La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

En ce moment, au Québec, c’est une femme, MJulie Baillargeon-Lavergne, qui est curatrice publique et qui se trouve donc à la tête de l’institution que l’on appelle le Curateur public.

C’est une femme, Guylaine Leclerc, qui est vérificatrice générale et qui dirige l’institution que l’on appelle le Vérificateur général du Québec. C’est également une femme, Karen Hogan, qui est vérificatrice générale du Canada et qui est aux commandes du Bureau du vérificateur général du Canada. Le Bureau de l’inspecteur général (BIG) est lui aussi dirigé par une femme, Brigitte Bishop, qui est inspectrice générale de la Ville de Montréal. Joanne Castonguay est la commissaire à la santé et au bien-être du gouvernement du Québec ; sur le site, on lit « Voici l’équipe du Commissaire à la santé et au bien-être ».

Pourquoi employer le masculin quand une femme occupe un tel poste ? C’est que l’on distingue l’organisme – dont on respecte l’appellation officielle – et la fonction, qui s’écrit sans majuscule initiale, comme tous les titres de fonction.

En procédant ainsi, on respecte simplement une règle. « Même si la rédaction épicène est privilégiée dans plusieurs contextes d’écriture, l’introduction des variantes féminines n’est pas toujours appropriée », signale la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française.

« Ainsi, on reproduira fidèlement, sans les féminiser ou les rendre neutres, les appellations officielles de ministères ou d’organismes formulées au masculin, par exemple : le Bureau du coroner, le Curateur public du Québec, le Contrôleur des finances, le Directeur de l’état civil, le Protecteur du citoyen, le Vérificateur général du Québec, l’Office de la protection du consommateur, etc. Il revient aux ministères et organismes d’établir leur appellation officielle et d’en assurer la féminisation, ou d’opter pour une formulation neutre (notamment par l’emploi de noms collectifs ou de tournures épicènes). »

La majuscule s’emploie donc lorsqu’il est question de l’organisme. S’il s’agit de la personne, c’est la minuscule qui est de mise. On écrit par exemple : Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) autorise et dirige les poursuites criminelles et pénales au nom de l’État québécois. MPatrick Michel est directeur des poursuites criminelles et pénales depuis le 23 avril 2021.

Courrier

Pourquoi « se » féliciter ?

Une personne constatant une amélioration espérée dans un sujet dit qu’elle « se » félicite de telle amélioration, même si elle n’y est pour rien. N’y a-t-il pas une forme de phrase plus pertinente comme « elle constate cette amélioration et s’en réjouit » ?

Réponse

On pourrait remplacer se féliciter par se réjouir dans cette phrase, mais ce n’est pas nécessaire. Ce sont des synonymes. Le verbe se féliciter a ici le sens de « s’estimer heureux, se réjouir d’un évènement dont on n’est pas soi-même directement responsable ». Nous nous félicitons de l’heureuse issue de cette affaire.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.