La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

C’est déjà le deuxième dimanche de l’avent, cette « période liturgique chrétienne qui commence le quatrième dimanche précédant la fête de Noël et durant laquelle on se prépare à la venue du Christ », selon la définition du Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française (OQLF).

Parce que cette période précède Noël, on a souvent tendance à écrire l’avant plutôt que l’avent, ce qui est compréhensible puisque le nom avent est assez peu utilisé.

Il vient du latin adventus qui signifie « arrivée, venue (de Jésus-Christ) » et est de la même famille étymologique que les verbes venir et advenir et que le nom avènement – mais avant ne fait pas partie de cette famille. Il est né le divin enfant / Chantons tous son avènement.

On voit souvent ce nom écrit avec un A majuscule, l’Avent, mais au journal, on préfère la minuscule, comme l’OQLF, le Robert ou Antidote, qui explique : « Comme c’est toute une période qui est désignée par le mot avent et non pas un jour de fête unique, il est recommandé de l’écrire avec une minuscule, comme pour le nom du carême ou du ramadan. » Offrir un calendrier de l’avent à ses enfants. Les quatre dimanches de l’avent.

Il est important de respecter les règles d’orthotypographie en ce qui concerne notamment l’emploi de la minuscule et de la majuscule. On distingue ainsi la confession chrétienne, l’Église catholique, de l’édifice. Le chœur d’une église.

Il en est de même pour islam et Islam. Le nom de la religion s’écrit avec une minuscule, comme on écrit le bouddhisme, le catholicisme, l’hindouisme ou le judaïsme. Les cinq piliers de l’islam. Mais un I majuscule désigne « l’ensemble des peuples qui professent cette religion et la civilisation qui les caractérise ». Les pays de l’Islam.

Les noms des fidèles d’une religion ne prennent pas non plus de majuscule. Les bouddhistes, les catholiques, les hindous, les juifs, les musulmans. Mais on met un J majuscule à Juif s’il est question du peuple. Persécutions subies par les Juifs. Il est aussi d’usage de mettre une majuscule initiale au mot Musulman s’il désigne un peuple. Les Musulmans de Bosnie.

Courrier

Au final

Des communicateurs de talent se sont mis à dire « au final ». Ça vient de nulle part et c’est très laid. Quand cette tournure passera-t-elle de mode ?

Réponse

L’expression « au final » semble en train de supplanter les synonymes, nombreux, à la fin, à tout prendre, après tout, au bout du compte, au total, bref, décidément, en définitive, en dernier lieu, en dernier ressort, en dernière analyse, en fin de compte, en résumé, en substance, enfin, finalement, pour finir, somme toute, tout bien considéré, tout bien soupesé, tout compte fait.

Sans doute est-ce un tic de langage, une coquetterie, que l’on adopte pour suivre une mode, peut-être même machinalement, et qui mène en fait à un appauvrissement du vocabulaire. Car comme le fait remarquer le champion d’orthographe Bruno Dewaele, cette expression (qui figure désormais dans le Petit Robert, mais reste critiquée) ne comble aucun besoin et n’est pas « correctement formée sur le plan syntaxique ».

Rien ne la justifie non plus pour l’Académie française, qui considère toujours cette construction comme grammaticalement fautive parce que final, en français, est un adjectif et non un substantif. Selon les sources consultées, les explications qui renvoient au finale de la musique ou à la finale sportive sont sans fondement. Selon Jean-Pierre Colignon, ancien chef-correcteur du Monde, il s’agit tout simplement d’un « barbarisme », d’une « tournure inacceptable ».

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.