L’année qui s’amorce va offrir des défis de taille à la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Si son premier mandat a servi à asseoir sa crédibilité et à imposer la philosophie de son parti, le second devra être celui des grandes réalisations.

Elle profitera des fameux « 100 premiers jours » pour lancer d’ambitieux chantiers ou, à tout le moins, nous offrir une direction claire pour les autres. Avec un total de 250 promesses compilées lors de sa dernière campagne, son équipe et elle auront beaucoup de pain sur la planche.

« Nous avons des priorités à court terme que nous mettrons à exécution dès le début de l’année et des chantiers à long terme que nous lancerons dans la même foulée, m’a confié Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif. Une grande réflexion fiscale va précéder cela. On se rend compte, avec la pandémie, que les besoins en habitation et en transports, le soutien à l’itinérance, la lutte contre les inégalités sociales et les objectifs de transition écologique que nous nous sommes fixés ne peuvent être financés avec une assiette fiscale uniquement basée sur le foncier. Il faudra faire des alliances pour répondre à ces questions. »

Voici donc un survol des grands chantiers qui attendent la mairesse.

Diversifier les revenus

L’administration Plante a déposé son plus récent budget le 22 décembre dernier. Il sera adopté à la fin de janvier. La mairesse avait promis de ne pas hausser les taxes foncières au-delà de 2 %. Elle respecte son engagement. Plusieurs grandes promesses de son programme doivent être financées avec de l’argent qu’elle espère aller puiser grâce à de nouvelles sources de revenus. Où ira-t-elle chercher ces millions ? Un grand exercice de diversification des revenus doit avoir lieu au cours des prochains mois. On étudiera toutes les avenues possibles : mesures d’écofiscalité, taxe sur les investissements immobiliers résidentiels étrangers, taxe sur l’affichage, taxe sur les stationnements commerciaux extérieurs, etc. On devrait aussi tenter de freiner la spéculation immobilière en créant une série de mesures fiscales.

Lutter contre la violence

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Opération policière dans le Vieux-Montréal à la suite d’une fusillade, le 31 mai dernier

La question de la violence et de la sécurité publique est devenue une grande préoccupation au cours des derniers mois à Montréal. L’administration Plante répète inlassablement qu’il faut agir sur trois fronts : un meilleur contrôle des armes à feu, la lutte contre les gangs de rue et l’adoption d’un programme pour éliminer les inégalités sociales, particulièrement dans les quartiers où l’on trouve moins d’infrastructures. Ce problème ne se réglera pas en quelques mois. Cela prendra du temps et la collaboration de tous les ordres de gouvernement. Mais surtout, la mairesse devra faire preuve d’un solide leadership dans ce dossier et rebâtir la confiance qui a été ébranlée lorsque nous avons appris que l’embauche de 250 policiers promise durant la campagne servirait finalement à combler les départs à la retraite.

Créer des logements

Valérie Plante a promis 60 000 nouveaux logements abordables sur 10 ans. Pour cela, elle dégagera un budget de 800 millions. Elle pourra aussi compter sur la collaboration des promoteurs qui sont soumis au Règlement pour une métropole mixte, communément appelé le 20-20-20. De leur côté, les promoteurs devront obtenir l’aide de Québec et d’Ottawa pour atteindre leurs objectifs. Sachant que l’administration Plante a eu du mal à atteindre son objectif de 12 000 logements sociaux, abordables et familiaux lors de son premier mandat, tous les regards seront braqués sur cet important chantier.

Combattre l’itinérance

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’itinérance est un enjeu criant dans la métropole.

Le problème de l’itinérance ne cesse de croître à Montréal. La pandémie l’a accentué. On observe une augmentation de 70 % du nombre de personnes en situation d’itinérance dans la métropole. Depuis deux ans, la plupart des actions sont prises dans l’urgence et sont conçues pour être temporaires. Le nombre de refuges, le contrôle des campements, le manque de logements et de ressources, les ravages des drogues et de l’alcool… On a l’impression qu’on ne sait plus par quel bout s’emparer de cet enjeu majeur. De nouveaux fonds provenant de Québec et un plan intégré à long terme récemment créé par un groupe d’organismes pourraient changer les choses. Projet Montréal, parti de la lutte contre les inégalités sociales, ne peut se permettre d’échouer dans ce domaine.

Relancer le centre-ville

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Les locaux commerciaux vacants se multiplient au centre-ville de Montréal.

Alors qu’on s’apprête à mettre un point final aux travaux de transformation de la « nouvelle » rue Sainte-Catherine, la pandémie continue de sévir et d’empêcher un nombre important de travailleurs de fréquenter le centre-ville au quotidien. Il ne faut pas oublier que le cœur de la métropole est un écosystème fait de plusieurs composantes. Il y a ceux qui y travaillent, qui y vivent et qui y magasinent. Comment rassembler tous ces citoyens dans un contexte de pandémie, de défis économiques et commerciaux ? C’est l’immense tâche à laquelle devra s’atteler l’administration municipale au cours des prochaines années.

Scruter le projet du REM de l’Est

Depuis que les Montréalais découvrent le résultat final de la phase 1 du REM, de grandes inquiétudes entourent le projet du REM de l’Est, d’autant qu’un tronçon doit traverser le centre-ville de la métropole. Le comité d’experts chargé de voir à l’intégration urbaine du REM doit remettre son rapport (très attendu) au cours du premier trimestre de 2022. Il ne fait aucun doute que Valérie Plante jouera un rôle capital dans les décisions qui seront prises. Son administration a pris l’engagement de marier le secteur du transport à celui de l’urbanisme. Cela devra aussi s’appliquer au projet de prolongement de la ligne bleue et au futur tronçon de la ligne rose qui ira vers l’ouest, en direction de Lachine.

Assurer un bon développement de la ville

Valérie Plante l’a dit et répété : elle n’injectera aucun argent public dans le projet de stade de baseball d’un groupe de promoteurs. Pour elle, ce qui compte, c’est de voir la façon dont ceux-ci aménageront le secteur qui est convoité et qui donne sur le bassin Peel. D’ailleurs, tout le développement du secteur Bridge-Bonaventure, situé dans les arrondissements du Sud-Ouest et de Ville-Marie, devra faire l’objet d’une attention soutenue en s’appuyant sur un plan directeur à toute épreuve. Quant à la revitalisation de l’est de Montréal, il s’agit du projet d’une génération, mais qui a déjà besoin d’un accompagnement vigilant. Et créatif.