Que faut-il savoir sur la transmission du nouveau coronavirus ? Comment se protéger ? Quels sont les risques pour la santé ? Quelques réponses aux questions les plus fréquemment posées.

Qu’est-ce qu’un coronavirus ?

Les coronavirus (CoV) font partie d’une famille de virus qui se distinguent par leur forme semblable à la couronne solaire. Ils s’attaquent tant aux humains qu’aux animaux. Sept coronavirus s’intéressent aux humains : quatre causent des rhumes ordinaires, et trois engendrent des syndromes respiratoires sévères. Ces derniers sont le SRAS-CoV (qui cause le « syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) » qui s’est répandu en 2002-2003), le MERS-CoV (qui cause le « syndrome respiratoire du Moyen-Orient »), et le 2019-nCoV (qui cause l’infection qu’on a baptisée la COVID-19).

Comment est apparu le nouveau coronavirus qui cause la COVID-19 ?

PHOTO ROSLAN RAHMAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un pangolin, photographié au zoo de Singapour en 2017, en train de se nourrir de termites.

On ne le sait pas encore avec certitude. Les analyses génétiques du virus montrent que son ancêtre viendrait de la chauve-souris. Mais un autre animal aurait servi d’intermédiaire pour contaminer l’humain. Trois pistes ont été évoquées : la civette, le serpent et le pangolin – ce dernier étant considéré comme le principal suspect. La viande de pangolin contaminée aurait ainsi été vendue dans un marché public de la ville de Wuhan, capitale de la province du Hubei, située au centre de la Chine. Le premier cas officiel d’infection au nouveau coronavirus a été déclaré le 8 décembre. Le 24 février, Pékin a d’ailleurs annoncé l’interdiction « complète » du commerce et de la consommation d’animaux sauvages.

Comment se transmet la COVID-19 ?

À la manière de la grippe saisonnière (influenza), la transmission se fait essentiellement par un contact avec une personne infectée par le virus. Lorsque la personne malade éternue ou tousse, elle émet des gouttelettes qui peuvent contaminer les autres lorsqu’elles s’infiltrent par le nez ou la bouche. Il est également possible d’attraper la COVID-19 lorsqu’une personne touche des objets ou des surfaces contaminées par une personne infectée, puis porte ses mains à ses yeux, son nez ou sa bouche. Par ailleurs, rien n’indique en ce moment que le virus peut simplement voyager dans l’air (transmission aérienne) comme pour la varicelle ou la rougeole – il faut un contact rapproché avec une personne infectée pour être à risque de contracter la COVID-19. C’est pourquoi, lorsqu’il s’avère qu’une personne infectée a voyagé en avion, les autorités retraceront seulement les passagers assis dans les trois rangées situées devant et derrière elle plutôt que de contacter tous les passagers de l’avion.

Puis-je la contracter si je reçois un colis d’un pays infecté ?

Rien ne permet d’affirmer la contamination par colis ou paquets en provenance des régions touchées par la pandémie. La COVID-19 se transmet par contact avec une personne infectée. En toussant, le malade produit des gouttelettes qui peuvent contaminer une autre personne s’il y a proximité physique. Il y a donc peu de risques de tomber malade par l’air ou en touchant un objet reçu par la poste.

Est-ce que la COVID-19 peut être soignée ?

Comme pour la grippe saisonnière, les personnes atteintes présentent de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires. Certaines développent une pneumonie. La grande majorité des personnes malades se remettent sur pied en se soignant à la maison, sans avoir besoin de visiter l’hôpital. Les personnes à risque de complications doivent être hospitalisées. Pour l’instant, il n’existe ni médicament antiviral pour traiter l’infection ni vaccin pour la prévenir. Mais ce ne sont pas tous les porteurs du coronavirus qui tombent malades : une certaine proportion d’entre eux – difficile à établir pour le moment – ne développent pas de symptômes, les rendant pour le moment invisibles des statistiques officielles.

