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Même si cette refonte, mise en place le 1er juillet, était prévue de longue date, il y a beaucoup de cafouillage : se procurer un titre en utilisant la carte OPUS devient kafkaïen, les distributeurs ne reconnaissent pas la carte précédente, obtenir des informations de l’ARTM est à peu près impossible […] On fait tout pour nous éloigner du transport en commun ?

Roger Vaillancourt

Vous êtes loin d’être le seul à pester contre la refonte de l’ARTM. Avec son nouveau titre à 5,25 $ pour prendre le métro à Laval ou à Longueuil, ce qui en fait le billet de métro le plus cher en Amérique du Nord, disons que l’ARTM s’est attiré plusieurs critiques.

Ce grand ménage était toutefois nécessaire. Il y avait beaucoup trop de titres : 750 répartis sur 8 zones dans 17 grilles tarifaires différentes. Avec la refonte, on a ramené le nombre de zones à quatre à l’intérieur d’une seule grille tarifaire.

« Le changement se passe bien », nous assure Simon Charbonneau, porte-parole de l’ARTM, même s’il reconnaît que l’Autorité et ses partenaires opérateurs « doivent composer avec une plateforme technologique historique, qui induit des défis pour une partie de la clientèle ».

Preuve que la transition ne se fait pas sans heurts, « des autocollants explicatifs additionnels sont en cours d’installation sur les différents équipements de vente », nous précise M. Charbonneau qui ajoute que l’ARTM travaille avec les opérateurs afin d’améliorer la fluidité aux comptoirs de vente. À noter que les anciens titres sont toujours valides et qu’ils peuvent être utilisés aux mêmes conditions qu’avant le 1er juillet.

Cette refonte irrite toutefois les usagers de Longueuil et de Laval. On peut même parler d’une situation inéquitable.

Comme nous l’écrivions plus haut, il en coûte désormais 5,25 $ pour prendre le métro à la station Longueuil–Université-de-Sherbrooke, sur la ligne jaune, ou à Montmorency, sur la ligne orange. C’est que ces deux stations, ainsi que les stations Cartier et de la Concorde, à Laval, se trouvent désormais en zone AB, alors que le reste des stations de métro se trouvent en zone A. Il faut donc un billet AB, plus cher de 1,75 $ que le billet de zone A.

La bonne nouvelle, car il y en a une, c’est que le billet AB permet aussi la correspondance avec tous les bus dans un intervalle de 120 minutes. Toutefois, si l’usager achète des titres à l’unité, il doit se munir d’une seconde carte, car la carte Opus n’accepte pas des titres de deux zones différentes. Quand on pense que dans certaines villes, on peut payer avec son téléphone cellulaire...

Et peut-être l’ignoriez-vous, mais on doit débourser 5,25 $ dans les deux directions.

Vous partez de Montréal pour assister à un cours au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke, ou à un concert à la Place Bell, à Laval ? Vous devez vous procurer un billet de zone AB à 5,25 $. Même chose si vous embarquez à la station Henri-Bourassa pour débarquer une station plus loin, à Cartier.

On fait toutefois appel à votre bonne foi puisqu’aucune validation de billet n’est prévue. Et aucun signe visuel n’avertit l’usager qu’il change de zone. Mais sachez que si vous vous faites prendre lors d’une vérification et que vous n’avez pas le bon billet, vous pourriez recevoir une contravention salée (150 $ ou plus).

Un groupe d’opposition s’est constitué sur la Rive-Sud pour dénoncer la nouvelle tarification. La semaine dernière, sa pétition avait amassé près de 9000 signatures.

Alors que de plus en plus de villes dans le monde envisagent la gratuité des transports collectifs pour lutter contre les changements climatiques, et alors qu’on souhaite encourager les gens à laisser leur auto lorsqu’ils viennent de la banlieue vers Montréal, ce 5,25 $ passe mal.

Plusieurs usagers se demandent pourquoi ils seraient les seuls à ramasser la facture. Rappelons qu’ils contribuent pour environ 27 % du financement des transports collectifs dans la grande région de Montréal comparativement à un maigre 4 % pour les automobilistes qui profitent, eux aussi, de la fréquentation des transports collectifs.

Dans ce contexte, le passage à 5,25 $ se justifie difficilement.