’épicerie.
À l’instar des autres Québécoises interrogées, Mme Barbe trouve judicieuses les précautions prises par le gouvernement italien. « Autour de moi, on les accueille bien et les Italiens sont même plutôt fâchés contre leur employeur s’il rechigne sur le télétravail », dit-elle.
On ne sent pas de panique, mais il y a une certaine nervosité dans l’air.
Ellie Barbe, Québécoise vivant à Arezzo, en Toscane
« Les informations qu’on reçoit sont souvent contradictoires, mais les gens se disent que si tant de mesures sont prises, c’est sans doute que ça doit être grave pour vrai », poursuit-elle.
L’Italie a été plutôt prise de court, et si elle ne s’inquiète pas pour elle-même, Mme Barbe se préoccupe des parents de son conjoint, qui sont âgés. « J’espère que les gouvernements canadien et québécois, qui ont eu le temps de voir venir la crise, se sont bien préparés. »
Nathalie Jean espère aussi que son pays d’origine sera en bonne partie épargné. « Franchement, au Canada, on ne vous souhaite pas cela. »