Certaines données indiquent que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’est le médicament Advil, ont contribué à l’aggravation de la maladie. Donald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill et chercheur clinicien, les prend avec un grain de sel. « Ces données sont très préliminaires, le lien entre les ibuprofènes et la maladie n’est pas prouvé biologiquement. Le facteur de risque établi est seulement basé sur des observations de cas. » La pandémie est encore nouvelle et il va falloir attendre des analyses de données pour y voir plus clair.

Quelles sont les dernières données sur le taux de mortalité de la COVID-19 ?

Le nouveau coronavirus s’attaque à tout le monde, enfants comme adultes. Mais comme pour la grippe saisonnière, certaines personnes sont plus à risque de développer des complications qui peuvent rendre l’infection mortelle. Dans une étude publiée le 24 février par les autorités sanitaires chinoises, le taux de mortalité associé à une infection à la COVID-19 a été établi provisoirement à 2,3 %. L’OMS l’évalue présentement entre 3 et 4 %. C’est donc dire que l’immense majorité (plus de 96 %) des personnes infectées guérissent de la maladie. Ces résultats suggèrent également que les personnes âgées et les personnes qui souffrent déjà de maladies chroniques (comme les maladies respiratoires, les maladies du cœur ou le diabète) sont plus à risque que les autres. Si les dernières données indiquent que le taux de mortalité est de 2,3 % dans la population en général, il est cependant de 8 % chez les 70 à 79 ans et de 14,8 % chez les personnes âgées de plus de 80 ans, contre 0,4 % chez les quadragénaires.

Jusqu'à maintenant, au Canada, les morts représentent 1 % des personnes chez qui on a diagnostiqué la COVID-19, a indiqué le 26 mars la Santé publique fédérale. Ce taux est bien plus favorable que celui de l'Italie, de la France ou de l'Espagne, dont les systèmes de santé sont complètement débordés. Au Canada, un peu plus d'un malade sur 20 a besoin d'être hospitalisé et environ un malade sur 40 doit recevoir des soins intensifs.

Comment la COVID-19 se compare-t-elle au SRAS ?

Selon les dernières données, la COVID-19 est plus contagieuse, mais moins souvent mortelle que le « syndrome respiratoire aigu sévère » (SRAS), qui avait fait 774 victimes, dont 43 morts, à Toronto en 2003. Le taux de mortalité du SRAS est de 9,6 %, comparé à 3 à 4 % pour le COVID-19.

Comment la COVID-19 se compare-t-elle à la grippe saisonnière ?

La COVID-19 est plus souvent mortelle que la grippe saisonnière. Le taux de mortalité de la grippe est de 0,1 %, tandis que celui du COVID-19 est estimé entre 3 % et 4 %, ou peut-être moins. En entrevue avec l’AFP le 11 mars, le professeur François Balloux, de l’University College de Londres précisait : « Il y a toujours de grosses inconnues sur le taux de létalité de la COVID-19 et il varie probablement en fonction de la qualité des systèmes de santé. Cela étant dit, il tourne autour de 2 % en moyenne, soit environ 20 fois plus que pour les virus de la grippe saisonnière qui circulent actuellement. » La COVID-19 est également plus contagieuse que le virus de la grippe. Selon les experts cités par l’AFP, chaque malade de la COVID-19 infecte entre deux et trois personnes si aucune mesure n’est prise pour combattre l’épidémie (c’est ce qu’on appelle le « taux de reproduction de base » de la maladie, ou R0). Le taux de reproduction de base de la grippe est estimé à 1,3.

Est-ce qu’une personne infectée, mais ne présentant aucun symptôme peut transmettre la COVID-19 ?

Oui. Selon l’OMS, la principale voie de transmission est le fait d’être en contact direct avec les gouttelettes émises par une personne malade. Mais il est possible, dit l’OMS, qu’une personne présentant des symptômes légers, comme une toux sèche, puisse transmettre le virus.

Les enfants sont-ils à risque de contracter la maladie ?

