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Le fleuve n’est-il pas trop pollué pour penser faire une plage au Vieux-Port de Montréal ? Et qu’en est-il du bassin d’eau pour la baignade de Québec inauguré cette semaine ?

Jocelyne Lambert, Brossard

Parmi la collection de vieilles photos conservées dans les archives de La Presse, il y a celles-ci qui nous font particulièrement rêver : des images de baignade à la fin des années 1930, au pied du pont Jacques-Cartier.

  • Une photo prise le 3 juillet 1936, à la plage de l’île Sainte-Hélène, près du pont Jacques-Cartier. La légende originale la décrit ainsi : « Une bande de jeunes Montréalais qui, hier après-midi, oublièrent pour quelques heures le pavé brûlant. »

    PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

    Une photo prise le 3 juillet 1936, à la plage de l’île Sainte-Hélène, près du pont Jacques-Cartier. La légende originale la décrit ainsi : « Une bande de jeunes Montréalais qui, hier après-midi, oublièrent pour quelques heures le pavé brûlant. »

  • Le quadruple tremplin qu’on voit sur cette photo prise en juillet 1936, sous le pont Jacques-Cartier, aurait été démoli au début des années 1950.

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    Le quadruple tremplin qu’on voit sur cette photo prise en juillet 1936, sous le pont Jacques-Cartier, aurait été démoli au début des années 1950.

  • La plage de l’île Sainte-Hélène, à la fin des années 1930

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    La plage de l’île Sainte-Hélène, à la fin des années 1930

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La plage de l’île Sainte-Hélène, en face du Vieux-Port, a accueilli les baigneurs pendant 30 ans. Aujourd’hui, le grand stationnement bétonné de La Ronde peut s’enorgueillir d’offrir aux automobilistes l’un des plus beaux panoramas en ville…

Mais on s’égare. Le fleuve est-il trop pollué à cet endroit pour y aménager une plage ? Réponse courte : non. Si on ne se baigne pas dans le fleuve près du Vieux-Port, c’est surtout par manque d’aménagements sécuritaires.

Pour mesurer la qualité de l’eau pour la baignade, on vérifie le taux de coliformes fécaux – la présence de la bactérie E. coli est un indicateur que des bactéries pathogènes contaminent l’eau. Ces coliformes fécaux proviennent des rejets d’eaux usées. L’exposition à un taux trop élevé de coliformes fécaux augmente le risque de gastroentérite.

La présence d’autres polluants dans l’eau du fleuve (métaux lourds, pesticides, fientes d’oiseaux, etc.) n’est pas un obstacle à la baignade à Montréal – leur concentration est trop faible pour mettre en danger les baigneurs. Les navires, vraquiers et autres porte-conteneurs qui circulent sur le fleuve ne polluent pas tant l’eau en raison de leurs rejets, mais surtout parce que les vagues qu’ils entraînent érodent les berges.

Donc, qu’en est-il du taux d’E. coli dans l’eau du fleuve à Montréal ? Il est très bas. « La qualité de l’eau est excellente, 90 % du temps », dit André Bélanger, de la Fondation Rivières. « C’est le résultat des travaux d’assainissement des eaux municipales qu’on a faits dans les années 1980 et 1990. » La qualité de l’eau baisse dans les heures qui suivent une grosse pluie parce que le trop-plein des égouts est rejeté dans le fleuve. « Mais 24 heures après la pluie, tout est revenu à la normale », dit M. Bélanger. Et pour cause : avec un débit de 10 000 m⁠3 à la seconde, le surplus d’E. coli est rapidement dilué.

Et c’est aussi en raison de ce fort courant qu’il est difficile d’aménager des plages dans la région montréalaise. À Verdun, une digue a dû être construite pour qu’on puisse s’y baigner en sécurité. Ailleurs, des marinas occupent déjà des sites où le courant est plus faible. La Société du Vieux-Port de Montréal, quant à elle, estime qu’il est trop dangereux d’installer un bain portuaire dans le secteur en raison de la circulation des navires de croisière.

Cela n’a pas empêché le Vieux-Port de Québec de trouver un endroit sécuritaire pour aménager un tel bain, comme vous le soulignez.

Mais la Fondation Rivières, comme tous ceux qui l’appuient dans sa campagne pour accéder aux berges montréalaises, ne désespère pas. « J’ai bon espoir qu’on va y arriver, dit André Bélanger. L’Histoire va en ce sens. »