La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Le mois des morts n’est toujours pas terminé.

La mort reste un sujet tabou et on peut se montrer réticent à en parler. Mais dans un journal, on la côtoie quotidiennement.

On se demande ainsi parfois ce qui distingue les adjectifs funèbre et funéraire, qui ont des sens voisins, mais ne s’emploient pas toujours indifféremment. Selon le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française, l’adjectif funèbre « qualifie plutôt ce qui concerne l’apparat, les formes extérieures des cérémonies d’obsèques » : veillée, marche, éloge, oraison funèbre, (service des) pompes funèbres.

L’adjectif funéraire « s’applique davantage aux objets utilisés dans le rituel mortuaire, notamment ceux qui sont liés à l’ensevelissement ou à la crémation » : caveau, pierre, urne funéraire (l’adjectif cinéraire s’emploie aussi en ce sens), bûcher funéraire.

On emploie également l’adjectif mortuaire, pour ce qui concerne les formalités, les cérémonies en l’honneur de ceux qui sont morts. Cérémonie mortuaire. Chapelle, chambre, drap mortuaire. Couronne mortuaire (ou funéraire).

On verra cependant que les nuances varient selon les ouvrages que l’on consulte. C’est également le cas pour les noms, féminins, funérailles et obsèques, qui s’emploient tous deux uniquement au pluriel. Le nom funérailles désignerait une cérémonie solennelle, tandis que le nom obsèques serait plus général. Mais, comme le souligne le Multidictionnaire de la langue française, cette distinction n’est pas toujours observée.

Dans le Robert, on trouve les termes funérailles nationales et obsèques nationales. Le chef de l’État assistera aux obsèques des victimes de l’attentat. Le nom enterrement s’emploie aussi au sens de funérailles. Enterrement religieux, civil.

Au Québec, on emploie couramment les termes salon mortuaire ou salon funéraire comme synonymes d’entreprise de pompes funèbres ou de services funéraires. L’expression salon funéraire, calquée sur l’anglais, est passée dans l’usage québécois, précise le Multidictionnaire. On voit aussi le mot funérarium.

L’adjectif mortel signifie à la fois « sujet à la mort » — tous les hommes sont mortels – et « qui cause la mort, entraîne la mort » : maladie, blessure, dose mortelle, coup mortel. On emploie aussi mortifère en ce sens. Venin mortifère.

Par exagération, on parlera également d’un silence mortel, d’une œuvre qui est d’un ennui mortel.

Courrier

Peut-on dire « ma médecin » ?

Selon moi, le mot médecin est exclusivement masculin. Il n’y a pas d’équivalent féminin. On peut dire la docteure une telle, mais pas ma médecin. Est-ce une nouvelle tendance qui deviendra la norme ? Y a-t-il d’autres termes ?

Réponse

Le nom médecin est une appellation épicène ; sa forme ne varie pas selon le genre. Il est féminin ou masculin. On écrit la médecin, le médecin, une médecin, un médecin, comme on le fait pour les noms architecte, diplomate, journaliste, ministre et pilote ou, pour rester dans le domaine de la médecine, les noms dentiste, gériatre, gynécologue, oncologue, ophtalmologiste (ou ophtalmologue), pédiatre, etc.

Le féminin est peut-être moins employé en Europe (le Québec ayant été un précurseur quant à la féminisation des titres), mais on le trouve dans les dictionnaires Larousse et Robert : elle est médecin scolaire, elle est médecin de campagne.

Les noms docteur et médecin ne sont pas exactement synonymes. Le nom docteur est un titre ; le nom médecin désigne une profession. On écrira donc il y a beaucoup de médecins dans la salle (et non « beaucoup de docteurs »). Aller chez le médecin (et non « au docteur », « chez le docteur »). On emploie le nom docteur lorsque l’on s’adresse à son médecin, par exemple. Le terme s’écrit alors avec une majuscule initiale. Bonjour, Docteur. Croyez-vous, Docteur, que j’aurai les résultats avant la fin du mois ?

On n’emploie plus la forme féminine doctoresse pour désigner une femme docteure en médecine. Elle est vieillie.

L’Office québécois de la langue française déconseille l’emploi du terme femme médecin. « Le procédé de formation qui consiste à ajouter le nom femme à une appellation au masculin, comme femme médecin, développe une série d’appellations qui empêche l’emploi des appellations épicènes existantes comme médecin (un médecin, une médecin). »

Cela dit, la féminisation des titres reste une affaire de choix personnel. Libre à vous de vous en tenir au masculin…

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.