Les cas de personnes mineures atteintes sont plus rares, mais ils existent. Il y a un cas confirmé d’enfant infecté au Québec en date du 15 mars. « Bien que les personnes âgées soient plus vulnérables, les gens de tous les âges sont maintenant à risque », a déclaré la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada. Les personnes atteintes d’une maladie respiratoire sévère infectieuse (MRSI), les personnes âgées et celles souffrant d’hypertension, de diabète, de problèmes cardiovasculaires et de cancer sont parmi les plus vulnérables face au nouveau virus. « Il y a une différence entre être infecté et être malade. On ignore pourquoi, mais les enfants atteints de la COVID-19 voient moins leur état s’aggraver », explique le Dr Vinh.

Est-ce que mon animal domestique peut me transmettre la COVID-19?

Fort probablement pas. Selon l'OMS, rien ne prouve que les animaux de compagnie, comme les chiens ou les chats, peuvent transmettre la COVID-19. La maladie se transmet essentiellement entre humains.

Est-ce qu’une personne qui est guérie d’une infection à la COVID-19 développera une immunité à vie ?

Il est encore trop tôt pour le savoir. On sait néanmoins que la protection immunitaire aux quatre coronavirus connus ne dure généralement pas toute la vie. Dans cet article publié en février dans le média américain d’actualité en santé STAT News, l’infectiologue Susan Kline, de l’Université du Minnesota, expliquait qu’il y a « certaines preuves que les gens puissent être réinfectés par les quatre coronavirus et qu’il n’y a pas d’immunité à long terme ». « Comme les rhinovirus [qui causent les rhumes], vous pouvez être infecté à plusieurs reprises dans votre vie. Vous pouvez vous constituer des anticorps, mais ils vont diminuer de telle sorte qu’à une prochaine exposition vous n’aurez pas de protection. » Les infections subséquentes, précise l’article, produisent par contre bien souvent des maladies moins virulentes.

Comme le virus de l’influenza, peut-on s’attendre à ce que l’épidémie de COVID-19 ralentisse avec l’arrivée de l’été ?

On peut le supposer. Et à mesure que le temps se réchauffe dans l’hémisphère nord, il se refroidit dans l’hémisphère sud, qui pourrait être davantage touché dans les prochains mois. Mais encore là, avec seulement quelques mois de cohabitation avec le nouveau coronavirus, on ignore encore comment il se comporte dans différents environnements – tropical, sécheresse, polaire... « L’Australie nous fournira des renseignements sur ce qui nous attend à l’automne », observe le Dr Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec.

Quand disposera-t-on d’un vaccin pour se protéger de la COVID-19 ?

Grâce à une collaboration mondiale des chercheurs en pharmaceutique et des autorités sanitaires, « on avance beaucoup », remarque l’infectiologue Cécile Tremblay, du CHUM. Un premier vaccin devrait entreprendre ses essais en avril en Chine – il s’agit d’un vaccin développé pour le SRAS qui a été modifié pour le nouveau coronavirus. Une autre équipe a débuté des essais le 16 mars à Seattle. Le Dr Michel Chrétien, dont le médicament antiviral isoquercétine s’est déjà avéré efficace contre plusieurs virus, entreprendra prochainement des essais cliniques en Chine, a annoncé le 4 mars l’Institut de recherches cliniques de Montréal. Tout va très vite dans ce domaine, mais en général, les experts estiment qu'un vaccin ne sera pas disponible à grande échelle avant la fin de l'automne. En entrevue avec notre collègue Yves Boisvert le 18 mars, le spécialiste Gary Kobinger a expliqué que si les efforts canadiens sont soutenus, un nouveau vaccin pourrait être trouvé en moins de 12 mois.

Pour en savoir plus, consultez ce tour d’horizon des médicaments et vaccins en préparation (en date du 21 mars).

En attendant un vaccin, comment peut-on se protéger de la COVID-19 ?

De la même façon que pour se protéger de l’influenza ou de la gastro-entérite : en se lavant les mains régulièrement pendant 20 secondes, en évitant de se toucher le visage avec des mains sales, en toussant dans son coude et en évitant les contacts avec les autres si on est soi-même malade, en se tenant à une distance de deux mètres d’une personne qui présente des symptômes comme la toux ou des éternuements.

Si on souffre de symptômes de la grippe, doit-on demander automatiquement un test de la COVID-19 ?

