La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

La saison des ouragans a débuté officiellement le 1er juin. Les ouragans les plus dévastateurs sont baptisés pour faciliter les communications. Dans un texte, on écrit les noms en italique, notamment pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une personne. « Le Texas dévasté par Harvey. » On accorde la phrase au masculin même dans le cas d’un prénom féminin, puisque le nom ouragan est sous-entendu. « Ida s’est transformé en tempête tropicale et a poursuivi sa trajectoire vers le Mississippi. »

Les noms ouragan, typhon et cyclone (qui s’écrit sans accent circonflexe, contrairement à pylône, même si les deux mots se prononcent de la même manière) sont des synonymes, qu’on n’emploie cependant pas indifféremment, mais plutôt selon l’endroit où la tempête se produit. « Katrina est l’un des ouragans les plus puissants de l’histoire des États-Unis. » « Le typhon Rai a causé la mort de 208 personnes aux Philippines. » « Le cyclone Harold s’est abattu sur les îles Fidji après avoir dévasté les îles Salomon et Vanuatu. »

En anglais, on appelle « act of God » l’évènement « attribuable à des phénomènes naturels incontrôlables et destructeurs (tremblement de terre, inondation, ouragan, etc.), que les contrats d’assurance ne couvrent généralement pas ». On évitera en français le calque « acte de Dieu », lui préférant les termes catastrophe naturelle, cas ou évènement fortuit ou (cas de) force majeure. Les termes cataclysme, désastre ou fléau peuvent aussi être employés, selon le contexte. Pays touché par un cataclysme. Les fléaux de la nature que sont les avalanches, les inondations et les raz-de-marée.

L’expression dans l’œil du cyclone est souvent employée à contresens, si bien que lorsqu’on la lit, on ne sait plus très bien ce qu’elle est censée signifier. L’œil du cyclone est en fait une zone de calme au centre du tourbillon. Mais l’expression est plutôt employée aujourd’hui pour signifier « en pleine tempête ». Pour être compris, on devrait peut-être l’éviter. On pourra écrire d’une personne qu’elle vit une période d’accalmie ou, inversement, qu’elle se trouve au cœur de la tempête ou plongée en pleine tourmente.

Cabaret ou plateau ?

Au travail, nous servons plusieurs repas tous les jours. Nous utilisons le mot cabaret pour désigner ce que j’appelle le plateau, pour y mettre le repas. Il y a aussi le cabaret d’urgence, le cabaret à pansements… Ces mots sont-ils appropriés ?

Réponse

Au Québec, on emploie encore couramment le nom cabaret au sens de plateau. Si on utilise ce mot, on se fera encore souvent comprendre. Mais le Multidictionnaire de la langue française souligne qu’il s’agit d’une impropriété. On l’évitera donc à l’écrit. D’autres sources soulignent que l’emploi de cabaret, pour désigner un « plateau ou [une] table utilisé pour servir le café, le thé, des liqueurs » est vieilli (ce qui ne signifie pas nécessairement que plus personne ne l’emploie). Dans le dictionnaire Littré, on trouve la citation suivante, de Saint-Simon (il est mort en 1755, mais la première édition complète de ses Mémoires date de 1830) : On était auprès de plusieurs cabarets de thé et de café ; en prenait qui voulait.

On pourra préférer le nom plateau, qui est également très fréquemment employé – et compris – au Québec. Servir le petit-déjeuner, le café sur un plateau. Distribution des plateaux-repas en avion, à l’hôpital. Plateau de service, de cafétéria. Plateaux de chirurgien, de dentiste (pour poser les instruments). Plateaux stériles pour les instruments médicaux et chirurgicaux.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.