La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

L’impératif peut nous créer une quantité étonnante de problèmes, particulièrement à l’écrit. On doit écrire sache, entends, donnez-m’en, laisse-la-lui, laisse-la lui parler, penses-y bien, va, vas-y, va-t’en, allons-nous-en, etc.

On ne sait pas toujours dans quel ordre mettre les pronoms qui suivent un verbe à l’impératif. Ce mode, rappelons-le, est celui de l’ordre (et du conseil, du souhait, du désir, etc.), et ne se conjugue qu’à la deuxième personne du singulier et aux deux premières personnes du pluriel (dis, disons, dites, et non « disez »).

On écrit par exemple donne-le-nous, donnez-la-lui, donne-le-leur. Concrètement, on dit d’abord ce qui doit être donné (désigné par le ou par la), avant de préciser à qui. Il y a deux traits d’union.

L’usage populaire fait dire « donne-moi-le », « rends-nous-les ». On évite ces tournures fautives à l’écrit, qui doit être plus soigné que l’oral.

Quand une phrase est à la forme négative, l’ordre des pronoms s’inverse. Les traits d’union disparaissent. Ne me le dis pas (et non « dis-moi-le pas »). Pour s’en souvenir, on peut penser à la phrase avec le sujet : (Tu) ne me le dis pas. On enlève le sujet, tu, et l’ordre des mots reste le même : Ne me le dis pas. Ne nous le donne pas. Ne me l’enlevez pas. Ne te le fais pas redire.

Une exception complique encore un peu les choses, toujours dans une phrase négative. L’ordre est différent si on emploie les pronoms lui et leur. Ne le lui donne pas. Ne le lui offrez pas. Ne les leur rends pas. Ne le lui rends pas. Ne le leur cachez pas. Ne la lui laissez pas voir.

Il y a aussi une difficulté supplémentaire avec la construction se le tenir pour dit. Selon Jean Girodet, auteur de Pièges et difficultés de la langue française, chez Bordas, l’ordre des pronoms n’est pas le même au singulier et au pluriel. On écrit donc : Tiens-le-toi pour dit, mais Tenez-vous-le pour dit. Avec des traits d’union, bien qu’on le trouve autrement ailleurs.

On peut toujours contourner la difficulté et plutôt s’écrier : Qu’on se le tienne pour dit !

Courrier

Le mot entièreté

J’aimerais savoir si l’utilisation du mot entièreté, qui est de plus en plus répandue, est correcte.

Réponse

Le mot entièreté est un synonyme de totalité ou d’intégralité. L’entièreté d’un manuscrit. Il est surtout employé en Belgique et au Luxembourg, soulignent les dictionnaires Robert et Larousse. On pourrait évidemment ajouter : et au Québec. Ce n’est pas un mot récent. Selon le Robert, il était sorti de l’usage au XVIIsiècle et a été repris au XXsiècle. On emploie aussi « dans son entièreté » pour signifier au grand complet, entièrement. Le problème doit être considéré dans son entièreté.

Le nom entièreté signifie également « le fait d’être entier » pour une personne, c’est-à-dire quelqu’un qui « n’admet aucune restriction, aucune demi-mesure ». Le dictionnaire renvoie aux synonymes catégorique, obstiné ou têtu, par exemple. Avoir un caractère entier. L’entièreté de son caractère n’était pas appréciée de tous.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.