Tout dépend de votre situation et des critères qui sont appliqués à ce moment pour les tests de dépistage. Après avoir systématiquement testé les gens symptomatiques qui revenaient de voyage ainsi que les personnes qui les avaient côtoyés, la Santé publique a modifié les critères de dépistage. À partir du 2 avril, les tests seront faits en priorité auprès des patients hospitalisés, des professionnels de la santé symptomatiques, des personnes âgées en CHSLD ou en résidence qui ont des symptômes ou qui sont exposées à une éclosion de coronavirus. Puis, toujours dans l’ordre, on accordera la priorité aux personnes symptomatiques vivant en région éloignée, isolée, ou dans une communauté autochtone. Viennent ensuite les premiers répondants, les travailleurs de la sécurité publique symptomatiques et ceux fournissant des services essentiels.

Si vous éprouvez des symptômes, vous pouvez communiquer avec le 1 877 644-4545 qui pourra vous renseigner sur le dépistage. Rendez-vous à l’urgence de l'hôpital seulement si vous souffrez de difficultés respiratoires. En attendant, suivez les consignes dans le Guide de soins publié par le gouvernement du Québec.

Si je dois me placer en isolement en raison de symptômes grippaux, quelles sont les consignes à respecter ?

Le ministère de la Santé a dressé toute une liste de consignes qui peut être consultée ici. En résumé : Restez à la maison, reportez tout rendez-vous non urgent. Mangez et dormez seul dans une pièce de la maison et utilisez une salle de bain qui vous est réservée si cela est possible. Évitez le plus possible d’être en contact avec les autres personnes de la maison. Si vous n’avez pas de masque, gardez une distance d’au moins deux mètres entre vous et les autres. Couvrez votre toux et vos éternuements. Lavez vos mains souvent. Si vous avez un animal, lavez-vous les mains avant et après l’avoir touché. Ne partagez pas vos assiettes, ustensiles, draps, vêtements. Surveillez vos symptômes, prenez votre température chaque jour. Les personnes qui s’occupent de vous ne doivent pas secouer le linge sale ou le sac dans lequel vos vêtements auront été mis. Il faut éviter le contact direct des vêtements, draps et serviettes avec notre peau et nos vêtements. Les poignées, tables de chevet, cadre de lit et autres meubles de la chambre de la personne infectée doivent être nettoyés et désinfectés au moins une fois par jour.

Comment savoir si je souffre de la grippe, du rhume, d'allergies ou de la COVID-19 ?

Il peut être difficile pour certains de distinguer la COVID-19 d’un rhume, d’une grippe ou d’un épisode d’allergies saisonnières. Les symptômes les plus communs du coronavirus sont les suivants : fièvre, toux sèche, fatigue, difficultés respiratoires, sensibilité à la gorge et maux de tête. La combinaison de plusieurs de ces symptômes pourrait indiquer une infection. Un nez qui coule et des yeux larmoyants ne sont pas des symptômes associés au coronavirus. Il faut garder en tête que la gravité des symptômes varie d’une personne à l’autre. Certains porteurs n’en présentent aucun. D’autres peuvent être atteints d’une pneumonie mortelle dans des cas plus rares, mais tout de même possibles. « La COVID-19 et la grippe sont très semblables. C’est un défi même pour nous, les médecins. La grippe vient souvent avec des douleurs musculaires, moins communes à la COVID-19 », soutient Donald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill et chercheur clinicien.

POUR EN SAVOIR PLUS

- Consultez la page «Des réponses à vos questions» mise régulièrement à jour par le gouvernement du Québec

- Consultez la portion du site du gouvernement du Canada consacré à ce sujet

- Avec la collaboration de Mayssa Ferah, La Presse

Note aux lecteurs : la situation concernant la pandémie du COVID-19 évolue constamment. Nous faisons de notre mieux pour mettre nos textes à jour au fur et à mesure que de nouvelles mesures gouvernementales et de nouvelles données scientifiques sont publiées. Si vous constatez une erreur, merci de la signaler à l’auteur du texte.