La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

En français, l’adjectif inapproprié a le sens d’inadéquat, d’inadapté, d’inexact, d’impropre. On peut donc écrire correctement qu’un mot est inapproprié (pour désigner une impropriété de langage). Une solution inappropriée, du matériel inapproprié, des médicaments inappropriés à leur usage.

Mais cet adjectif n’a pas en français le sens d’inopportun, de ce qui est contraire aux usages, de ce qui ne se fait pas. Employer inapproprié en ce sens est donc inapproprié. On écrira plutôt que quelqu’un a des manières incorrectes, qu’il a tenu des propos déplacés. Bill Clinton a admis en 1998 avoir eu une relation inconvenante avec Monica Lewinsky. En 1998, Clinton reconnaît une relation déplacée, mais parvient à rester à la Maison-Blanche.

Demande, requête inopportune, malvenue. Une ingérence flagrante et inopportune. Dénoncer un comportement déplacé. Se montrer incorrect. Tenir des propos inacceptables, inconvenants.

Depuis quelque temps, on emploie davantage le terme inconduite sexuelle. Selon la définition des directives et ordonnances administratives du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, le terme inconduite sexuelle désigne « un comportement à caractère sexuel qui cause ou pourrait causer des préjudices à d’autres personnes, et dont la personne savait ou aurait dû raisonnablement savoir qu’un tel comportement pourrait être préjudiciable ». Sont notamment inclus dans cette définition des actes ou des mots qui dévalorisent les autres en fonction de leur sexe, de leur sexualité, de leur orientation sexuelle, ou de leur identité ou expression de genre ; des blagues à caractère sexuel, des commentaires sexuels, des avances à caractère sexuel et du harcèlement à caractère sexuel.

Si certains voient là un glissement sémantique, qu’ils désapprouvent, on doit bien comprendre que les médias ne peuvent pas employer le terme agression sexuelle lorsqu’il est par exemple question d’une personne dont le comportement est dénoncé, mais qui n’a pas (encore) été accusée d’une infraction criminelle.

Selon le contexte, les adjectifs choquant, grossier, immoral, inqualifiable, obscène, répugnant ou scandaleux, par exemple, peuvent aussi être employés. Attitude inadmissible. Conduite inqualifiable, indigne. Comportement abject.

Courrier

Pourquoi écrit-on mines antipersonnel  ?

D’où vient que l’on n’accorde pas le qualificatif antipersonnel avec le nom mines ? En d’autres termes, pourquoi n’écrivons-nous pas mines antipersonnelles ?

Réponse

« La composante personnel est un substantif et non un adjectif, car à l’origine, il s’agissait de mines dirigées contre “le personnel” militaire », indique l’outil Clés de la rédaction du Bureau de la traduction du gouvernement du Canada.

Dans le langage militaire, indique Le Petit Robert de la langue française, antipersonnel « se dit des armes et engins employés contre les personnes, et non contre le matériel ». Mines antipersonnel et mines antichars. Les mines antipersonnel sont des engins conçus pour exploser en présence, à proximité ou au contact d’une personne. Loi de mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.

L’adjectif antipersonnel est considéré comme invariable par la plupart des ouvrages de référence. Les rectifications orthographiques admettent une mine antipersonnelle, des mines antipersonnelles.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.