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Les situations démontrant qu’on a des services fortement inefficaces et désorganisés sous la responsabilité du gouvernement fédéral se multiplient depuis quelques semaines. On peut penser aux délais absurdes pour avoir un passeport, au service minable aux aéroports… Je suis fatigué de continuer à accepter ça, sans que personne ne doive jamais rendre des comptes.

Mariano Tucci

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement fédéral est toujours en retard d’un coup en matière de transport.

Au départ, on l’a accusé de ne pas avoir fermé les frontières assez vite aux touristes étrangers, puis d’avoir laissé les Canadiens partir dans le Sud à Noël. Maintenant que la pandémie se dissipe, Ottawa tarde à lever les mesures sanitaires, alors que toutes les provinces ont éliminé la grande majorité de leurs restrictions.

Chat échaudé craint l’eau froide.

Pendant ce temps, ça refoule dans les aéroports. Les passagers restent coincés sur le tarmac ou font la file pendant des heures à la douane. Tout ça, alors qu’on est dans une période creuse. Dans un mois, on sera en pleine saison estivale. Les Canadiens ont repris goût au voyage. Et ça ne sera pas reposant si rien ne change.

Le port du masque ne pose pas d’inconvénients majeurs et devrait rester obligatoire, comme c’est d’ailleurs le cas dans les transports collectifs au Québec.

Mais les voyageurs se questionnent sur la réelle utilité d’autres mesures, comme ArriveCAN. Ce formulaire à remplir sur le téléphone ajoute une couche de bureaucratie et alourdit le protocole à la douane, où il manque de personnel.

L’information récoltée permet d’évaluer le niveau de risque des passagers et de déterminer s’ils auront un test aléatoire à faire, explique une source gouvernementale. À tout le moins, on devrait créer des files séparées pour éviter que les gens qui n’ont pas rempli leur formulaire ralentissent ceux qui ont fait leurs devoirs.

Mais on peut aussi se demander : pourquoi maintenir ces tests aléatoires ?

Réponse du gouvernement : la quasi-totalité des voyageurs sélectionnés au hasard se fait remettre une trousse de test pour réaliser le test à la maison et non à l’aéroport. Sauf exception, seuls les non-vaccinés se font encore tester sur place. Et comme ils sont peu nombreux, l’effet sur les délais à l’aéroport est minime.

D’accord, mais ces tests aléatoires imposent quand même un stress à l’ensemble des voyageurs. Et ils paraissent bien anachroniques puisque le dépistage a disparu partout à l’intérieur du pays depuis le temps des Fêtes.

Idem pour le passeport vaccinal qui est toujours de rigueur dans l’avion ou le train, même si les provinces l’ont abandonné.

Nous avons été parmi les premiers à plaider en faveur du passeport vaccinal qui a été un bel outil. Mais aujourd’hui, quel est son but au juste ?

Encourager les gens à se faire vacciner ?

Oui, au début. Mais désormais, la proportion des Canadiens qui ont reçu au moins une dose du vaccin contre la COVID-19 atteint 87 %. Et elle a fort peu augmenté depuis le début de l’année, signe que les récalcitrants ne changeront pas d’idée.

Prévenir la contamination ?

Ce n’est pas logique, car pendant ce temps, on corde jusqu’à 21 000 spectateurs dans les gradins du Centre Bell, sans passeport ni masque.

Et de toute façon, le passeport à deux doses n’est plus une panacée. L’automne dernier, deux doses du vaccin protégeaient à 90 % contre le variant Delta. Mais avec les nouveaux variants, les mêmes deux doses n’offrent plus qu’une protection de 15 % contre les infections, même si elles demeurent cruciales pour réduire les risques d’hospitalisation.

À moins qu’Ottawa fasse passer le passeport à trois doses, son utilisation devient donc difficile à justifier.

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